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Empêcher un politicide au Proche-​​Orient

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Le pro­cessus de paix bila­téral que les Etats-​​Unis ont cherché obs­ti­nément à isoler de toute inter­fé­rence exté­rieure n'est pas seulement un exercice vide mais a donné à Israël une cou­verture pour son pro­gramme de colonisation.

Depuis le com­men­cement, le but de ce projet a été de miner l'idée d'indépendance nationale pales­ti­nienne, un but auquel s'est associé Israël. En forçant les Pales­ti­niens à retourner encore et encore à cet exercice vide, et en conti­nuant à bloquer les ten­ta­tives menées par d'autres inter­ve­nants, y compris l'ONU et des diverses agences inter­na­tio­nales, les Etats-​​Unis ont en fait col­laboré avec la poli­tique d'annihilation de toute entité poli­tique pales­ti­nienne de Neta­nyahu – la mise à mort de l'existence poli­tique nationale des Pales­ti­niens. Le seul espoir restant pour l'aboutissement de la solution à deux états au conflit israélo-​​palestinien dépend entiè­rement de la capacité de la com­mu­nauté inter­na­tionale à balayer la pré­tention amé­ri­caine au monopole sur l'instauration de la paix au Moyen Orient – une pré­tention qui a perdu toute cré­di­bilité avec la capi­tu­lation hon­teuse du pré­sident Obama face à Neta­nyahu lors de son dis­cours devant l'Assemblée générale des US – et à inter­venir vigou­reu­sement afin de chercher à changer la tra­jec­toire désas­treuse du pro­cessus de paix.

La récente condam­nation publique du vice-​​ premier ministre du Royaume Uni Nick Clegg de la colo­ni­sation israé­lienne qua­lifiée par lui de van­da­lisme, n'était que la der­nière dans le concert gran­dissant des atteintes à la cré­di­bilité de Neta­nyahu, aux agis­se­ments de pré­dateur d'Israël en Cis­jor­danie et au rôle hégé­mo­nique de l'Amérique dans l'établissement de la paix au Moyen orient. En février dernier quand Neta­nyahu a appelé Angela Merkel pour faire part de sa déception au sujet du soutien allemand d'une réso­lution de l'ONU condamnant la construction qui continue dans les colonies, elle a répondu avec colère : « C'est vous qui nous décevez. Vous n'avez pas fait un seul geste pour faire avancer la paix. » Et elle a mis un point d'honneur à ce qu'il y ait des fuites suite à cet entretien privé.

Plus récemment (12 janvier ) le journal the Inde­pendent, du Royaume-​​Uni, rap­porte que l' UE a exprimé sa cri­tique la plus vive à ce jour concernant les démo­li­tions de maisons et d'exploitations agri­coles, un régime inter­disant tout projet foncier, une expansion sans fin des colonies, la bar­rière de sépa­ration mili­taire, les obs­tacles à la liberté de mou­ve­ments, le refus de l'accès aux res­sources natu­relles vitales, y compris la terre et l'eau, qui rogne une grande partie de l'étendue des terres de Cjs­jor­danie sur laquelle repose l'espoir d'une conti­guïté ter­ri­to­riale pour un Etat pales­tinien viable. D'après le rapport Israël est en train de dépos­séder les Pales­ti­niens de 70% de la Cisjordanie.

La contes­tation inter­na­tionale crois­sante est le signe d'un refus bienvenu , quoique tardif, de la part des prin­cipaux pays d'Europe, d'Amérique latine et d'Asie de s'aligner davantage sur les US sur cette question, et du fait qu'ils sont prêts à dire ce qu'ils savaient depuis long­temps mais hési­taient à for­muler, à savoir que l'engagement annoncé par Neta­nyahu dans la création d' un état pales­tinien est un mensonge.

Si ces inter­ven­tions doivent avoir une chance de succès, leur premier but doit être de mettre fin à l'érosion du consensus inter­na­tional actuel, concernant des para­mètres qui doivent constituer le cadre de négo­cia­tions abou­tissant à un accord sur le statut per­manent. Un tel effort doit se foca­liser tout d'abord sur l'exigence que les négo­cia­tions sur le ter­ri­toire et les fron­tières com­mencent sur la ligne de juin 67, car la remise en cause de cette ligne est essen­tielle dans l'optique du poli­ticide per­pétré par Israël. Les US peuvent bien mettre leur veto à une réso­lution du Conseil de Sécurité qui cherche à for­ma­liser ces para­mètres. Mais leur ambas­sa­drice aurait non seulement à recon­naître un soutien pérenne de l'Amérique pour un tel cadre, très récemment recon­firmé par le dis­cours du Pré­sident Obama du 19 mai, mais aussi à insister sur l'engagement continu de l'Amérique dans cette voie. Elle répon­drait sans aucun doute que les US s'opposent à la réso­lution non en vertu de son contenu mais pour des raisons de « procédure ».

L'importance de tels rappels inter­na­tionaux de ces para­mètres et l'insistance à redire que des chan­ge­ments uni­la­téraux sur la ligne verte d'avant 67 ne seraient pas reconnus par la com­mu­nauté inter­na­tionale, n'est pas exa­gérée. Car l'élimination de la ligne verte de 67 est cru­ciale pour la cam­pagne menée par Neta­nyahu et son gou­ver­nement pour gagner le soutien d'au moins quelques pays qui s'aligneraient sur la position scan­da­leuse du gou­ver­nement israélien selon laquelle les ter­ri­toires occupés sont des ter­ri­toires contestés, un pré­texte invoqué pour jus­tifier le van­da­lisme per­pétré par Israël en Cisjordanie.

C'est pourquoi Neta­nyahu est devenu qua­siment hys­té­rique quand il a appris qu'Obama devait confirmer dans son dis­cours du 19 mai le soutien amé­ricain pour la ligne verte de 67 comme base pour une reprise des négo­cia­tions.. C'est aussi pourquoi Neta­nyahu s'est tou­jours dérobé aux pres­sions inter­na­tio­nales qui l'enjoignaient à déclarer où il plaçait la nou­velle fron­tière. S'il s'apprêtait à le faire, il pro­vo­querait imman­qua­blement une condam­nation même de la part de pays qui jusqu'à main­tenant ont pré­tendu croire dans son soutien, par lui déclaré, d'une solution à deux états. D'ici la pro­chaine élection pré­si­den­tielle aux US, période durant laquelle les US vont vrai­sem­bla­blement user de leur veto contre tous les efforts répétés par les pales­ti­niens pour obtenir leur statut de membre de l'ONU, et vont s'opposer à toute inter­vention inter­na­tionale dans le pro­cessus de paix, de telles inter­ven­tions devraient avoir deux directions :

- D'abord, comme il est dit, obtenir du Conseil de Sécurité une réso­lution qui fixe des para­mètres clairs pour des négo­cia­tions sur un statut per­manent. Une esquisse de ces para­mètres a été pré­sentée pré­cé­demment en Février dernier à l'ONU par les Trois Euro­péens (Royaume uni, France et Alle­magne), tous membres du Conseil de Sécurité, quand ils ont demandé aux parties de reprendre des négo­cia­tions directes « sur la base de para­mètres clairs ».

  • Un accord sur les fron­tières des deux états, basées sur les lignes de 1967 avec un échange équi­valent de terre sur lequel les parties s' entendent :
  • Des ententes sur la sécurité, qui, pour les Pales­ti­niens, res­pectent leur sou­ve­raineté et montrent que l'occupation est ter­minée ; et, pour les Israé­liens, pro­tègent leur sécurité, et empêchent la résur­gence du ter­ro­risme et prend en consi­dé­ration de manière effective les menaces émer­gentes.
  • Une solution juste, honnête, approuvée par les deux parties, au pro­blème des réfugiés
  • La réa­li­sation des aspi­ra­tions des deux parties concernant Jéru­salem. On doit trouver un moyen de résoudre par des négo­cia­tions le statut de Jeru­salem comme future capitale des deux états.

- La deuxième chose c'est d'obtenir une recon­nais­sance onu­sienne non ambigüe du droit des pales­ti­niens à une auto déter­mi­nation nationale. Ce droit est considéré en droit inter­na­tional comme norme impé­rative, ce qui veut dire qu'elle prime sur les accords préa­lable sur la réso­lution de conflits, les traités et les accords bila­téraux.. Si ce principe est remis en cause par Israël ou les US, c'est une affaire que les Euro­péens et autres pays devraient porter, de concert avec les pales­ti­niens, devant la Cour inter­na­tional de Justice.

Ayant été jugée « per­ti­nente pour l'établissement d'un état dans un futur proche « , l'auto-détermination nationale pales­ti­nienne n'est pas soumise à l'approbation d'Israël ou à des accords de paix conclus entre les deux parties. En fait non seulement l'auto-détermination pales­ti­nienne n'entre pas en conflit avec les négo­cia­tions bila­té­rales des ques­tions du statut per­manent demandées par l'accord d'Oslo, mais elle amé­liore même leurs chances de succès. Les exi­gences légi­times d'un état sou­verain qui a recours aux ins­ti­tu­tions inter­na­tio­nales et à la Cour de justice inter­na­tionale sont prises plus au sérieux que les plaintes d'un peuple assu­jetti et privé de tous ses droits par l'occupant. La recon­nais­sance du droit impé­ratif des Pales­ti­niens à l'auto-détermination conduirait à la recon­nais­sance de l'état pales­tinien par presque tous le pays qui l'ont approuvée jusque là. Dans ce contexte, le mépris continuel d'Israël vis à vis du rejet par le monde entier de ses visées ter­ri­to­riales en Cis­jor­danie , pourrait bien déclencher une cam­pagne d'isolement et de délé­gi­ti­mation à laquelle aucun gou­ver­nement israélien n'est pro­ba­blement capable de survivre.

Cette situation peut aussi inciter le Conseil de Sécurité à invoquer le « règlement par défaut » des réso­lu­tions onu­siennes 242 et 338, qui n'autorisent aucu­nement une rétention per­ma­nente par Israël des ter­ri­toires occupés, non plus que la dépos­session et la pri­vation de leurs droits civiques des pales­ti­niens, car les réso­lu­tions 242 et 338 inter­disent expli­ci­tement l'acquisition de ter­ri­toires suite à une guerre, quel que soit le camp qui l'a déclenchée. En fait, le règlement par défaut est un retour de la réso­lution du conflit au Conseil de Sécurité. La pro­chaine admi­nis­tration des US ne rejoindra pro­ba­blement pas une telle ini­tiative, mais les gou­ver­ne­ments israé­liens ne peuvent pas compter sur un veto amé­ricain pour pour­suivre leur pro­gramme de colo­ni­sation. Le prix à payer pour les US s'ils recourent à un tel veto – par rapport à leur image inter­na­tionale et leurs intérêts dans les pays du prin­temps arabe, peut se révéler beaucoup trop élevé. Tout ça pour dire que tout effort pour recon­fi­gurer les stra­tégies de paix sans d'abord se baser impé­ra­ti­vement sur le droit des pales­ti­niens à un état, est condamné à l'échec. La décla­ration d'Obama dans son dis­cours aux Nations unies selon laquelle les Pales­ti­niens peuvent obtenir leur état à la suite d'un accord de paix avec Israël conclu lors de négo­cia­tions bila­té­rales, a en fait donné à Neta­nyahu et Avigdor Lie­berman le droit exclusif d'accorder ou de refuser aux pales­ti­niens leur indé­pen­dance. Etant donné la déter­mi­nation d'Israël à faire aboutir son pro­gramme de colo­ni­sation, aucune diplo­matie, sans pers­pective d'intervention inter­na­tionale et onu­sienne ne peut mettre un terme au but quasi-​​atteint d'Israël , de n'accorder aux Pales­ti­niens rien d'autre que des Bantoustans.

Le nouveau franc-​​parler sur cette question des pays clés euro­péens, de la Turquie, du Brésil et d'autres pays qui font partie du groupe des BRICS, aussi bien que d'autres pays d'Asie, donne une chance de passer de l'orientation sans espoir d'une diplo­matie au Moyen Orient contrôlée par les Etats-​​Unis, à une autre plus pro­met­teuse – à condition tou­tefois que ces Etats et ces groupes régionaux fassent suivre leur cou­ra­geuse nou­velle rhé­to­rique de cou­rageux pas­sages à l'acte.

Henry Siegman est le président du U.S/Middle East Project.

Publié par le Huf­fington Post.


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