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Palestine : Israël seul contre tous

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[Israël] défie la com­mu­nauté inter­na­tionale et inten­sifie sa poli­tique de colo­ni­sation dans les Ter­ri­toires pales­ti­niens, ruinant encore plus l'espoir des Pales­ti­niens de voir naître un Etat indé­pendant viable.

D'ici aux élec­tions légis­la­tives israé­liennes du 22 janvier 2013 et sans doute bien après, aucune voix consen­suelle ne risque de se faire entendre en Israël, et les chances d'une reprise du pro­cessus de paix israélo-​​palestinien sont nulles. Pour preuve, sourd aux cri­tiques inter­na­tio­nales, l'Etat hébreu [1] vient de lancer de nou­veaux projets massifs de construction de colonies en Cis­jor­danie et à Jérusalem-​​Est. Israël a ainsi autorisé jeudi dernier le lan­cement d'un projet de création d'une colonie dans un important bloc d'implantations en Cis­jor­danie occupée. Ce projet prévoit à terme la construction de 6000 loge­ments. Une com­mission du ministère israélien de l'Intérieur examine en outre la construction de 1000 loge­ments dans le quartier de colo­ni­sation de Gilo à Jérusalem-​​Est, alors que la semaine der­nière, le ministère de l'Intérieur avait approuvé un plan de 1500 loge­ments également à Jérusalem-​​Est. Ce plan avait été condamné en 2010 par Washington et avait pro­voqué une grave crise entre Israël et les Etats-​​Unis, qui avaient appelé Israël à rompre avec ces « actes de pro­vo­cation ». Selon le négo­ciateur pales­tinien Saëb Erakat, si un seul des mul­tiples projets de rat­ta­chement entre des colonies de Cis­jor­danie et les quar­tiers de colo­ni­sation de Jérusalem-​​Est est menéà bien, « ce cercle étouffera Jérusalem-​​Est et détruira la solution à deux Etats ». La repré­sen­tante de l'Union euro­péenne (UE) pour les Affaires étran­gères, Catherine Ashton, a dénoncé jeudi dernier une « expansion sans pré­cédent de colonies autour de Jéru­salem ». Ces projets de colo­ni­sation « com­pro­mettent les pers­pec­tives d'un règlement négocié du conflit en mettant en danger la pos­si­bilité d'un Etat pales­tinien contigu et viable avec Jéru­salem comme future capitale de deux Etats », a déploré la repré­sen­tante de l'UE pour les Affaires étran­gères. Elle a demandé aux deux parties de sortir de l'impasse et de reprendre les négo­cia­tions « sans condi­tions préa­lables » [2]afin de par­venir à une solution durable du conflit israélo-​​palestinien. La France, de son côté, a évoqué« une pro­vo­cation qui sape davantage la confiance néces­saire à la reprise des négociations ».

Les 15 pays membres du Conseil de sécurité, à l'exception des Etats-​​Unis, ainsi que l'Onu ont demandé la semaine der­nière à Israël de renoncer à ses plans de colo­ni­sation. Ces projets promus par Israël « envoient un message négatif et font douter de sa volonté de négocier », ont sou­ligné les quatre Etats euro­péens membres du Conseil (France, Grande-​​Bretagne, Alle­magne et Por­tugal) dans une décla­ration commune, s'inquiétant en par­ti­culier du projet E1, qui « ris­querait de séparer Jérusalem-​​Est du reste de la Cisjordanie ».

L'envoyé spécial du Quar­tette pour le Proche-​​Orient (Etats-​​Unis, Union euro­péenne, Onu, Russie), Tony Blair, a dit « approuver tota­lement ces décla­ra­tions » : « Le pro­blème n'est pas seulement la construction de telles colonies, mais le fait que c'est un moment vital pour relancer une véri­table négo­ciation ». Ainsi, la Russie et l'UE sont per­suadées que « le temps est venu de prendre des mesures auda­cieuses et concrètes pour la paix entre Pales­ti­niens et Israé­liens », devant s'engager dans des négo­cia­tions directes « sans condi­tions préa­lables », lit-​​on dans le com­mu­niqué reprenant une décla­ration commune de la repré­sen­tante de l'UE pour les Affaires étran­gères, Catherine Ashton, et le ministre russe des Affaires étran­gères, Sergueï Lavrov, à l'issue d'un sommet UE-​​Russie ven­dredi dernier à Bruxelles. Selon le document, Mme Ashton et M. Lavrov ont appelé Pales­ti­niens et Israé­liens à reprendre des négo­cia­tions « sans condi­tions préa­lables » pour par­venir à« une solution durable » du long conflit palestino-​​israélien qui règle tous leurs litiges sur la base des réso­lu­tions 242, 338, 1397, 1515 et 1850 du Conseil de sécurité de l'Onu, ainsi que des prin­cipes de Madrid, notamment du principe dit « la terre contre la paix », de la « Feuille de route », de l'Initiative de paix arabe et des ententes enre­gis­trées aupa­ravant entre les parties.

Un jeu à haut risque

Aupa­ravant, le secré­taire général de l'Onu, Ban Ki-​​moon, avait demandéà l'Etat hébreu de « ne pas continuer dans cette voie dan­ge­reuse qui nuit aux pers­pec­tives de reprise du dia­logue » entre Pales­ti­niens et Israé­liens. « Remettons le pro­cessus de paix sur les rails avant qu'il ne soit trop tard », a-​​t-​​il dit. Mais il semble qu'il soit déjà trop tard. Ces nou­velles déci­sions israé­liennes montrent tout sim­plement qu'Israël ne veut pas de la solution de deux Etats, sou­tenue par la com­mu­nauté inter­na­tionale. En effet, la récente démarche israé­lienne, consi­dérée à la fois comme une manoeuvre élec­torale et comme une repré­saille à l'accession de la Palestine au statut d'Etat obser­vateur non membre à l'Onu, témoigne en fait de l'impossibilité de reprendre toute négo­ciation, du moins à l'heure qu'il est. Car les nou­velles construc­tions approuvées par le gou­ver­nement israélien sont sus­cep­tibles à elles seules de faire capoter la pos­si­bilité d'une solution à deux Etats. Elle accentue ainsi le phé­nomène de la « peau de léopard » que forment des enclaves pales­ti­niennes sans conti­nuité ter­ri­to­riale. D'ailleurs, il existe chez le gou­ver­nement israélien une poli­tique déli­bérée d'intensification de la colo­ni­sation à Jéru­salem, cette ville étant consi­dérée par les Israé­liens comme leur capitale « unifiée et indivisible ».

Cer­tains experts vont plus loin en affirmant qu'Israël est conscient que cette poli­tique donne du grain à moudre aux éléments radicaux du mou­vement pales­tinien, à Gaza comme en Cis­jor­danie. Plus encore, c'est ce qu'il veut. L'éditorialiste israélien le plus réputé du Yediot Aha­ronot, Nahum Barnéa, écrit ainsi : « Neta­nyahu et Lie­berman ont fait leurs choix : entre le pro­cessus de paix et la per­pé­tuation du statu quo, ils ont choisi le second ; entre le choix de la solution à deux Etats et un ban­toustan (pales­tinien), ils choi­sissent le ban­toustan ; entre Abou Mazen et le Hamas, ils choi­sissent le Hamas ».

En effet, le Fatah de Mahmoud Abbas est dis­crédité auprès des Pales­ti­niens à cause de son échec à par­venir à créer un véri­table Etat [3]. De son côté, le Hamas, parti isla­miste rival, a le vent en poupe. Et, selon les ana­lystes, en « laissant » le Hamas exploiter sa « vic­toire poli­tique » lors de la récente offensive contre Gaza, Israël a choisi le camp le plus ultra, pour mieux affaiblir M. Abbas, et ainsi tor­piller la solution de deux Etats. C'est un calcul qui n'a rien d'original : la division du mou­vement pales­tinien est une constante de la poli­tique israé­lienne. Mais c'est aussi un calcul à hauts risques pour les deux parties : si la division ne profite pas aux Pales­ti­niens, une reprise de la lutte armée ou une éven­tuelle 3e Intifada ne pro­fi­teront pas non plus à Israël.


[1] terme erroné, mal­heu­reu­sement utilisé souvent par les jour­na­listes, qui reprend la ter­mi­no­logie et la volonté poli­tique israé­liennes. Plus de 20 % de la popu­lation en Israël est pales­ti­nienne et/​​ou non juive. Terme non innocent bien sûr quand il est employé par les Israé­liens, dans la guerre des mots qui accom­pagne la guerre colo­niale menée par Israël en Palestine.

[2] les Pales­ti­niens mettent, à juste titre et au nom du droit, une pré­con­dition : le fin de la colo­ni­sation illégale , que la "com­mu­nauté inter­na­tionale" condamne. La logique de Mme Ashton et de ses col­lègues est bien mys­té­rieuse. Ou pas…

[3] S'il est vrai que le Fatah/​​Autorité pales­ti­nienne est lar­gement cri­tiqué pour sa poli­tique, l'entrée de la Palestine aux Nations unies comme Etat obser­vateur non membre a néan­moins redoré son blason en Cis­jor­danie occupée

publié par al-​​Ahram hebdo en français

Notes : CL, Afps


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