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Israël et territoires palestiniens occupés

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[En 2012], les auto­rités israé­liennes main­te­naient le blocus de la bande de Gaza, qui pro­lon­geait la crise huma­ni­taire dans cette enclave, ainsi que les res­tric­tions à la liberté de mou­vement des Pales­ti­niens dans les ter­ri­toires occupés. En Cis­jor­danie, y compris à Jérusalem-​​Est, les auto­rités conti­nuaient d'ériger le mur/​barrière, dont le tracé se situait en grande partie sur des terres pales­ti­niennes. L'expansion des colonies se pour­suivait, en vio­lation du droit inter­na­tional. Les auto­rités israé­liennes ont démoli des habi­ta­tions pales­ti­niennes et d'autres infra­struc­tures en Cis­jor­danie, ainsi que des loge­ments de Pales­ti­niens de natio­nalité israé­lienne, notamment dans des vil­lages « non reconnus » du Néguev. L'armée israé­lienne a régu­liè­rement fait une uti­li­sation excessive de la force, y compris meur­trière, contre des mani­fes­tants en Cis­jor­danie et contre des civils dans les zones s'étendant le long des fron­tières de la bande de Gaza. Les forces armées israé­liennes ont tué55 civils pales­ti­niens, dont 11 enfants, dans les ter­ri­toires occupés. Les vio­lences com­mises par des colons contre des Pales­ti­niens en Cis­jor­danie se sont mul­ti­pliées ; trois Pales­ti­niens ont été tués par des colons israé­liens. Les soldats et les colons israé­liens res­pon­sables d'atteintes aux droits fon­da­mentaux de Pales­ti­niens béné­fi­ciaient géné­ra­lement de l'impunité. Les auto­rités n'ont mené aucune enquête indé­pen­dante sur les crimes de guerre qui auraient été commis par les forces israé­liennes lors de l'opération Plomb durci en 2008-​​2009. Plu­sieurs mil­liers de Pales­ti­niens ont été arrêtés par les auto­rités israé­liennes ; 307 au moins étaient main­tenus en détention admi­nis­trative sans incul­pation ni jugement ; d'autres ont été condamnés à des peines d'emprisonnement à l'issue de procès devant des tri­bunaux mili­taires. Plus de 4200 Pales­ti­niens étaient incar­cérés dans les prisons israé­liennes à la fin de l'année. De nou­velles infor­ma­tions ont fait état d'actes de torture et de mauvais trai­te­ments infligés aux détenus.

Contexte

Les efforts de la com­mu­nauté inter­na­tionale pour relancer les négo­cia­tions entre Israël et l'Autorité pales­ti­nienne ont échoué. Israël s'est opposéà la demande d'adhésion de l'Autorité pales­ti­nienne comme membre à part entière des Nations unies. Le pays a gelé tem­po­rai­rement le transfert des recettes fis­cales qu'il doit reverser à l'Autorité pales­ti­nienne après l'admission de la Palestine en tant qu'État membre de l'UNESCO.

Des groupes armés pales­ti­niens de Gaza ont tiré sans dis­cri­mi­nation des roquettes et des obus de mortier en direction du sud d'Israël, tuant deux civils israé­liens (voir Autorité pales­ti­nienne). Les forces israé­liennes ont lancé des attaques contre des Pales­ti­niens qui étaient selon elles res­pon­sables de ces actes. Un lycéen israélien a été mor­tel­lement blessé en avril par un missile tiré depuis Gaza qui a atteint un bus de ramassage sco­laire dans le Néguev. Huit colons israé­liens ont été tués par des Pales­ti­niens en Cis­jor­danie ; l'un d'entre eux a été abattu par les forces de sécurité de l'Autorité pales­ti­nienne. Sept autres civils ont été tués en Israël, dont six par des acti­vistes armés qui avaient pénétré en Israël depuis l'Égypte, en août.

En octobre et en décembre, Israël a libéré1027 pri­son­niers pales­ti­niens, dont cer­tains avaient été condamnés pour le meurtre de civils israé­liens, en échange de la libé­ration du soldat israélien Gilad Shalit, inter­venue le 18 octobre. Cet homme était maintenu en cap­tivitéà Gaza par des groupes armés pales­ti­niens depuis 2006 et n'avait pas été autoriséà recevoir la visite du CICR. Israël a par ailleurs libéré25Égyp­tiens en octobre en échange de la remise en liberté d'un homme incarcéré en Égypte qui détenait la double natio­nalité israé­lienne et américaine.

Plu­sieurs cen­taines de mil­liers d'Israéliens ont par­ticipé, de juillet à octobre, à un mou­vement de pro­tes­tation paci­fique pour réclamer des loge­ments plus abor­dables et une amé­lio­ration des sys­tèmes de santé et d'éducation.

Blocus de Gaza – crise humanitaire

L'armée israé­lienne, qui main­tenait le blocus de la bande de Gaza imposé depuis 2007, a fermé en mars le point de passage de Karni ; le seul point d'entrée restant pour les mar­chan­dises était celui de Kerem Shalom, dont la capacitéétait insuf­fi­sante. Le blocus a pro­longé la crise huma­ni­taire subie par les habi­tants de Gaza – 1,6 million de per­sonnes, dont plus de 70 % dépen­daient de l'aide huma­ni­taire. L'interdiction quasi totale des expor­ta­tions était main­tenue, ce qui étouffait l'économie. Les res­tric­tions strictes sur les impor­ta­tions pro­vo­quaient des pénuries et une aug­men­tation des prix. Le blocus consti­tuait une forme de châ­timent col­lectif – et à ce titre était une vio­lation du droit inter­na­tional ; il affectait par­ti­cu­liè­rement les enfants et les malades. Les auto­rités israé­liennes ont empêché des cen­taines de malades de quitter Gaza pour se faire soigner, ou ont entravé leurs dépla­ce­ments. En mai, l'Égypte a ouvert aux habi­tants de Gaza le point de passage de Rafah, tout en contrôlant étroi­tement les entrées et sorties du ter­ri­toire. Au moins 36 Pales­ti­niens ont trouvé la mort à la suite d'accidents dans les tunnels uti­lisés pour ache­miner en contre­bande des mar­chan­dises entre l'Égypte et Gaza, ou de frappes israé­liennes contre ces tunnels.

La marine israé­lienne a bloqué plu­sieurs flot­tilles d'aide inter­na­tionale qui ten­taient de briser le blocus de Gaza. En sep­tembre, une com­mission d'enquête des Nations unies a conclu que le blocus naval de Gaza était légal, sans tou­tefois aborder la question de la légalité de la poli­tique de bou­clage général de Gaza.

Restrictions en Cisjordanie

Plus de 500 postes de contrôle et bar­rages de l'armée israé­lienne conti­nuaient d'empêcher les Pales­ti­niens de se rendre librement sur leur lieu de travail, dans leur établis­sement sco­laire ou dans les hôpitaux de Cis­jor­danie. Israël conti­nuait d'ériger un mur/​barrière long de 700 kilo­mètres, dont le tracé se situait en grande partie en Cis­jor­danie sur des terres pales­ti­niennes et qui empê­chait des mil­liers de paysans pales­ti­niens d'accéder à leurs terres agri­coles ou aux points d'approvisionnement en eau. Les Pales­ti­niens de Cis­jor­danie qui déte­naient un permis d'entrée à Jéru­salem ne pou­vaient y accéder que par quatre des 16 postes de contrôle du mur/​barrière. Les Pales­ti­niens n'étaient pas auto­risés à accéder aux zones proches des colonies israé­liennes, ins­tallées et main­tenues en vio­lation du droit inter­na­tional. L'expansion des colonies s'est pour­suivie. Le nombre de colons en Cis­jor­danie, y compris à Jérusalem-​​Est, dépassait 500000à la fin de l'année.

Les res­tric­tions à la liberté de mou­vement obli­geaient quelque 200000 habi­tants pales­ti­niens de 70 vil­lages à faire des détours deux à cinq fois plus longs que la route directe pour rejoindre la ville la plus proche, ce qui entravait l'accès aux ser­vices de base.

Droits en matière de logement – expulsions forcées

Les auto­rités israé­liennes ne déli­vraient géné­ra­lement pas de permis de construire aux Pales­ti­niens de Jérusalem-​​Est ni à ceux vivant dans la zone C de Cis­jor­danie – où Israël contrôlait tou­jours entiè­rement l'aménagement et l'occupation des sols –, ce qui portait atteinte à leur droit à un logement conve­nable. Les auto­rités israé­liennes ont mul­tiplié les démo­li­tions d'habitations pales­ti­niennes et d'autres struc­tures qui avaient étéérigées sans auto­ri­sation en Cis­jor­danie ; plus de 620 construc­tions ont été détruites au cours de l'année. Près de 1100 Pales­ti­niens ont été déplacés après la démo­lition de leur maison, soit 80 % de plus qu'en 2010 ; plus de 4200 autres ont subi les effets de la démo­lition de 170 abris pour animaux et de 46 citernes de col­lecte d'eau de pluie. Les Bédouins et les bergers étaient par­ti­cu­liè­rement touchés ; cer­tains d'entre eux, confrontés aux démo­li­tions répétées de leurs habi­ta­tions, aux vio­lences exercées par des colons et à des res­tric­tions dra­co­niennes à leur liberté de mou­vement, ris­quaient d'être déplacés de manière permanente.

En juin, les forces israé­liennes ont détruit à plu­sieurs reprises des construc­tions à Hadidiya, un hameau bédouin situé dans le nord de la vallée du Jourdain ; 33 struc­tures ont été démolies et plu­sieurs familles se sont retrouvées sans abri. Un appel devant la Haute cour de justice a débouché sur une injonction tem­po­raire empê­chant l'application d'avis de démo­lition émis en novembre.

Les auto­rités ont également mul­tiplié les démo­li­tions d'habitations pales­ti­niennes en Israël, tout par­ti­cu­liè­rement dans les vil­lages « non reconnus », où toute construction est interdite. En sep­tembre, le gou­ver­nement a approuvé un projet de régle­men­tation des construc­tions bédouines « illé­gales » dans le sud du Néguev. S'il était mis en œuvre, il pourrait entraîner l'expulsion forcée de mil­liers de citoyens pales­ti­niens d'Israël.

Des cabanes et d'autres struc­tures ont été démolies au moins 20 fois au cours de l'année à Al Araqib, un village « non reconnu » dans la région du Néguev qui avait déjàété détruit à plu­sieurs reprises en 2010. En juillet, les auto­rités israé­liennes ont intenté une pro­cédure contre les vil­la­geois, leur réclamant 1,8 million de shekels (environ 500000 dollars des États-​​Unis) à titre de rem­bour­sement du coût des démo­li­tions et expul­sions répétées.

Utilisation excessive de la force

Les forces israé­liennes ont utilisé une force excessive, notamment des tirs à balles réelles, contre des mani­fes­tants pales­ti­niens en Cis­jor­danie et des pro­tes­ta­taires aux fron­tières syrienne et liba­naise, ainsi que pour faire res­pecter la « zone d'exclusion »à l'intérieur de la bande de Gaza et le long de la côte. Elles ont tué55 civils pales­ti­niens, dont 11 enfants, dans les ter­ri­toires occupés. Vingt-​​deux d'entre eux, dont neuf enfants, ont été tués par des tirs des forces de sécurité israé­liennes dans les « zones inter­dites » ter­restres et mari­times de Gaza. L'armée a mené, dans cer­tains cas, des enquêtes internes ; celles-​​ci n'ont tou­tefois été ni indé­pen­dantes ni trans­pa­rentes. Quelque 35 per­sonnes auraient été tuées et des cen­taines d'autres blessées lorsque des soldats israé­liens ont ouvert le feu sur des mil­liers de réfugiés pales­ti­niens et d'autres per­sonnes qui pro­tes­taient, le 15 mai et le 5 juin, à la fron­tière entre le Liban et Israël et à celle de la Syrie avec le Golan occupé par Israël. Des mani­fes­tants ont jeté des pierres et cer­tains ont franchi la fron­tière sur les hau­teurs du Golan, mais ils n'étaient pas armés et ne sem­blaient pas repré­senter une menace directe pour la vie des soldats. Israël a contesté le nombre de vic­times et les cir­cons­tances de leur mort.

Les soldats israé­liens ont eu régu­liè­rement recours à une force excessive contre les Pales­ti­niens qui mani­fes­taient contre la construction du mur/​barrière ou contre l'expansion des colonies dans le village de Nabi Saleh, en Cis­jor­danie. Atteint au visage par une grenade lacry­mogène tirée à faible dis­tance (en vio­lation des règle­ments mili­taires) après qu'il eut jeté une pierre en direction d'une jeep de l'armée, Mustafa Tamimi, 28 ans, a suc­combéà ses bles­sures le 9 décembre.

Impunité

En janvier, la com­mission Turkel a conclu que les forces israé­liennes n'avaient pas violé le droit inter­na­tional huma­ni­taire en arrai­sonnant, en mai 2010, une flot­tille d'aide huma­ni­taire en route pour Gaza. L'opération s'était soldée par la mort de neuf res­sor­tis­sants turcs. Cette com­mission israé­lienne n'a tou­tefois fourni aucune expli­cation sur les cir­cons­tances de la mort de ces neuf personnes.

Les auto­rités n'avaient tou­jours pas mené d'enquêtes indé­pen­dantes et cré­dibles sur les crimes de guerre et les éven­tuels crimes contre l'humanité qui auraient été commis par les forces israé­liennes pendant l'opération Plomb durci, menée en 2008-​​2009, au cours de laquelle plu­sieurs cen­taines de civils pales­ti­niens ont été tués. La police mili­taire conti­nuait tou­tefois de mener des inves­ti­ga­tions sur cer­tains faits. Les membres des forces de sécurité et les colons israé­liens accusés d'atteintes aux droits fon­da­mentaux des Pales­ti­niens n'étaient le plus souvent pas amenés à rendre compte de leurs actes. Les auto­rités israé­liennes ouvraient géné­ra­lement des enquêtes, mais celles-​​ci ne débou­chaient que rarement sur des pour­suites. L'ONG israé­lienne Yesh Din a fait savoir que près de 90 % des enquêtes offi­cielles sur des actes de vio­lence imputés aux colons qu'elle avait recensés depuis 2005 avaient été classées sans suite, appa­remment faute d'investigations sérieuses ; cette même source a précisé que seules 3,5 % des plaintes adressées entre 2000 et 2010 aux auto­rités mili­taires israé­liennes par des Pales­ti­niens pour des vio­la­tions de leurs droits par des soldats israé­liens avaient abouti à une inculpation.

Détention sans jugement

Au moins 307 Pales­ti­niens des ter­ri­toires occupés étaient main­tenus en détention sans incul­pation ni jugement, en vertu d'ordres de détention admi­nis­trative renou­ve­lables qui étaient émis sur la base de preuves secrètes n'étant pas com­mu­ni­quées au détenu ni à son avocat. Trois femmes main­tenues en détention admi­nis­trative fai­saient partie des Pales­ti­niens remis en liberté en échange de la libé­ration de Gilad Shalit par le Hamas.

L'universitaire et écrivain Ahmad Qatamesh a été arrêté en avril et placé en détention en vertu d'un ordre de détention admi­nis­trative d'une durée de six mois, qui a été renouvelé en sep­tembre ; il était tou­jours détenu à la fin de l'année. Amnesty Inter­na­tional le consi­dérait comme un pri­sonnier d'opinion.

Conditions de détention – privation du droit de visite

Les pri­son­niers pales­ti­niens ori­gi­naires de Gaza et détenus en Israël étaient tou­jours privés des visites de leur famille, les auto­rités israé­liennes inter­disant aux habi­tants de Gaza de se rendre en Israël depuis juin 2007. Plus de 200 pri­son­niers ori­gi­naires de Gaza ont été libérés dans le courant de l'année, mais 440 environ étaient tou­jours incar­cérés dans des prisons israé­liennes à la fin de 2011. Les auto­rités israé­liennes refu­saient souvent, pour des raisons de « sécurité» non pré­cisées, de délivrer des permis de visite aux proches des pri­son­niers ori­gi­naires de Cisjordanie.

Procès inéquitables

Cette année encore, des Pales­ti­niens des ter­ri­toires occupés ont été déférés devant des tri­bunaux mili­taires ; ils étaient géné­ra­lement inter­rogés en l'absence d'un avocat dans la période pré­cédant leur procès. Le 27 sep­tembre, l'ordonnance mili­taire n°1676 a porté de 16à18 ans l'âge de la majorité pour les Pales­ti­niens déférés devant des tri­bunaux mili­taires israé­liens. Aupa­ravant, les ado­les­cents de 16 et 17 ans étaient jugés par ces tri­bunaux de la même façon que des adultes. La nou­velle ordon­nance ne pré­voyait pas que les enfants détenus béné­fi­cient de l'assistance d'un avocat pendant leur inter­ro­ga­toire ni que les mineurs de plus de 16 ans soient séparés des adultes en détention.

Torture et autres mauvais traitements

De nou­velles infor­ma­tions ont fait état d'actes de torture et de mauvais trai­te­ments, infligés y compris à des enfants. Parmi les méthodes le plus souvent signalées figu­raient les pas­sages à tabac, les menaces contre le détenu ou ses proches, la pri­vation de sommeil et le maintien pro­longé dans des posi­tions dou­lou­reuses. Des « aveux » qui auraient été obtenus sous la contrainte étaient retenus à titre de preuve par les tri­bunaux mili­taires israéliens.

Islam Dar Ayyoub, 14 ans, a été arrêté chez lui, dans le village de Nabi Saleh (Cis­jor­danie), le 23 janvier vers 2 heures du matin. Menotté et les yeux bandés, il a été emmené dans une jeep de l'armée au poste de police de la colonie de Ma'ale Adumim, via la colonie de Halamish. Il a été interrogé pendant plu­sieurs heures en l'absence d'un avocat et n'a pas été autoriséà se reposer ni à manger ni à se rendre aux toi­lettes. Les infor­ma­tions obtenues au cours de son inter­ro­ga­toire ont été uti­lisées pour mettre en cause Bassem Tamimi, l'organisateur du mou­vement de pro­tes­tation de Nabi Saleh (voir ci-​​après). En février, Dirar Abu Sisi, un ingé­nieur ori­gi­naire de Gaza, a été renvoyé contre son gré d'Ukraine en Israël. Il a été incarcéré dans la prison de Shikma, non loin d'Ashkelon, où il a été privé de contact avec un avocat pendant 25 jours. Il a été accusé en avril d'avoir tra­vailléà l'amélioration des roquettes uti­lisées par la branche mili­taire du Hamas. Les auto­rités israé­liennes ont déclaré qu'il avait reconnu les faits, mais ses avocats ont affirmé que ses « aveux » avaient été obtenus sous la torture. Il était tou­jours détenu, appa­remment à l'isolement, à la fin de l'année.

Liberté d'expression et d'association

La Knesset (Par­lement israélien) a adopté des lois qui restrei­gnaient la liberté d'expression et d'association. Une de ces lois érigeait en infraction pénale le fait d'appeler au boycott de per­sonnes ou d'institutions israé­liennes en Israël ou dans les colonies israé­liennes de Cis­jor­danie. Une autre péna­lisait la com­mé­mo­ration par des ins­ti­tu­tions ou des muni­ci­pa­lités de la Nakba (« catas­trophe »), un terme utilisé par les Pales­ti­niens pour décrire leur expro­priation en 1948. La Knesset a également débattu d'un projet de loi visant à res­treindre, voire à empêcher, le finan­cement par des gou­ver­ne­ments étrangers d'organisations israé­liennes de défense des droits humains, en par­ti­culier celles qui ont fourni des infor­ma­tions à la mission d'établissement des faits des Nations unies sur le conflit de Gaza ; ce texte n'avait pas été adoptéà la fin de l'année.

Cette année encore, des mili­tants pales­ti­niens de Cis­jor­danie qui avaient organisé des mani­fes­ta­tions, dont cer­taines étaient non vio­lentes, contre le mur/​barrière et les colonies israé­liennes illé­gales ont été arrêtés et déférés devant des tri­bunaux mili­taires israé­liens. Qua­torze jour­na­listes pales­ti­niens au moins ont été arrêtés ; deux d'entre eux ont été placés en détention admi­nis­trative. En janvier, une cour d'appel mili­taire a alourdi la peine d'Abdallah Abu Rahma, un militant non violent qui mani­festait contre le mur/​barrière dans le village de Bilin, la portant de 12à16 mois d'emprisonnement. Cet homme avait été reconnu cou­pable d'incitation à la vio­lence et d'organisation de mani­fes­ta­tions illé­gales, sur la base de décla­ra­tions faites par des enfants sous la contrainte. Amnesty Inter­na­tional le consi­dérait comme un pri­sonnier d'opinion. Il a été remis en liberté en mars après avoir purgé la totalité de sa peine.

Bassem Tamimi, militant de longue date et détracteur non violent de la poli­tique israé­lienne, a été arrêté le 24 mars et inculpé par la suite pour avoir organisé des mani­fes­ta­tions dans le village de Nabi Saleh. Il se trouvait tou­jours en détention à la fin de l'année, son procès devant un tri­bunal mili­taire n'étant pas terminé. Amnesty Inter­na­tional le consi­dérait comme un pri­sonnier d'opinion.

Réfugiés et demandeurs d'asile

Les deman­deurs d'asile érythréens et sou­danais – qui repré­sen­taient environ 80 % des quelque 45000 deman­deurs d'asile en Israël – conti­nuaient de se voir barrer l'accès à la pro­cédure de déter­mi­nation du statut de réfugié. Ils ne rece­vaient que des docu­ments de séjour tem­po­raire et n'étaient pas auto­risés à tra­vailler ni à béné­ficier du système de santé et des ser­vices sociaux. Seul un petit nombre de deman­deurs d'asile ori­gi­naires d'autres pays ont obtenu le statut de réfugié.

De nou­velles mesures dra­co­niennes visant à dis­suader de futurs deman­deurs d'asile étaient exa­minées par le Par­lement. En mars, la Knesset a approuvé en pre­mière lecture une loi anti-​​infiltration aux termes de laquelle les migrants et deman­deurs d'asile sans papiers seraient pas­sibles d'une peine d'au moins trois ans d'emprisonnement. En sep­tembre, le Conseil national de la construction et de l'aménagement a publié un projet de construction à proximité de la fron­tière égyp­tienne d'un centre de détention pour deman­deurs d'asile, d'une capacité de 10000 places. Bien que l'armée israé­lienne ait décidé en mars de sus­pendre la pra­tique du « rapa­triement direct », sans examen de leur demande, des per­sonnes en quête d'asile entrées en Israël depuis l'Égypte, des ONG ont recensé de nou­veaux cas de renvois forcés vers l'Égypte jusqu'en juillet.

Prisonniers d'opinion – objecteurs de conscience israéliens

Au moins trois objec­teurs de conscience israé­liens ont été empri­sonnés au cours de l'année pour avoir refusé d'effectuer leur service mili­taire en raison de leur oppo­sition à la pré­sence de l'armée israé­lienne dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés.


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