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Réso­lution du Par­lement européen du 14 mars 2013 sur le cas d'Arafat Jaradat et la situation des pri­son­niers pales­ti­niens dans les prisons israéliennes

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Cas d'Arafat Jaradat et situation des pri­son­niers pales­ti­niens dans les prisons israéliennes

Le Parlement européen,

– vu ses réso­lu­tions pré­cé­dentes, en par­ti­culier celles du 4 sep­tembre 2008 sur la situation des pri­son­niers pales­ti­niens dans les prisons israé­liennes [1] et celle du 5 juillet 2012 sur la poli­tique de l'Union euro­péenne à l'égard de la Cis­jor­danie et de Jérusalem-​​Est [2] ,

– vu la décla­ration du 16 février 2013 du porte-​​parole de la haute repré­sen­tante, Catherine Ashton, sur la situation des gré­vistes de la faim pales­ti­niens en Israël,

– vu la décla­ration locale de l'Union euro­péenne du 8 mai 2012 sur les pri­son­niers pales­ti­niens faisant une grève de la faim,

– vu l'accord euro-​​méditerranéen établissant une asso­ciation entre les Com­mu­nautés euro­péennes et leurs États membres, d'une part, et l'État d'Israël, d'autre part (accord d'association UE-​​Israël) et, en par­ti­culier, son article 2 relatif aux droits de l'homme,

– vu la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948,

– vu la qua­trième convention de Genève relative à la pro­tection des per­sonnes civiles en temps de guerre, de 1949,

– vu le pacte inter­na­tional des Nations unies relatif aux droits civils et poli­tiques, de 1966,

– vu la convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de dis­cri­mi­nation à l'égard des femmes, de 1979,

– vu la convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou trai­te­ments cruels, inhu­mains et dégra­dants, de 1984,

– vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, de 1989,

– vu les réso­lu­tions per­ti­nentes des Nations unies sur le conflit du Moyen-​​Orient,

– vu la décla­ration du Secré­taire général des Nations unies, Ban Ki-​​moon, du 19 février 2013, dans laquelle il exprime son inquiétude quant à la situation des pri­son­niers pales­ti­niens gré­vistes de la faim en Israël, la décla­ration du Haut com­mis­saire aux droits de l'homme des Nations unies, Navi Pillay, du 13 février 2013, et celle du rap­porteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés, Richard Falk, du 27 février 2013, concernant la mort du pri­sonnier pales­tinien Arafat Jaradat,

– vu le rapport de l'Unicef de février 2013 intitulé : « Enfants pales­ti­niens incar­cérés dans les centres de détention mili­taires israé­liens : obser­va­tions et recommandations »,

– vu l'article 122, para­graphe 5, et l'article 110, para­graphe 4, de son règlement,

A. consi­dérant que, le 18 février 2013, Arafat Jaradat, soup­çonné d'avoir jeté des pierres sur des Israé­liens, était arrêté, et qu'il est décédé le 23 février 2013 dans la prison de Meggido ; consi­dérant que la cause de sa mort est contro­versée, que les auto­rités israé­liennes affirment qu'il a été victime d'un infarctus, et que les hémor­ragies et les côtes frac­turées constatées pendant l'autopsie sont carac­té­ris­tiques des ten­ta­tives de réani­mation effec­tuées par l'administration péni­ten­tiaire ; consi­dérant que, sur la base de cette autopsie, les auto­rités pales­ti­niennes affirment que sa mort est due aux tor­tures qu'il a subies ;

B. consi­dérant que la presque totalité des 4500 pri­son­niers pales­ti­niens détenus en Israël ont par­ticipéà une grève de la faim, refusant de s'alimenter pour pro­tester contre la mort de M. Jaradat ; que ces der­niers jours, des heurts ont éclaté dans les rues de Cis­jor­danie, les Pales­ti­niens dénonçant les condi­tions de détention de leurs conci­toyens dans les prisons israéliennes ;

C. consi­dérant que la question des pri­son­niers et des détenus pales­ti­niens a de vastes impli­ca­tions poli­tiques, sociales et huma­ni­taires ; que les pri­son­niers poli­tiques pales­ti­niens et les anciens détenus jouent un rôle de premier plan au sein de la société pales­ti­nienne ; que plus de 4800 pri­son­niers et détenus pales­ti­niens, dont de nom­breuses femmes et de nom­breux enfants, plus de 100 pri­son­niers incar­cérés avant les accords d'Oslo, ainsi que 15 membres du Conseil légis­latif pales­tinien (CLP), sont détenus en Israël, et que 178 d'entre eux, y compris 9 membre du CLP, sont main­tenus en détention admi­nis­trative ; consi­dérant que, selon une décla­ration de mars 2013 des orga­ni­sa­tions pales­ti­niennes et israé­liennes de défense des droits de l'homme, depuis 1967, au moins 71 pri­son­niers pales­ti­niens seraient décédés des suites directes d'actes de tor­tures subis dans les centres de détention israéliens ;

D. consi­dérant que les pri­son­niers pales­ti­niens de Cis­jor­danie et de la bande de Gaza sont en grande majorité détenus dans des prisons situées sur le ter­ri­toire israélien ; qu'ils sont, dans leur très vaste majorité, dans l'impossibilité ou la quasi-​​impossibilité d'exercer leur droit de recevoir la visite de leur famille ;

E. consi­dérant que les ordon­nances de détention admi­nis­trative mili­taire israé­liennes auto­risent la détention sans incul­pation ni procès, sur la base de preuves qui ne sont acces­sibles ni aux détenus ni à leurs avocats, et que ces ordon­nances peuvent être valides jusqu'à six mois et être renou­velées indé­fi­niment ; que la Cour suprême d'Israël a récemment cri­tiqué les tri­bunaux mili­taires et le Corps de l'avocat général des armées pour leurs actions consistant à pro­longer les ordon­nances de détention administrative ;

F. consi­dérant que les pri­son­niers poli­tiques pales­ti­niens ont menéà maintes reprises des grèves de la faim aux­quelles par­ti­ci­paient à chaque fois des cen­taines de pri­son­niers ; que plu­sieurs pri­son­niers pales­ti­niens pour­suivent une longue grève de la faim ;

G. consi­dérant que les femmes pri­son­nières repré­sentent un groupe par­ti­cu­liè­rement vul­né­rable de détenus palestiniens ;

H. consi­dérant qu'on estime à700 le nombre d'enfants pales­ti­niens arrêtés chaque année en Cis­jor­danie par les forces de sécurité israé­liennes ; consi­dérant que, selon un rapport de l'Unicef de février 2013 sur les enfants pales­ti­niens ayant eu affaire au système de détention mili­taire israélien, il apparaît que les mauvais trai­te­ments sont monnaie cou­rante et même systématiques ;

I. consi­dérant que, selon l'article 2 de l'accord d'association, les rela­tions entre l'Union et Israël se fondent sur le respect des droits de l'homme et des prin­cipes démo­cra­tiques, ce qui constitue un élément essentiel dudit accord ; que le plan d'action UE-​​Israël sou­ligne que le respect des droits de l'homme et du droit huma­ni­taire inter­na­tional figure parmi les valeurs com­munes aux deux parties ;

1. exprime sa très pro­fonde inquiétude concernant la mort du pri­sonnier pales­tinien Arafat Jaradat, sur­venue le 23 février 2013 alors qu'il était détenu par Israël, et pré­sente ses condo­léances à sa famille ;

2. fait part de sa pro­fonde pré­oc­cu­pation concernant la recru­des­cence des ten­sions en Cis­jor­danie à la suite du décès de M. Jaradat dans la prison de Meggido, dans des cir­cons­tances contro­versées ; appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à se garder de toute action de pro­vo­cation afin d'éviter toute vio­lence sup­plé­men­taire, et à entre­prendre des démarches construc­tives pour établir la vérité et désa­morcer les ten­sions actuelles ;

3. invite les auto­rités israé­liennes à dili­genter des enquêtes indé­pen­dantes, impar­tiales et trans­pa­rentes sur les cir­cons­tances de la mort de M. Jaradat et concernant toutes les allé­ga­tions de tor­tures et d'autres trai­te­ments ou châ­ti­ments cruels, inhu­mains ou dégra­dants infligés aux pri­son­niers palestiniens ;

4. réaf­firme son soutien à Israël, dont il com­prend les pré­oc­cu­pa­tions légi­times en matière de sécurité ; estime cependant que l'état de droit doit être inté­gra­lement res­pecté dans la manière dont tous les pri­son­niers sont traités, ce respect étant crucial pour un pays démo­cra­tique ; invite par consé­quent le gou­ver­nement israélien à res­pecter les droits des pri­son­niers pales­ti­niens et à pro­téger leur santé et leur vie ;

5. fait part de son inquiétude concernant les pri­son­niers pales­ti­niens détenus sans incul­pation ; sou­ligne que ces détenus devraient faire l'objet d'une incul­pation et d'un procès et béné­ficier dans ce cadre de garanties judi­ciaires, confor­mément aux normes inter­na­tio­nales, ou bien être rapi­dement libérés ;

6. insiste pour que leur droit à recevoir la visite de leur famille soit appliqué sans délai et invite les auto­rités israé­liennes à créer les condi­tions néces­saires à la réa­li­sation de ce droit ;

7. exprime sa vive inquiétude quant à la situation et à la santé des détenus pales­ti­niens se livrant à une longue grève de la faim ; sou­tient les efforts du Comité inter­na­tional de la Croix rouge pour sauver la vie des pri­son­niers et des détenus dans un état cri­tique et invite ins­tamment Israël à fournir aux gré­vistes de la faim un accès sans res­triction à des soins médicaux appropriés ;

8. demande une nou­velle fois la libé­ration immé­diate de tous les membres du Conseil légis­latif pales­tinien empri­sonnés, y compris Marwan Barghouti ;

9. invite les auto­rités israé­liennes à s'assurer que les femmes et les enfants pales­ti­niens, qu'ils soient pri­son­niers ou détenus, reçoivent une pro­tection appro­priée et un trai­tement conformes aux conven­tions inter­na­tio­nales per­ti­nentes aux­quelles Israël est partie ;

10. invite le Service européen pour l'action exté­rieure et les États membres à suivre de près le sort des pri­son­niers et des détenus pales­ti­niens, y compris les femmes et les enfants, et à porter cette question à tous les niveaux du dia­logue poli­tique avec Israël ; insiste pour que cette question figure dans le rapport de suivi sur les progrès de la mise en œuvre de la poli­tique euro­péenne de voi­sinage concernant Israël ;

11. demande au Par­lement de lancer une mission d'enquête afin de prendre la mesure de la situation actuelle concernant les condi­tions de détention des pri­son­niers pales­ti­niens, y compris les femmes et les enfants, et concernant le recours à la détention administrative ;

12. charge son Pré­sident de trans­mettre la pré­sente réso­lution à la vice-​​présidente de la Commission/​haute repré­sen­tante de l'Union pour les affaires étran­gères et la poli­tique de sécurité, au Conseil, à la Com­mission, ainsi qu'au gou­ver­nement israélien, à la Knesset, au pré­sident de l'Autorité pales­ti­nienne, au Conseil légis­latif pales­tinien, aux gou­ver­ne­ments et aux par­le­ments des États membres, au Secré­taire général des Nations unies, à l'envoyé spécial du Quatuor au Moyen-​​Orient, au pré­sident de l'Assemblée par­le­men­taire euro-​​méditerranéenne, au Haut-​​commissaire des Nations unies aux droits de l'homme et au Comité inter­na­tional de la Croix-​​Rouge.


[1] JO C 295 E du 4.12.2009, p. 47.

[2] Textes adoptés de cette date, P7_​TA(2012)0098.

Publié par le Par­lement européen


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