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Mohammad Assaf redonne une voix aux Palestiniens

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GAZA (Ter­ri­toires pales­ti­niens) (AFP) - Eclipsés par les révo­lu­tions arabes, les Pales­ti­niens retrouvent une source de fierté en suivant les succès d'un chanteur de Gaza, étoile mon­tante du concours régional "Arab Idol".

Chaque ven­dredi et samedi, jours de dif­fusion par la chaîne pan­arabe MBCà Bey­routh de l'émission, décli­naison d'un pro­gramme occi­dental, les pres­ta­tions de Mohammad Assaf, 23 ans, retrans­mises sur écran géant, font vibrer l'assistance, en Cis­jor­danie comme dans la bande de Gaza.

"Il mérite de gagner", com­mente d'un air appré­ciateur May Ifranji, 19 ans, savourant un nar­guilé dans un res­taurant de Gaza avec sa mère, Sana. "Sa voix est superbe et sa pré­sence encore davantage, per­sonne ne peut riva­liser avec lui".

La concur­rence est pourtant rude, face à de jeunes chan­teurs pro­met­teurs venus de tout le monde arabe, y compris de Syrie en proie à la guerre civile. Mais après 16 ses­sions, Mohammad Assaf, résident de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, figure parmi les sept can­didats encore en lice.

A chaque pres­tation, le jeune homme, néà Misrata (Libye), où il a vécu jusqu'à l'âge de 5 ans, emprunte au réper­toire patrio­tique pales­tinien, devant un public arborant des kef­fiehs et un jury mani­fes­tement conquis.

Les Pales­ti­niens se mobi­lisent sur les réseaux sociaux pour faire voter en faveur de leur can­didat et une entre­prise privée par­raine une cam­pagne d'affichage en ce sens dans les rues de Gaza.

"Assaf se bat pour les cou­leurs de la Palestine et de Gaza. Je le sou­tiens et je suis fière qu'il soit d'ici", explique Maya.

"Assaf a sur­monté le blocus et les res­tric­tions sociales. Gaza n'est pas que le ter­ro­risme, la mort et la vio­lence, il y a aussi des artistes qui ont besoin de découvrir leurs capa­cités et d'un peu de liberté pour cela", sou­ligne sa mère.

Israël impose un blocus ter­restre, maritime et aérien à Gaza depuis la capture en juin 2006 d'un de ses soldats — libéré en octobre 2011 en échange d'un millier de pri­son­niers pales­ti­niens. Ce blocus a été ren­forcé en juin 2007à la suite de la prise de contrôle par le mou­vement isla­miste Hamas de la bande de Gaza, désormais consi­dérée comme un "ter­ri­toire hostile", puis allégé sous pres­sions inter­na­tio­nales à la suite de l'assaut meur­trier israélien le 31 mai 2010 contre une flot­tille huma­ni­taire à des­ti­nation de l'enclave palestinienne.

"A Gaza la politique domine tout"

Le père du chanteur, Jaber, ne cache pas sa fierté. "Son talent est extra­or­di­naire et per­sonne ne peut l'arrêter", estime-​​t-​​il.

"Il donne le sourire aux gens et les unit, malgré la division", s'enthousiasme-t-il, en réfé­rence à la division entre Gaza et la Cis­jor­danie. "C'est lui l'idole des Arabes".

"S'il choisit de continuer dans la chanson, ce ne pourra pas être à Gaza, parce que la scène artis­tique ici est limitée", soupire-​​t-​​il néan­moins, déplorant le conser­va­tisme régnant dans le ter­ri­toire palestinien.

Selon la mère de Mohammad Assaf, Oum Chadi, "les jeunes de Gaza aiment la vie et veulent échapper à la pression, comme tous les jeunes dans le monde. Ils ne manquent ni de talent ni d'ambition, mais ils ont besoin de briser le cercle vicieux".

"L'artiste, en par­ti­culier à Gaza, est brimé, et en l'occurrence ce n'est pas lié au régime du Hamas", précise cette ensei­gnante dans une école pour réfugiés, "ici la poli­tique domine tout".

Si le Hamas mani­feste peu d'enthousiasme de voir l'enfant du pays s'illustrer dans un registre fort peu isla­mique, l'Autorité pales­ti­nienne, qui gou­verne les zones auto­nomes de Cis­jor­danie, ne lui ménage pas son appui moral. Le pré­sident Mahmoud Abbas a télé­phonéà Mohammad Assaf pour l'encourager, selon l'agence offi­cielle Wafa, et son Premier ministre Salam Fayyad lui exprime son soutien sur sa page Facebook.

"Gaza m'a pris ma voix mais rendu mon âme", avait déclaré en décembre le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, ori­gi­naire de Cis­jor­danie, lors de sa pre­mière visite dans la bande de Gaza, qu'il avait qua­lifiée de "nou­velle naissance".

Avec Mohammad Assaf, les Palestiniens espèrent bien avoir retrouvé leur voix.


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