Rami Hamdallah a démissionné après seulement dix-huit jours passés à la tête du gouvernement
Pour une fois, le constat du Hamas selon lequel la démission du premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, reflète " l'état de confusion " de l'Autorité palestinienne, ne relève pas de la polémique. Accepté dimanche 23 juin par Mahmoud Abbas, ce départ ouvre une vacance à la tête du gouvernement et fait replonger l'Autorité palestinienne dans l'incertitude politique dont elle espérait être sortie après la démission de Salam Fayyad, le 2 juin, et son remplacement par M. Hamdallah.
Ce dernier sera resté dix-huit jours à ce poste placé sous la surveillance de Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. C'est cette étroite tutelle qui a incité l'ancien président de l'université Al-Najah de Naplouse à renoncer à des fonctions qu'il avait acceptées sans enthousiasme et qu'il souhaitait voir s'achever au plus tôt. Rami Hamdallah avait été flanqué de deux vice-premiers ministres par M. Abbas, Mohammed Moustapha et Ziad Abou Amar.
Le premier, proche conseiller économique de M. Abbas et président du Fonds d'investissement de Palestine (FIP), avait été présenté avec insistance comme le candidat probable pour succéder à M. Fayyad. Il est possible qu'il soit désormais en position de succéder à M. Hamdallah. Le second, ex-ministre des affaires étrangères, était l'oeil politique de M. Abbas, tandis que M. Moustapha avait vocation à superviser les questions économiques, notamment les relations avec les organisations financières internationales, un domaine que Salam Fayyad gardait sous son contrôle exclusif. Un récent entretien entre des représentants de la Banque mondiale et M. Moustapha aurait convaincu M. Hamdallah qu'il aurait du mal à s'imposer face à celui qui faisait figure de premier ministre officieux.
En le choisissant pour succéder à Salam Fayyad - qui, parce qu'il bénéficiait de la confiance des bailleurs de fonds et de l'administration américaine, lui faisait de l'ombre -, Mahmoud Abbas avait clairement opté pour un universitaire dépourvu d'expérience politique et économique, dont il pensait qu'il ferait un bon exécutant. Non seulement il s'est trompé sur la personnalité de Rami Hamdallah, mais il a également confirmé le caractère profondément autocratique du fonctionnement de l'Autorité palestinienne.
Mahmoud Abbas affaibli
Affaibli par cette crise politique, Mahmoud Abbas pourrait choisir d'assumer lui-même les fonctions de chef du gouvernement tout en gardant à ses côtés Mohammed Moustapha et Ziad Abou Amr pour une période intérimaire, soit jusqu'à la nomination d'un gouvernement d'union avec le Hamas, en principe à la mi-août. Compte tenu des profondes divergences entre les deux principaux mouvements palestiniens, le respect de cette échéance semble très incertain.
Le premier ministre palestinien n'exerce aucune influence sur le processus de négociations avec Israël. Mais cette démission intervient alors que John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, est attendu, les 27 et 28 juin, en Israël et en Jordanie (où il rencontrera M. Abbas), pour poursuivre sa mission de bons offices destinée à provoquer une relance des négociations israélo-palestiniennes.
En prévision de son arrivée, les deux parties ont renouvelé ces derniers jours leur volonté de reprendre des pourparlers, sans pour autant faire la moindre concession. Pour cette raison, il est probable que la cinquième tournée de M. Kerry dans la région sera aussi peu propice à une avancée politique significative que les précédentes.