Nous venons d'apprendre la mort d'Henri Alleg et tenons à saluer la mémoire d'un militant emblématique de la lutte anticoloniale. Quand le directeur d' « Alger républicain » rentre dans la clandestinitéà l'automne 1955, alors que son journal et le Parti communiste algérien viennent d'être interdits, il sait la dureté du combat qui l'attend. Il le mènera sans faillir jusqu'à son arrestation au domicile de son camarade Maurice Audin. Maurice Audin sera assassiné, Henri Alleg atrocement torturé par l'armée française. Il tirera de cette terrible expérience son livre « La question », publié aux éditions de Minuit, aussitôt interdit, mais succès clandestin, qui marquera toute une génération anticolonialiste et bien au-delà.
En 2000, avec d'autres intellectuels, il signe "l'appel des douze" pour que l'Etat français reconnaisse enfin la torture érigée en système pendant la guerre d'Algérie.
Comme tous les anticolonialistes, nous avons une dette envers Henri Alleg et la conscience aiguë de poursuivre aujourd'hui un combat qui était aussi le sien : le combat pour la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien. C'est à ce titre qu'il avait été tout naturellement membre du comité de parrainage du Tribunal Russell pour la Palestine et de la campagne « un bateau français pour Gaza ». Nous tenons à adresser à sa famille, à son fils Jean, à ses proches, nos plus sincères condoléances. Nous resterons fidèles à sa mémoire en perpétuant son combat pour un monde de droit, de justice et d'amitié entre les peuples.
Jean-Paul Roche