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Netanyahou taclé par un benjamin de la politique

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Les légis­la­tives ont été
un véri­table camouflet pour le premier ministre israélien, qui l'emporte d'une façon très étriquée et devrait éprouver les plus grandes dif­fi­cultés à com­poser une nou­velle coalition.

Vain­queur mais groggy  ! Voilà la situation de Benyamin Neta­nyahou au len­demain d'un scrutin par­le­men­taire israélien qui a réservé bien des sur­prises. Le raz-​​de-​​marée droite-​​extrême droite-​​religieux attendu ne s'est pas produit. A priori un signe sain de la part de la société israé­lienne qui, au dernier moment, s'est mobi­lisée alors qu'on attendait un fort taux d'abstention. « Allez voter afin que nous puis­sions gou­verner Israël, parce que nous ne savons vraiment pas comment tout cela va finir », avait lancé Neta­nyahou depuis le siège de son parti, mardi, en fin d'après-midi. Expli­quant que « le pouvoir du Likoud est en danger », il envoyait sur Facebook  : « Je vous appelle à tout laisser tomber et à aller voter Likoud sur-​​le-​​champ. » Mal­heu­reu­sement pour lui, son message n'a été entendu qu'à moitié. Beaucoup d'Israéliens ont en effet tout laissé tomber pour aller voter… contre le Likoud. Résultat, la liste Likoud-​​Beitenou (la fusion des deux partis de Neta­nyahou et Lie­berman), qui tota­lisait 42 députés sor­tants, n'en a obtenu que 31, et ses alliés d'extrême droite ne sont guère mieux lotis. Une sacrée claque  !

Un score impressionnant mais pas surprenant

Le grand gagnant de ce scrutin est incon­tes­ta­blement Yaïr Lapid, à la tête de Yesh Atid, lit­té­ra­lement « Il y a un avenir ». Une for­mation créée il y a tout juste un an et qui obtien­drait 19 sièges, devenant ainsi le second parti israélien  ! Un score impres­sionnant mais pas tota­lement sur­prenant. Lapid a d'abord su jouer de sa per­son­nalité pour s'imposer sur la scène poli­tique. Ancienne vedette de la télé­vision qui se la joue « Clooney israélien », cheveux poivre et sel, le plus souvent en tee-​​shirt décon­tracté sous un costume sombre, il a su surfer sur la vague de pro­tes­tation sociale de l'été2011 – où il n'a joué aucun rôle – en demandant quelques mois plus tard  : « Où est passé notre argent  ? », qui est devenu, en quelque sorte, sa marque de fabrique.

Yesh Atid est cependant un véri­table parti cen­triste comme Israël sait en créer pra­ti­quement à chaque scrutin. Ce qui n'est jamais un gage de lon­gévité. Lors des der­nières élec­tions, par exemple, le parti Kadima avait terminé premier avec 28 sièges. Il n'est pas certain cette fois qu'il conserve un député  ! Quant à Tzipi Livni, ancienne égérie de Kadima, qui avait formé son propre parti, elle n'obtient que 7 sièges. « Nous ne sommes pas un parti sec­toriel, ni reli­gieux, ni laïque, mais un parti juif (sic  !), avec comme pre­mière mission de faire avancer une répar­tition plus juste des devoirs civiques », explique le rabbin Shaï Piron, numéro deux de la liste der­rière Lapid.

Les com­men­ta­teurs s'évertuent à faire figurer ce parti au centre gauche. Pourtant, Yaïr Lapid n'a jamais exclu de par­ti­ciper à un gou­ver­nement avec Benyamin Neta­nyahou. La question est main­tenant direc­tement posée, car on le voit mal diriger lui-​​même un gou­ver­nement et encore moins se tourner vers les deux partis arabes (Balad, 3 sièges  ; Liste arabe unie, 4 sièges) ou le parti com­mu­niste (Haddash, 4 sièges), qui main­tiennent pra­ti­quement inchangée leur repré­sen­tation à la Knesset. Or, sans eux, le bloc opposéà la droite est trop faible  : le Parti tra­vailliste obtient péni­blement 15 sièges. Et le Meretz (gauche sio­niste), malgré un bon score, ne passe que de 3à6 députés.

« La vic­toire de Yaïr Lapid est la vic­toire de la poli­tique moderne, celle de la poli­tique d'Internet et de la télé-​​réalité », estime Yossi Verter, ana­lyste poli­tique de Haaretz. « Il est sans aucun doute sympa et plein de bonnes inten­tions. Mais son expé­rience se résume à pré­senter des émis­sions de télé­vision et àécrire des scé­narios et des édito­riaux. » Mais Lapid a également béné­ficié du vote d'une partie des Israé­liens d'origine russe, qui subissent de plein fouet la poli­tique néo­li­bérale du pré­cédent gou­ver­nement et ont boudé la liste Likoud-​​Beitenou qu'ils adou­baient habituellement.

L'avenir est incertain. Quelle qu'elle soit, la pro­chaine coa­lition de Neta­nyahou sera instable. Qu'il s'agisse du pro­cessus de paix, de l'Iran ou des réa­lités sociales, chaque dossier sera explosif. Un député du Likoud n'excluait pas, hier, un retour aux urnes d'ici quatre à six mois.

Les Pales­ti­niens, pas opti­mistes pour la paix« Je ne m'attends pas à l'émergence ou à la résur­gence d'une coa­lition de paix ou d'un camp de la paix », a déclaré Hanane Achraoui, membre du comité exé­cutif de l'OLP (Orga­ni­sation 
de libé­ration de la Palestine), estimant que 
« les chances de paix ne vont pas soudain aug­menter spec­ta­cu­lai­rement (…). Nous ne pensons pas que soudain la paix est à l'horizon. Ce sera très dif­ficile, d'autant plus que si Neta­nyahou s'allie aux soi-​​disant partis modérés, cela le rendra plus accep­table au reste du monde et (…) amé­liorera son image en Occident ». Rap­pelant les projets de colo­ni­sation israé­liens déjà engagés dans les ter­ri­toires pales­ti­niens, elle a jugé« peu pro­bable qu'il puisse y avoir une coa­lition qui annule ces plans et ces actions sur le terrain ». Rap­pelons que Yaïr Lapid, dont le parti, avec dix-​​neuf sièges, est désormais la seconde for­mation du pays, s'est d'ores et déjà pro­noncé pour une Jéru­salem israé­lienne unifiée et indi­vi­sible, ce qui implique la pour­suite de la colo­ni­sation à Jérusalem-​​Est  !

Publié par L'Humanité


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