Israël a adopté hier un projet de loi controversé qui, pour la première fois, fait la distinction entre les citoyens arabes de confession musulmane et ceux d'obédience chrétienne, suscitant des protestations palestiniennes.
Le texte approuvé par la Knesset (Parlement israélien) élargit la Commission nationale sur l'égalité des chances dans l'emploi de 5à10 membres, accordant des sièges distincts à des représentants des travailleurs chrétiens et musulmans de la communauté arabe israélienne.
« Nous avons beaucoup en commun avec les chrétiens. Ils sont nos alliés naturels, un contrepoids aux musulmans qui veulent détruire le pays de l'intérieur », a déclaré le parrain de ce projet de loi, Yariv Levin, du parti Likoud (droite nationaliste) du Premier ministre Benjamin Netanyahu. La nouvelle loi prévoit également des sièges réservés à la communauté druze, aux juifs ultraorthodoxes et aux immigrés juifs d'Éthiopie, des communautés où le taux de chômage est supérieur à la moyenne.
Un député arabe israélien de la Knesset a dénoncé un texte emprunt d'un « sectarisme sans précédent ». « Il s'agit d'une manœuvre politique de l'extrême droite », a expliqué Basel Ghattas, un chrétien grec-orthodoxe. Le texte a également été dénoncé par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). « Nous rejetons cette loi », a affirmé Hanane Achraoui, membre du Comité exécutif de l'OLP, déplorant qu'elle cherche «à créer une nouvelle réalité au sein de notre peuple sur une base religieuse au lieu de se fonder sur l'identité nationale ».
Israël – qui bénéficie du soutien idéologique et financier des chrétiens évangélistes sionistes, en particulier américains – s'efforce de jouer la carte de la division entre arabes chrétiens et musulmans dans le conflit israélo-palestinien, selon les adversaires du projet de loi. Ce texte a été approuvé trois mois avant le premier voyage en Terre sainte du pape François, qui doit se rendre en Jordanie, à Bethléem (Cisjordanie) et à Jérusalem du 24 au 26 mai prochain.
Polémique autour de l'Esplanade des mosquées
Parallèlement, l'Esplanade des mosquées à Jérusalem-Est a été hier le théâtre d'affrontements entre policiers israéliens et manifestants palestiniens. Deux policiers ont été blessés par des jets de pierres, tandis que trois manifestants ont été arrêtés, selon la police. Des sources palestiniennes ont fait état de 15 protestataires blessés par des balles caoutchoutées et de quatre arrestations.
Ces événements ont eu lieu alors que la Knesset (Parlement israélien) débattait d'un texte revendiquant la souveraineté israélienne sur l'Esplanade des mosquées. La motion très polémique était présentée par un député d'extrême droite, Moshé Feiglin, membre de la faction la plus radicale du Likoud (droite nationaliste), le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le débat n'a donné lieu à aucun vote et doit se poursuivre ultérieurement.
M. Netanyahu a fait savoir qu'il était totalement opposéà cette initiative, redoutant que le débat suscite la colère de la Jordanie, de l'Égypte et des Palestiniens au moment où les États-Unis s'efforcent d'obtenir un accord de paix au Proche-Orient.
À Amman, l'opposition islamiste jordanienne a appelé au gel, voire à l'abandon, du traité de paix de 1994 avec Israël. Le royaume hachémite, deuxième pays arabe après l'Égypte à avoir signé un traité de paix avec l'État hébreu, est le gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem.
Publié par L'Orient le Jour