"S'il y a bien un signe que nous sommes sur la bonne voie, c'est quand Israël panique."
Au risque de mettre la charrue avant les boeufs, [on peut dire que] le climat interne en Palestine n'a jamais été meilleur. Les gestes d'unité, les poignées de mains fraternelles et les paroles conciliantes venant de dirigeants qui il y a peu s'activaient à accuser l'autre partie de faire capoter les pourparlers sur l'unité, sont des signes encourageants : peut-être les Palestiniens vont-ils finalement s'unir. On peut ajouter que le moment est bien choisi pour ces nobles gestes. Alors que l'unité palestinienne s'était effacée derrière les événements de la dernière guerre contre Gaza, le présent offre l'occasion de manifester noblement solidarité et tolérance.
Dans les prochaines semaines, on célébrera les anniversaires marquant la création du Hamas et du Fatah. L'Autorité palestinienne (ANP) en Cisjordanie, tout comme le Hamas à Gaza, a donné la permission aux Palestiniens de marquer les dates respectives. C'est la première fois depuis la rupture que le Hamas autorise le Fatah à organiser sa fête pour l'anniversaire du mouvement, qui tombe le premier janvier. Même chose pour l'ANP qui autorise le Hamas à faire une fête marquant la naissance du mouvement, à Naplouse le 13 décembre.
Le Hamas semble même considérer la possibilité de tenir des élections législatives, ce que le président Abbas avait demandé mais que le Hamas avait refusé.
A Gaza hier (9 décembre), Khaled Mechal, le chef du Hamas, a déclaré : “Aux élections libres et justes en Palestine devront s'ensuivre partenariat et coopération entre les factions. Frères du Fatah, vous avez commencé avant nous, et nous ne sommes pas vos remplaçants mais votre partenaire. Les vielles dissensions ne reviendront jamais," ajoutant que la réconciliation était une nécessité.
De même, le Président Mahmoud Abbas a continuéà pousser à la réconciliation. Lors de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères qui se tenait hier à Doha, au Qatar, Abbas a déclaré : “la réconciliation nous est chère et importante pour l'unité de notre peuple,” ajoutant qu'une réunion se tiendrait bientôt au Caire entre les parties pour faire avancer le processus de réconciliation.
Bien qu'il soit trop tôt pour dire si la réconciliation deviendra une réalité– nous avons déjàété amèrement déçus– il nous faut néanmoins apprécier ce qui ressemble à des efforts sincères pour que cela soit.
Bien sûr, cela met Israël dans tous ses états. L'idée que le peuple palestinien soit uni, surtout après que l'Assemblée générale des Nations unies a votéà une écrasante majorité une résolution qui fait de la Palestine un Etat non membre, ne va certainement pas dans le sens d'Israël. Alors, il a commencéà prendre des mesures préventives, s'en prenant à Mechal et Abbas, affirmant que ni l'un ni l'autre n'est intéresséà faire la paix avec Israël.
Hier Moshe Yaalon, vice-Premier ministre, maintenait qu'il n'y avait “aucune différence entre Mahmoud Abbas et Khaled Mechal”. Yaalon a déclaréà la radio israélienne que “la seule différence entre eux c'est qu'Abbas saupoudre son idéologie de jolis mots et Mechal non”.
En plus d'autres déclarations incendiaires similaires des responsables israéliens, l'armée israélienne aussi a exprimé sa préoccupation quant à une possible réconciliation entre les deux rivaux palestiniens. L'armée affirme qu'elle craint maintenant que si le Hamas et le Fatah se réconcilient, cela permettra au Hamas de se renforcer en Cisjordanie, essentiellement parce que les services de sécurité de l'ANP seront moins susceptibles d'arrêter les activistes du Hamas, ce qui est déjà le cas, dit-elle.
S'il y a bien un signe que nous sommes sur la bonne voie, c'est quand Israël panique. Ce fut le cas avant la résolution des Nations unies sur l'Etat, et ça l'est maintenant que la réconciliation se rapproche. Mais nous, Palestiniens, ne devons pas craindre les répercussions israéliennes après une telle initiative.
Israël poursuit ses projets quels que soient nos agendas ou nos démarches. Que nous soyons en pleine négociation ou en opérations militaires ou que nous lancions un soulèvement populaire, Israël continue àétendre ses colonies sur la terre de Palestine et à consolider encore l'occupation. Ils peuvent frapper et hurler, retenir notre argent et continuer à opprimer notre peuple s'il résiste, mais ils l'auraient fait de toute façon.
Alors, les Palestiniens devraient frapper le fer tant qu'il est chaud, comme on dit. L'atmosphère est propice et nous devons profiter de cet élan. La réconciliation aurait dû se faire depuis longtemps ; mais bon, il n'y a pas de meilleur moment que le présent.
publié par Mifath le 10 décembre 2012
traduction : CL, Afps