Le président français durcit le ton et demande l'arrêt « définitif » de la colonisation.
Le président français François Hollande a plaidé hier, devant le Parlement israélien, pour un partage de Jérusalem comme capitale des deux États, dans le cadre d'une résolution du conflit israélo-palestinien. « La position de la France est connue. C'est un règlement négocié pour que les États d'Israël et de Palestine, ayant tous deux Jérusalem pour capitale, puissent coexister en paix et en sécurité», a-t-il déclaré dans un discours d'une demi-heure à la Knesset. « La colonisation doit cesser car elle compromet la solution des deux États », a-t-il estimé, à l'intention du gouvernement israélien, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu l'a précédéà la tribune, l'accueillant par un « Bienvenue à Jérusalem, capitale du peuple juif depuis 3000 ans ». Le chef d'État français a également appelé le président palestinien Mahmoud Abbas, devant lequel il avait auparavant plaidé pour « une solution réaliste » au problème des réfugiés, à faire preuve de « réalisme sur tous les sujets ». « Deux États pour deux peuples, tel est le constant message pour un règlement final, mais un règlement final veut dire en finir avec toutes les revendications », a souligné M. Hollande. Sur ce thème, le chef du gouvernement israélien a d'ailleurs invité M. Abbas à« venir au Parlement israélien », le sommant de « reconnaître la vérité historique : les Juifs ont un lien de près de 4000 ans avec la terre d'Israël ».
Au sujet du nucléaire iranien, le président a également affirmé que « la France ne laissera pas l'Iran se doter de l'arme nucléaire ». « J'affirme ici que nous maintiendrons les sanctions tant que nous n'aurons pas la certitude du renoncement définitif de l'Iran à son programme militaire », a-t-il assuré.
« Nous ne pouvons pas admettre qu'il puisse avoir accès à l'arme nucléaire parce que ce serait une menace pour Israël, pour d'autres pays de la région mais également un danger pour le monde », a-t-il ajouté. La France « combat de toutes ses forces l'antisémitisme sous toutes ses formes », a en outre proclamé M. Hollande, concluant son discours par une formule en hébreu : « Longue vie et paix au peuple d'Israël. »
« L'occupation doit cesser »
Auparavant, lors d'une rencontre avec Mahmoud Abbas à la Mouqataa, siège de la présidence palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie, le chef de l'État français avait durci le ton en demandant « l'arrêt total et définitif de la colonisation parce qu'elle compromet la solution des deux États ». Geste hautement symbolique, il a déposé une gerbe au mausolée du dirigeant historique palestinien Yasser Arafat, décédé le 11 novembre 2004 dans un hôpital militaire français, et dont le tombeau se trouve dans l'enceinte de la Mouqataa. « Longue vie à l'amitié entre la France et la Palestine », a dit en arabe le président français.
M. Abbas a pour sa part rappelé que la colonisation était « illégale » au regard du droit international et remercié l'Union européenne, en particulier la France, pour ses récentes lignes directrices excluant les territoires occupés de sa coopération avec Israël. Il a néanmoins assuré, comme la veille dans une interview exclusive à l'AFP, que les négociations de paix iraient jusqu'au bout des neuf mois prévus. Malgré sa dénonciation de la colonisation, M. Hollande a rejeté une proposition d'une universitaire palestinienne qui lui demandait « pourquoi ne pas déclarer les colons mouvement terroriste » en raison des nombreuses attaques qui leur sont imputées. « On peut être dans l'illégalité sans être dans le terrorisme. Le terrorisme, c'est quelque chose d'odieux, c'est s'en prendre à la vie d'innocents », a-t-il répondu.
« L'occupation est une autre chose. Elle doit cesser, je l'ai dit », a-t-il poursuivi, lors d'une rencontre avec la société civile palestinienne au musée Mahmoud Darwiche, où repose le poète, auteur de la Déclaration d'indépendance de la Palestine. Cinq accords bilatéraux ont été signés lors de cette visite en Cisjordanie, dont une convention d'aide budgétaire pour 2013 d'un montant de 9 millions d'euros, et une déclaration d'intention de création d'un lycée français à Ramallah. Le président français avait débuté sa journée à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, par une rencontre avec des prélats chrétiens et des personnalités palestiniennes. « Sur neuf mois, trois sont passés sans progrès réel. Il faut hâter, accélérer le processus », a-t-il plaidé.
Publié par L'Orient le jour