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Le printemps du Hamas ?

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La visite du chef his­to­rique du Hamas, Khaled Mechaal, en Jor­danie, est un signe sup­plé­men­taire des évolu­tions autour du mou­vement isla­miste. Il prend ses dis­tances avec la Syrie et tente de se récon­cilier avec le Fatah de Mahmoud Abbas.

Le vent du prin­temps arabe souffle aussi sur le Hamas. De nom­breux signes vont dans ce sens, alors que le chef du mou­vement isla­miste pales­tinien, Khaled Mechaal est arrivé dimanche à Amman pour une courte visite, la pre­mière offi­cielle depuis son expulsion de Jor­danie en 1999. Un tournant dans les rela­tions dif­fi­ciles entre le royaume et le Hamas, mou­vement considéré comme une orga­ni­sation ter­ro­riste par les pays occi­dentaux, l'Union euro­péenne et Israël.

"Un aggiornamento du Hamas" ?

Un point pour les Frères musulmans jor­da­niens Tous ces rééqui­li­brages auront peut-​​être aussi des consé­quences de l'autre côté du Jourdain. Les Frères musulmans jor­da­niens ont en effet qua­lifié "d'historique" la visite de Khaled Mechaal qui devrait per­mettre leur rap­pro­chement avec l'Etat Jor­danien. Les Frères musulmans de Jor­danie mènent, depuis un an, avec des mili­tants pro-​​démocratie, un mou­vement dans la lignée du Prin­temps arabe, pour des réformes poli­tiques et écono­miques et contre la cor­ruption. La visite de Khaled Mechaal était d'ailleurs attendue depuis que le nouveau Premier ministre jor­danien, Aoun Khas­sawneh, ancien juge à la Cour pénale inter­na­tionale de La Haye, avait qua­lifié en novembre d'"erreur consti­tu­tion­nelle et poli­tique" l'expulsion des diri­geants du Hamas en 1999. Khaled Mechaal, qui détient la natio­nalité jor­da­nienne, était accom­pagné du prince héritier du Qatar, Tamim Ben Hamad Al-​​Thani, qui effectue une médiation auprès de la Jor­danie. La délé­gation du Hamas était com­posée de cinq membres du bureau poli­tique, dont le numéro deux Moussa Abou Marzouk. Dans une décla­ration à la presse, Khaled Mechaal a affirmé que "le Hamas rejette caté­go­ri­quement tous les projets de règlement sur la base d'une patrie alter­native", en réfé­rence à la vision sou­tenue par des extré­mistes israé­liens, d'une Jor­danie comme Etat de sub­sti­tution pour les Palestiniens.

Khaled Mechaal, qui a annoncé le 21 janvier qu'il ne se repré­sen­terait pas à sa propre suc­cession à la tête du bureau poli­tique du Hamas, a long­temps été considéré comme repré­sentant l'aile dure du mou­vement. Proche de la Syrie et de l'Iran, il est pourtant à l'origine des ten­ta­tives de récon­ci­liation avec le Fatah, que le mou­vement isla­miste a chassé de Gaza en 2007 au terme d'un conflit entre les deux groupes rivaux.

La réconciliation interpalestinienne

Son autorité est de ce fait contestée par des diri­geants du Hamas à Gaza, qui lui reprochent ses prises de position jugées trop conci­liantes envers l'Autorité pales­ti­nienne depuis la conclusion d'un accord de récon­ci­liation entre les deux mou­ve­ments rivaux, en avril 2011.

Depuis le prin­temps 2011, Khaled Mechaal mul­tiplie en effet les décla­ra­tions conci­liantes. En mai, il se dit prêt à "donner une chance" aux négo­cia­tions avec Israël, récusées par le Hamas. En novembre, il se pro­nonce pour la "résis­tance popu­laire paci­fique", sans aller jusqu'à renoncer à la lutte armée, après un tête à tête de près de deux heures avec Mahmoud Abbas, "la pre­mière longue ren­contre au cours de laquelle il y a un dia­logue en profondeur".

Bien que la récon­ci­liation Hamas-​​Fatah tarde à se concré­tiser, Khaled Mechaal et Mahmoud Abbas, le pré­sident pales­tinien basé en Cis­jor­danie, se sont ren­contrés au Caire, en décembre. Ils ont entamé le chantier de la réor­ga­ni­sation des organes de décision pales­ti­niens, qui doit aboutir à l'unification de tous les mou­ve­ments sous l'égide de l'Organisation de libé­ration de la Palestine (OLP) - dont le Hamas, jusqu'à présent, ne fait pas partie.

Ajustements diplomatiques

Les lignes sont aussi en train de bouger pour le Hamas sur le plan diplo­ma­tique. Ankara n'a pas exclu, ces der­niers jours, que le mou­vement isla­miste ouvre un bureau de repré­sen­tation en Turquie. "Le Hamas est une impor­tante for­mation poli­tique qui a par­ticipé et rem­porté les élec­tions" dans la bande de Gaza, a indiqué le pré­sident turc Abdullah Gül dimanche.

La crise syrienne aussi a des réper­cus­sions sur le mou­vement isla­miste. Le Hamas aurait en effet entrepris de quitter la capitale syrienne où il s'était ins­tallé en 2000-​​2001, après son expulsion de Jor­danie, en août 1999, explique Ben­jamin Barthe dans Le Monde. Les diri­geants en exil du mou­vement, "à com­mencer par Khaled Mechaal", se sont "redé­ployés sur Sanaa, Khartoum, Le Caire, Doha ou Amman", selon le jour­na­liste : "Mechaal oscille entre trois capi­tales : Le Caire, où se joue la récon­ci­liation inter­pa­les­ti­nienne [et où les Frères musulmans, proches du mou­vement, sont sortis vic­to­rieux des élec­tions légis­la­tives] ; Doha, où la famille régnante a tou­jours été pro­digue à son égard ; et Damas, où il garde un pied de manière à ne pas insulter l'avenir."

Tous ces chan­ge­ments ne doivent pas être ignorés, fait valoir Zvi Bar'el dans Haaretz. L'éditorialiste rap­pelle que les grandes puis­sances ont refusé d'accepter la vic­toire du Hamas aux élec­tions de 2006, alors que celles-​​ci décou­laient des accords d'Oslo, tandis que "les offres de coopé­ration du Hamas avec Israël - certes au niveau admi­nis­tratif - ont été écartées d'un revers de main. Estimant qu'on ne peut pas "pro­longer l'illusion de conclure une paix séparée avec l'Autorité pales­ti­nienne tout en conti­nuant à bom­barder Gaza", il appelle l'Etat hébreu à prendre acte des efforts de récon­ci­liation inter­pa­les­ti­niens et à "cor­riger l'erreur diplo­ma­tique commise il y a six ans.

Publié par l'Express.


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