Réunis, le week-end dernier au Caire, pour discuter de l'avenir politique de Ghaza et de la Cisjordanie, les mouvements palestiniens – parmi lesquels a figuré en bonne place le Fatah de Mahmoud Abbas – se sont entendus à la fois sur tout et rien.
Si effectivement le Fatah, le Hamas, le Jihad islamique et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), pour ne citer que ceux-là, ont conclu, samedi, deux jours d'« intenses » discussions en (ré)affirmant leur engagement à leur accord de réconciliation qui remonte…à2011, il reste que tout ce beau monde n'arrive toujours pas à convenir d'un calendrier de mise en œuvre des accords auxquels ils sont âprement parvenus. Le Fatah et le Hamas avaient, rappelle-t-on, signé le 27 avril 2011 au Caire un accord de réconciliation.
Toutefois, la plupart de ses clauses sont restées lettre morte et les échéances ont été constamment repoussées.
Ainsi qu'il fallait donc s'y attendre, les discussions, à l'occasion de la deuxième réunion de l'instance dirigeante provisoire de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont duré longtemps. Huit heures en tout vendredi avant de reprendre samedi, a confié un participant à la presse. Cette réunion marathon s'explique par le fait que cette instance était chargée de réaliser le vœu de nombreux Palestiniens, à savoir intégrer à l'OLP le Hamas et le Jihad islamique. Ceci pour le volet politique. En revanche, techniquement la réconciliation interpalestinienne doit déboucher sur la formation d'un gouvernement d'union nationale qui aura notamment pour mission de préparer les élections devant permettre un renouvellement des instances élues.
Malgré l'engagement des uns et des autres d'accélérer le mouvement et de sortir du statu quo, l'opération continue à patiner. Pourtant l'installation de ce gouvernement de technocrates est à la fois une nécessité et une urgence lorsque l'on sait que tous les élus palestiniens sont arrivés en fin de mandat depuis belle lurette et l'Autorité palestinienne souffre d'un profond problème de légitimité qui a eu pour conséquence de l'affaiblir au plan international. En dépit de ce constat à la limite décevant, Azzam Al Ahmad, responsable du dossier de la réconciliation au Fatah, reste tout de même optimiste. « Il a été convenu avec le Hamas de lancer des consultations avec les mouvements palestiniens sur la formation d'un gouvernement de technocrates dirigé par le président Abbas, en vertu de l'accord de Doha (2012). Il y a eu un accord sur la plupart des questions, sauf sur quelques points concernant la loi sur les élections au Conseil national (CNP, Parlement de l'OLP) », a-t-il indiqué samedi à la presse.
Plus réaliste que Azzam Al Ahmad, le chef de la délégation du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche nationaliste) Maher Al Taher, pense au contraire que beaucoup de choses restent à faire et que les leaders des différents mouvements palestiniens auront certainement besoin « d'une autre réunion pour trancher certaines interprétations et divergences de points de vue ». Les principales divergences, selon des échos du Caire, portent entre autres sur les modalités des élections au CNP, ainsi que des scrutins présidentiel et législatif simultanés prévus par l'accord de réconciliation. Comme toujours bien entendu, ces divergences opposent surtout le Fatah et le Hamas.
Au-delà de leurs discours sur l'unité des Palestiniens prônés, les deux partis n'entendent visiblement pas se faire de cadeaux. Surtout pas lorsqu'il est question de course pour le pouvoir. C'est cette guerre de positions qui risque de diviser à nouveau les Palestiniens. Des Palestiniens martyrisés et blessés que le drame de la guerre vient tout juste de réunir.
Publié par El Watan