Plusieurs centaines de Palestiniens ont défilé vendredi à Ramallah pour dénoncer les dernières propositions du secrétaire d'Etat américain, qui effectue sa dixième visite dans la région pour promouvoir le processus de paix avec Israël.
"Kerry, lâche, ta place n'est pas en Palestine !", ont-ils scandé. Le chef de la diplomatie américaine devait être reçu quelques heures plus tard par Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.
Yasser Abbed Rabbo, adjoint d'Abbas à la tête de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a par ailleurs jugé les propositions de John Kerry en faveur d'un "accord cadre" trop favorables à Israël.
Un tel accord, estime le secrétaire d'Etat, permettrait de rapprocher les positions et d'ouvrir la voie à un règlement définitif du conflit avant le 29 avril, date-butoir du dernier cycle de négociations entamé en juillet après un gel de trois ans.
"La partie palestinienne n'examinera même pas un bout de papier sans valeur, un accord cadre contenant des principes généraux pour des négociations ultérieures, alors que les deux parties ont déjà négocié pendant des mois et des années", dit-il dans un communiqué repris vendredi par Al Ayyam.
Malgré les efforts de Washington, les positions israéliennes et palestiniennes restent à des lieues les unes des autres en ce qui concerne les questions-clé du tracé des frontières, de la sécurité, des réfugiés et du statut de Jérusalem.
"LEPEUPLEVEUTLACHUTEDE L'ACCORDCADRE !"
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a qui plus est annoncé la semaine dernière la mise en chantier prochaine de 1.400 logements dans les colonies juives de Cisjordanie.
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Zeev Elkin a par ailleurs exclu jeudi la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières d'avant la guerre des Six-jours (1967).
John Kerry s'est entretenu jeudi pendant cinq heures avec le Premier ministre israélien, qui l'a de nouveau reçu vendredi.
A Ramallah, les forces de l'ordre ont barré la route aux 300 manifestants qui se dirigeaient vers la Moukata, siège de la présidence palestinienne, où Mahmoud Abbas devait recevoir John Kerry.
"Le peuple veut la chute de l'accord cadre !", ont-ils repris en coeur, s'inspirant de l'un des slogans-phares du "printemps arabe".
Benjamin Netanyahu doute lui aussi des propositions du secrétaire d'Etat, selon le sénateur américain John McCain, qui se trouve également dans la région et qui s'est entretenu avec le Premier ministre.
"Netanyahu a de sérieuses inquiétudes au sujet du plan tel qu'il lui a été exposé, qu'il s'agisse de la capacité d'Israël à défendre ses frontières ou de la fiabilité de l'Etat palestinien (…) et plus particulièrement de la sécurité en général.
"Nous sommes également très inquiets", a-t-il ajouté, s'adressant à la presse en compagnie du sénateur Lindsey Graham, également du voyage.