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Une star trébuche sur les colonies

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La défense de son sponsor par Scarlet Johansson est naïve.

La décision de l'actrice Scarlet Johansson de ne plus être ambas­sa­drice de l'organisation cari­tative pour la justice sociale Oxfam, et de continuer àêtre ambas­sa­drice de la marque SodaS­tream, une entre­prise israé­lienne qui fabrique des dis­tri­bu­teurs de boissons pétillantes “maison“ dans une usine de Cis­jor­danie occupée pourrait ne pas être prise plus au sérieux qu'une tempête dans un verre d'eau gazeuse. Ce serait une erreur.

La star de Lost in trans­lation a braqué acci­den­tel­lement un pro­jecteur sur une question impor­tante – est-​​il ou non juste et légal de faire des affaires avec des sociétés impli­quées dans les colonies israé­liennes illé­gales éta­blies sur la terre pales­ti­nienne – tout en donnant invo­lon­tai­rement des cou­leurs à la cam­pagne pour un boycott d'Israël jusqu'à son retrait de Cis­jor­danie occupée et de Jéru­salem Est - une question dif­fé­rente, au moins jusqu'ici.

SodaS­tream fabrique cer­tains dis­tri­bu­teurs d'eau gazeuse à Maale Adumim, la plus grande colonie israé­lienne de Cis­jor­danie, illégale en droit inter­na­tional. Il emploie quelque 500 Pales­ti­niens et affirme qu'il agit en faveur des emplois et de la coexis­tence paci­fique entre Arabes et Juifs. Mme Johansson déclare que la société“construit un pont pour la paix entre Israël et la Palestine“. C'est naïf, tout comme sa confusion entre cette polé­mique et le fait que le mou­vement Boycott, Dés­in­ves­tis­sement, Sanction prô­nerait l'isolement d'Israël.

Le statut des colonies en droit inter­na­tional est clair même si Israël choisit de l'ignorer et d'étendre sa colo­ni­sation de la terre, tandis qu'il négocie soi-​​disant la création d'un état pales­tinien. L'an dernier l'UE a adopté des règles inter­disant le finan­cement d'entités qui opèrent dans les colonies illé­gales. Malgré tout, l'UE a laissé Israël par­ti­ciper à Horizon 2020 – c'est le seul état non-​​membre dans ce pro­gramme de recherche et déve­lop­pement de 80 mil­liards d'€ - ce qui rend les ins­tituts tech­no­lo­giques israé­liens per­for­mants éli­gibles pour l'argent public européen à condition de ne pas le dépenser dans les colonies.

Ceci n'est pas du boycott. C'est l'application du droit. Mais si Israël main­tient son occu­pation, et rejette les termes d'un accord de paix négociés par le secré­taire d'Etat John Kerry, ces dis­tinc­tions vont s'éroder. Des fonds de pension euro­péens ont déjà com­mencéà retirer leurs inves­tis­sement de banques israé­liennes ayant des suc­cur­sales dans les colonies.

Des diri­geants israé­liens, des anciens pre­miers ministres Ehud Barak et Ehud Olmert à Tzipi Livni et Yair Lapid, ministres de la justice et des finances dans le gou­ver­nement actuel de droite de Ben­jamin Neta­nyahou, ont averti qu'Israël va être ostracisé s'il ne conclut pas un accord sur la Palestine. Actuel­lement, ce sont les colonies qui sont ciblées. Mais cela pourrait faci­lement se trans­former en un boycott général.

Il est hypo­crite d'idéaliser les entre­prises des colonies. L'occupation empri­sonne des mil­liers de jeunes Pales­ti­niens, elle donne leurs terres et leur eau aux colons, elle démolit leurs maisons et elle découpe le ter­ri­toire restant par des tas de check points et de routes séparées. Il n'y a presqu'aucune base pour fonder une éco­nomie. La seule façon de créer des emplois pales­ti­niens est de mettre un terme à l'occupation et de laisser les Pales­ti­niens construire ces fon­da­tions – et non de construire des “ponts pour la paix“ sur la terre de l'autre peuple sans sa permission.

Traduction de l'anglais AFPS/​RP

Publié par Financial Times


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