Attendu au Proche-Orient la semaine prochaine, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a averti lundi 3 juin Israël qu'il serait bientôt trop tard pour faire la paix avec les Palestiniens. "Le temps presse. Les occasions se font rares. Si nous ne réussissons pas maintenant – et je sais que je fais monter les enchères – nous n'aurons peut-être pas d'autre chance", a déclaré le responsable de la diplomatie devant des centaines de personnes réunies à Washington par une association de la communauté juive américaine.
"Nous ne pouvons pas laisser les déceptions du passé prendre l'avenir en otage. Nous ne pouvons pas faire de l'absence de paix une prophétie auto-réalisatrice", a lancé M. Kerry dans un discours passionné directement adressé aux autorités et au peuple israéliens. "La solution à un Etat n'existe tout simplement pas pour aucune des deux parties" israélienne et palestinienne, a martelé le secrétaire d'Etat.
John Kerry doit s'entretenir avec les dirigeants israéliens, palestiniens et jordaniens la semaine prochaine, a indiqué lundi le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad Al-Malki. L'intéressé a rappelé devant les juifs américains qu'il avait été quatre fois dans la région depuis le mois de mars et qu'il y retournerait pour tenter de relancer des pourparlers israélo-palestiniens gelés depuis septembre 2010.
Exhortant son auditoire à"transmettre un message"à Israël, le secrétaire d'Etat a rappelé que "l'absence de paix se transforme en un conflit perpétuel". "Nous allons nous retrouver dans une spirale négative d'attaques et de réprésailles qui fermera littéralement la porte à une solution à deux Etats", a encore prévenu le ministre américain, qui enchaîne les voyages, discours, entretiens en tête-à-tête ou au téléphone avec les dirigeants arabes et israéliens depuis sa prise de fonctions il y a quatre mois. "Le statu quo n'est simplement pas tenable", a-t-il conclu.
John Kerry devait rencontrer lors de ce forum juif américain la ministre de la justice israélienne Tzipi Livni, chargée des négociations avec les Palestiniens, qui fait régulièrement le voyage de Washington. La direction palestinienne exige pour reprendre les négociations de paix un gel total de la colonisation israélienne et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou appelle de son côtéà des négociations immédiates sans "conditions préalables", en allusion à ces revendications qu'il récuse.
Publié par Le Monde