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Les Bédouins d'Israël menacés par un plan d'expulsion de leurs terres

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La question pales­ti­nienne détourne l'attention d'une autre popu­lation arabe vivant sous un statut de citoyens Israé­liens déplacés à l'intérieur d'Israël : ce sont les Bédouins du Néguev, dans le sud d'Israël, entre 50000 et 140000 per­sonnes, soit jusqu'à12% de la popu­lation arabe du pays.

Les Bédouins ont peuplé le Néguev depuis le sep­tième siècle et for­maient la grande majorité de la popu­lation locale. Ils vivaient en pas­teurs nomades. Ils consti­tuent aujourd'hui la com­mu­nauté la plus vul­né­rable en Israël.

Réunis sur 10 % de leurs terres

Après le conflit de 1948, la plupart des Bédouins du Néguev ont dû fuir ou ont été chassée et déplacés.

La vallée du Jourdain, stra­té­gique du fait de la fron­tière avec la Jor­danie et repré­sentant l'essentiel des terres agri­coles, devint un des projets les plus impor­tants de la colo­ni­sation juive. La séden­ta­ri­sation a été pro­posée aux Bédouins contre l'abandon de grandes parties de leur mode de vie traditionnel.

Ils ont été emmenés à s'établir dans sept agglo­mé­ra­tions offi­cielles conçues par l'administration, équi­va­lents à10% de leur ancien ter­ri­toire. Ils se sont vus offrir des terres construc­tibles, l'accès à l'eau, à l'électricité, aux routes, au soutien médical et aux écoles.

Malgré de fortes pres­sions, seulement la moitié de la popu­lation bédouine accepte de suivre ce plan.

L'autre moitié fut parquée à l'intérieur d'une zone de « camps » consi­dérés illégaux : la « Zone Fermée ».

Les Bédouins choi­sissent enfin la séden­ta­ri­sation sur leurs terres et non pas sur des terres définies par l'État, géné­ra­lement de seconde zone par rapport aux terres pro­posées aux colonies juives.

Du fait qu'ils résident dans des endroits qui ne sont pas sujets à une juri­diction muni­cipale, ils ne sont pas en mesure de demander des permis de construire.

Alors qu'en 1998 le plan de déve­lop­pement de Beer Sheba (la capitale du Néguev et sixième agglo­mé­ration israé­lienne) a défini la cité et son arrière-​​pays comme une « métropole binationale ».

La mise en route du processus de ségrégation

Ainsi, l'État d'Israël considère les vil­lages bédouins comme illégaux. Ces vil­lages manquent de tous les ser­vices de base comme l'eau, l'électricité, l'assainissement, l'éducation, les ser­vices médicaux et les routes.

Le pré­texte officiel se repose sur la défi­nition de l'identité israé­lienne : être Israélien com­porte la notion d'être occi­den­talisé, démo­cra­tique et moderne. Les Bédouins du Néguev sont auto­cra­tiques, régis par des tribus et des chefs de tribu. Donc, ils ne méritent pas leur place dans l'Etat moderne d'Israël à moins qu'ils acceptent d'être réformés et modernisés.

Dans cette logique, l'Etat d'Israël étudie un plan dit le « Prawer-​​Begin ». Il consiste à l'expulsion de 30à40000 Bédouins et à la des­truction de leurs vil­lages. Ce plan est prévu sur 3 ans.

Les réactions extérieures au plan Prawer-​​Begin

En mars 2012, le Comité des Nations unies pour l'élimination de la dis­cri­mi­nation raciale demandait à Israël de ne pas mettre en œuvre le plan Prawer-​​Begin.

En juillet 2012, le Par­lement européen s'était mobilisé contre ce plan et avait appelé le gou­ver­nement israélien à« pro­téger les com­mu­nautés bédouines, dans la région du Néguev et en Cis­jor­danie à res­pecter leurs droits » et donc au « retrait du plan Prawer-​​Begin ».

La même année 2012, Le consortium d'ONG Oxfam Inter­na­tional publie un document évaluant l'impact des colonies israé­liennes sur les popu­la­tions de la vallée du Jourdain et pointe un accès inégal à la terre et à l'eau.

Res­pon­sable à Oxfam France, Nicolas Vercken précise dans une interview donnée au journal Le Monde :

« il y a eu une volonté poli­tique de faire croître la popu­lation israé­lienne, et de changer l'équilibre démo­gra­phique. Israël a ainsi accaparé les terres et les capa­cités pro­duc­tives dans la vallée du Jourdain. »

L'adoption définitive du plan est en cours

Pré­senté le 25 juin 2013, le Par­lement israélien, la Knesset, a approuvé le plan Prawer-​​Begin et pourrait adopter défi­ni­ti­vement cette loi avant la fin de la session par­le­men­taire fin juillet.

Le 15 Juillet 2013, des mil­liers d'arabes Israé­liens et des pales­ti­niens sont des­cendus dans les rues contre ce plan. C'est une journée qui a été désignée comme la journée nationale de la rage, ou grève de la colère. Des dizaines de per­sonnes ont été blessées ou arrêtées ce jour-​​là.

Ce plan est une vio­lation fla­grante des droits des Bédouins à la pro­priété, au logement et à la liberté de choisir leur lieu de rési­dence et leur mode de vie.

Le Centre Adala, un orga­nisme vouéà la défense des droits de la minorité arabe d'Israël, a cri­tiqué le projet de loi, sou­li­gnant que « le comité Prawer, dirigé par l'ancien vice-​​président du Conseil national de sécurité, a délaissé les recom­man­da­tions de la Com­mission Goldberg, et a préparé un plan tout à fait nouveau ».

Vers l'étiolement de l'identité bédouine

La Com­mission Goldberg, pré­sidée par Eliezer Goldberg et mise en place par le gou­ver­nement israélien à la fin 2007 pour mettre fin aux litiges fon­ciers entre l'Etat et les Bédouins du Néguev, avait publié son rapport en novembre 2011. Ses recom­man­da­tions évoquent un pro­cessus de léga­li­sation pour de nom­breuses maisons dans les vil­lages bédouins consi­dérés illégaux.

Le rapport Goldberg est jeté aux oubliettes et rem­placé par le plan Prawer-​​Beguin. Selon l'étude de Kathrin Koeller, du Dépar­tement du déve­lop­pement Inter­na­tional de l'Université d'Oxford, la teneur de ce dernier plan montre la déter­mi­nation d'Israël à acca­parer autant de terres que pos­sible à l'usage exclusif des rési­dents juifs.

« Pour ce faire, Israël considère le Néguev comme un vacuum domi­cilium (domicile vacant) ou terra nullius (terre sans peuple), un espace propice à la colo­ni­sation, les bédouins étant perçus comme des nomades sans souches qui n'ont aucun lien ou droit au ter­ri­toire. […] La longue lutte pour le contrôle du Néguev et pour les libertés démo­cra­tiques a des consé­quences sur le mode de vie d'une part, mais d'autre part sur l'essence même de l'identité moderne des Bédouins. »

Publié par Rue89


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