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2013, année « calme » en Palestine

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Vous trouverez une traduction en arabe de cet article ici.

En Palestine occupée, il ne se passe évi­demment rien. Le front est calme, même si cer­tains annoncent l'imminence d'une troi­sième Intifada (lire Amira Hass, « How the Third Intifada will start », Haaretz, 11 décembre 2013), à laquelle la direction pales­ti­nienne est hostile. Les négo­cia­tions israélo-​​palestiniennes se pour­suivent dans le plus grand secret et le secré­taire d'Etat amé­ricain John Kerry ne ménage pas ses efforts pour rap­procher les deux parties, ce qui, dans le langage diplo­ma­tique des Etats-​​Unis, signifie pousser les Pales­ti­niens à des conces­sions sup­plé­men­taires. Et la colo­ni­sation avance inexo­ra­blement, 400 loge­ments par ici, 800 loge­ments par là, « une colonie illégale » (comme s'il y avait des colonies légales) en voie de « recon­nais­sance » par le gou­ver­nement de Tel-​​Aviv, une énième condam­nation de l'Union euro­péenne ou de la France, tandis que son pré­sident se pavane aux côtés de Benyamin Néta­nyahou dans un dîner commun obscène où le chef de l'Etat français dit son envie de chanter l'amour qu'il porte à Israël.

Mais tout cela dit assez peu sur la vie quo­ti­dienne en Palestine, sous l'occupation. De ces hommes, femmes, enfants, soumis à d'innombrables bri­mades, vexa­tions, arres­ta­tions, tor­tures, et ce depuis près de 50 ans. Vous avez bien lu, un demi siècle d'impuissance, d'indifférence et de com­plicité de la com­mu­nauté inter­na­tionale. A Gaza, tou­jours soumise à un blocus una­ni­mement condamné, les Pales­ti­niens ont au moins cette chance de ne plus côtoyer l'armée israé­lienne (qui se contente, de temps en temps, de bom­bar­de­ments et d'assassinats ciblés). En Cis­jor­danie, ils n'ont pas ce pri­vilège et le rapport que publie Amnesty Inter­na­tional « Trigger-​​happy : Israel's use of excessive force in the West Bank », jette une cruelle lumière sur une occu­pation cruelle. Ce que résume le com­mu­niqué en français de l'organisation, « L'armée et la police israé­lienne uti­lisent une force inconsidérée » :

« Amnesty Inter­na­tional a recensé la mort de 22 civils pales­ti­niens en Cis­jor­danie pour l'année 2013, dont au moins 14 dans le cadre de mani­fes­ta­tions. La plupart étaient de jeunes adultes de moins de 25 ans. Au moins quatre étaient des enfants. D'après les chiffres de l'ONU, le nombre de Pales­ti­niens de Cis­jor­danie tués par les forces israé­liennes en 2013 est supé­rieur au nombre total de vic­times comp­ta­bi­lisées en 2011 et 2012. »

Vous avez bien lu, les forces d'occupation ont tué en 2013 plus de Pales­ti­niens, pour l'essentiel des civils et parfois des enfants, qu'en 2011 et 2012. C'est sans doute une manière pour le gou­ver­nement israélien de démontrer l'importance qu'il accorde aux négo­cia­tions bila­té­rales qui ont repris en juillet 2013. Vous savez bien, les Arabes ne com­prennent que la force !

« Depuis janvier 2011, poursuit le com­mu­niqué, un nombre effarant de civils pales­ti­niens en Cis­jor­danie — plus de 8500, dont 1500 enfants — se sont faits tirer dessus ou ont été griè­vement blessés, notamment par des balles de métal enrobées de caou­tchouc et par l'utilisation inap­pro­priée de gaz lacry­mogène. (…) Plu­sieurs vic­times se sont fait tirer dans le dos, sans doute prises pour cibles alors qu'elles ten­taient de fuir et ne posaient pas de véri­table menace pour la vie des membres des forces israé­liennes ou d'autrui. Dans plu­sieurs cas, les forces israé­liennes bien équipées ont recouru à des moyens létaux pour réprimer les mani­fes­tants lan­ceurs de pierres, causant des pertes en vies humaines inutiles. »

Mais, nous le savons tous, Israël est un Etat démo­cra­tique, sa justice est indé­pen­dante et elle doit sûrement punir les mili­taires cou­pables de telles exac­tions. Détrompez-​​vous, déclare Philip Luther, directeur du pro­gramme Moyen-​​Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International :

« Le système israélien pré­sente des lacunes déplo­rables. Il pèche par son manque d'indépendance, d'impartialité et de trans­pa­rence. Les auto­rités doivent mener dans les meilleurs délais des enquêtes appro­fondies et indé­pen­dantes sur tous les cas pré­sumés de recours arbi­traire et violent à la force, par­ti­cu­liè­rement lorsqu'il y a des morts et des blessés graves. »

Le rapport d'Amnesty donne des exemples effa­rants qui, pourtant, ne sus­ci­teront que des réac­tions rituelles, ou bien le silence. Ainsi le cas d'un adolescent.

On achève bien les adolescents

« Samir Awad, ado­lescent de 16 ans ori­gi­naire de Budrus, près de Ramallah, a été abattu près de son école en janvier 2013, alors qu'il tentait de mettre sur pied une mani­fes­tation avec des amis contre le mur/​barrière de 800 kilo­mètres de long qui tra­verse leur village. Il a reçu trois balles, der­rière la tête, à la jambe et à l'épaule alors qu'il fuyait les soldats israé­liens qui avaient tendu une embuscade à son groupe. Selon des témoins, l'adolescent a été visé alors qu'il s'enfuyait.

Malik Murar, 16 ans, un ami de Samir qui a été témoin de cet homicide, a déclaréà Amnesty Inter­na­tional : “Ils lui ont d'abord tiré dans la jambe, mais il a réussi à fuir… Jusqu'où peut courir un ado­lescent blessé ? Ils auraient pu faci­lement l'arrêter… mais ils ont préféré lui tirer à balles réelles dans le dos”. »

Il pourrait s'agir, selon Amnesty, d'un crime de guerre.

« Il est dif­ficile de croire qu'un ado­lescent désarmé puisse être perçu comme un danger imminent pour un soldat bien équipé. Dans ce cas comme dans d'autres, il semble que les forces israé­liennes ont fait feu impru­demment face à une menace bien mince », a déclaré Philip Luther.

Mais jus­tement. Tous les ado­les­cents, tous les hommes, et parfois même les enfants sont perçus par l'armée israé­lienne comme une menace. Que vaut donc leur vie ?

On connaît déjà la réponse du gou­ver­nement israélien à ce rapport : c'est un texte anti­sémite qui accuse « les juifs » de tuer des enfants. Mais ce sont ceux qui qua­li­fient Israël d'« Etat juif » ou parlent de « l'armée juive » qui favo­risent les pires des amal­games et nour­rissent un anti­sé­mi­tisme stupide, inca­pable de faire la dif­fé­rence entre les juifs et Israël.

Publié par Blog Monde Diplo


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