Le général en retraite James Mattis affirme que la situation au Moyen-Orient est “intenable“ et que l'Amérique paie chaque jour le prix sécuritaire du conflit israélo-palestinien.
Un ancien général US a affirmé la semaine dernière que les Etats-Unis paient “chaque jour“ un prix militaire et sécuritaire à cause du conflit israélo-palestinien, et il a prévenu que la construction ininterrompue de colonies est susceptible de transformer Israël en un état d'apartheid.
Le général en retraite James Mattis, qui, jusqu'il y a deux mois, dirigeait le Commandement central de l'armée américaine (CENTCOM) et commandait les forces américaines au Moyen-Orient, a fait ces commentaires à une conférence de l'Aspen Institute, samedi dernier.
Mattis a pris sa retraite le 22 mai, après 41 ans sous l'uniforme. Comme chef du CENTCOM, Mattis commandait les forces US dans 20 pays, de l'Egypte à l'ouest à l'Afghanistan et au Pakistan à l'est. Auparavant, il a occupé une série de postes d'officier supérieur dans les Marines : commandant de brigade lors de la première guerre du Golfe ; commandant de bataillon en Afghanistan ; et commandant de division lors de l'invasion de l'Irak en 2003.
Pendant la conférence Mattis a été interviewé par le journaliste de CNN Wolf Blitzer, qui lui a demandé ce qu'il pensait de la déclaration du Secrétaire d'Etat John Kerry au sujet de la reprise des négociations entre les Israéliens et les Palestiniens. Mattis a loué Kerry pour ses efforts, mais il a dit qu'il doutait que les Israéliens et les Palestiniens soient aussi intéressés que le secrétaire USà réaliser des progrès.
Le général Mattis a ensuite fait une prédiction pessimiste sur ce qui pourrait arriver si un état palestinien n'est pas établi. “Je voudrais vous dire que la situation actuelle est intenable“, ajoutant “On doit s'en occuper directement. Nous devons trouver un moyen de réaliser la solution à deux états que les administrations démocrates et les républicaines ont soutenue. Il faut que nous y arrivions, et les chances commencent à diminuer à cause des colonies, et des lieux où elles sont installées. [Elles] vont rendre impossible le maintien de l'option à deux états.“
Mattis a discuté les dangers qui menacent l'avenir d'Israël, et il a pris les colonies comme exemple. “ Supposons que je sois à Jérusalem et que j'installe 500 colons juifs à l'est, et qu'il y ait 10000 colons arabes entre les deux, alors si on trace une frontière pour les inclure, soit cela cesse d'être un état juif, soit on dit que les Arabes n'ont pas le droit de vote – c'est l'apartheid“ a-t-il prévenu. “Cela n'avait pas trop bien marché la dernière fois que je l'ai vu pratiqué dans un pays. Nous devons donc y travailler de façon urgente“.
Le général américain a insisté sur le fait que la poursuite du conflit israélo-palestinien nuit aux intérêts sécuritaires de l'Amérique. “En tant que commandant du CENTCOM, j'ai payé chaque jour un prix en termes de sécurité militaire parce que les Américains sont vus comme de parti pris pour Israël“. “Cela influence tous les Arabes modérés qui souhaitent être à nos côtés, parce qu'ils ne peuvent pas annoncer publiquement qu'ils soutiennent des gens qui ne montrent aucun respect pour les Arabes palestiniens. Alors [Kerry] met en plein dans le mille avec ce qu'il est en train de faire. J'espère simplement que les protagonistes souhaitent autant que lui la paix et une solution à deux états.“
Les mots durs de Mattis confirment la perception qui prévaut actuellement dans les sphères militaires et de la défense aux Etats-Unis au sujet de l'occupation israélienne de la Cisjordanie. Et sa semonce rappelle une déclaration presque identique de son prédécesseur, le général David Petraeus lors d'une audition au Sénat en 2010.
“Les hostilités persistantes entre Israël et certains de ses voisins posent des défis évidents à notre capacitéà faire avancer nos intérêts dans la région“ avait dit Petraeus à l'époque. “ Le conflit israélo-palestinien fomente un sentiment anti-américain, dûà la perception d'un favoritisme US vis-à-vis d'Israël. La colère arabe à propos de la question palestinienne limite la force et la profondeur des partenariats des Etats-Unis avec les gouvernements de la région, et elle affaiblit la légitimité des régimes modérés dans le monde arabe.“
Traduction AFPS/RP
Publié par Haaretz