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2012 : quel bilan stratégique ?

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L'année 2012 a vu la continuation des soubresauts qui agitent le monde arabe.

En Tunisie comme en Égypte la situation n'est pas sta­bi­lisée poli­ti­quement. Cela n'a rien d'anormal. Qui peut croire qu'une révo­lution laisse place à un régime tota­lement apaisé et ancré dans la démo­cratie en quelques mois ? Ce serait une erreur de s'inquiéter outre mesure des vifs débats qui agitent ces pays, parce que, y compris dans les démo­craties occi­den­tales, les gou­ver­ne­ments sont souvent contestés. Ensuite, parce que si la Tunisie et l'Égypte n'ont pas échappéà la vio­lence, celle-​​ci semble lar­gement contenue. Il y a un débat poli­tique qui est vif. Normal, la démo­cratie est en construction. Les partis isla­mistes au pouvoir sont contestés et ne peuvent par­venir à imposer leurs volontés. En Égypte et plus encore en Tunisie, une partie impor­tante de la société conteste les gou­ver­ne­ments. Cer­tains y verront un manque de sta­bilité, d'autres le fait que les opi­nions n'entendent pas se laisser dépos­séder des pou­voirs qu'elles ont conquis en faisant tomber Ben Ali et Mou­barak. Morsi s'est acquis une stature inter­na­tionale nou­velle, redonnant un lustre inconnu depuis long­temps à la diplo­matie égyp­tienne. Si cela flatte le patrio­tisme égyptien, cela ne lui donne pas pour autant un blanc-​​seing au niveau de la poli­tique intérieure.

La situation est bien dif­fé­rente en Syrie où le nombre de morts a désormais dépassé les 40000. Bachar al-​​Assad a réussi à trans­former en guerre civile ce qui était ini­tia­lement une révo­lution démo­cra­tique. Il béné­ficie tou­jours du soutien de la Russie et de la Chine mais il ne par­viendra pas à rétablir le statu quo ante. Sa défaite est iné­luc­table surtout depuis que l'opposition s'est unifiée per­mettant un accrois­sement de l'aide inter­na­tionale. Le pro­blème n'est pas de savoir s'il tombera mais quand. Le pro­blème c'est que de la réponse à cette question, dépend la vie de nom­breux Syriens.

L'admission de la Palestine comme État non membre de l'ONU par un vote de l'Assemblée générale le 29 novembre 2012 est un acte his­to­rique. C'est une recon­nais­sance de la démarche de Mahmoud Abbas. Un triomphe diplo­ma­tique, poli­tique et sym­bo­lique important mais tant qu'aucune pression ne sera exercée à l'encontre d'Israël pour par­venir à une paix dont les contours sont connus depuis long­temps, cela ne change rien sur le terrain. L'occupation s'intensifie, l'isolement d'Israël s'accroît et les pers­pec­tives d'une paix réa­li­sable s'éloignent. C'est une situation qui peut durer à court terme, mais catas­tro­phique sur le long terme.

Quatre des cinq membres per­ma­nents du Conseil de sécurité de l'ONU ont désigné cette année leur diri­geant suprême. Barack Obama a été réélu mais pas triom­pha­lement. Il ne suscite plus l'enthousiasme de 2008. Mais il est plus ras­surant que son chal­lenger. Il ne fait plus rêver, mais n'inquiète pas. En Russie, le chan­gement c'est la conti­nuité puisque Poutine reprend un siège qu'il avait pro­vi­soi­rement aban­donnéà Med­vedev. Mais la contes­tation interne grandit et une société interne se déve­loppe. En Chine, c'est une conti­nuité dans le chan­gement pro­grammé avec un nouveau pré­sident dont on sait qu'il cédera la place d'ici 10 ans. La seule véri­table alter­nance a eu lieu en France où François Hol­lande a battu Nicolas Sarkozy au cours d'une cam­pagne élec­torale où les ques­tions inter­na­tio­nales ont été lar­gement absentes. Mais Hol­lande se démarque déjà de son pré­dé­cesseur sur le plan international.

Entre le tir d'un missile nord-​​coréen et l'intrusion d'un avion chinois dans l'espace aérien japonais, il y eut une forte montée des ten­sions en Asie. On com­mence à s'habituer aux ges­ti­cu­la­tions nord-​​coréennes faites de pro­vo­ca­tions et de pro­messes d'ouverture sur fond de stra­tégies d'extorsion. C'est surtout la volonté de sanc­tua­riser un régime qui a failli sur toute la ligne sauf dans la consti­tution d'un appareil de défense. La Corée du Nord est bel et bien le seul État tota­li­taire qui reste à la surface de la planète. La montée des ten­sions entre la Chine et le Japon est beaucoup plus inquié­tante. Ration­nel­lement, les deuxième et troi­sième PIB mon­diaux n'ont pas intérêt à se laisser entraîner dans des déra­pages incon­trôlés. Mais dans les deux cas les opi­nions sont beaucoup plus remontées que le gou­ver­nement. L'hostilité entre les popu­la­tions chi­noises et japo­naises s'est lar­gement accrue : c'est l'un des signaux le plus inquiétant de cette fin d'année.

Pascal Boniface est directeur de l'IRIS

21 décembre 2012

publié par Affaires stra­té­giques

surlignement : Afps


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