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Les tactiques onusiennes de la Palestine

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Deux semaines avant la fin du mora­toire de 9 mois lancé en juillet dernier pour relancer les négo­cia­tions, Mahmoud Abbas, sous les caméras de la télé­vision locale, avec à sa droite Saëb Erakat, le négo­ciateur pales­tinien, signait les for­mu­laires d'une quin­zaine de demandes d'adhésion à des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales ou des traités. En faisant ainsi, Mahmoud Abbas bran­dissait enfin « son arme nucléaire », comme le disait, un jour, le médiateur amé­ricain John Kerry. Ce dernier, pour montrer son mécon­ten­tement, avait annulé sa visite prévue à Ramallah. Une visite durant laquelle il devait essayer d'obtenir une pro­lon­gation des négo­cia­tions de plu­sieurs mois. La demande pales­ti­nienne d'adhésion aux orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales était motivée, selon Abbas, par la non-​​libération du qua­trième contingent de pri­son­niers par Israël, qui était censée avoir lieu le 29 mars. Lors de la reprise des pour­parlers en juillet dernier, l'Autorité pales­ti­nienne s'était engagée à sus­pendre toute démarche d'adhésion aux 63 orga­ni­sa­tions et conven­tions inter­na­tio­nales aux­quelles le statut d'Etat obser­vateur obtenu le 29 novembre 2012à l'Onu lui donnait accès en échange de la libé­ration de 104 pri­son­niers pales­ti­niens par Israël.

Jugées « conformes aux pro­cé­dures inter­na­tio­nales », par l'Onu, les demandes pales­ti­niennes d'adhésion aux traités ou conven­tions inter­na­tionaux dont les Nations-​​Unies sont dépo­si­taires ont été toutes admises. Et, la Palestine est devenue aujourd'hui membre signa­taire de 5 traités fon­da­mentaux dans le domaine des droits de l'homme. Il s'agit des Conven­tions de l'Onu contre la torture, sur l'élimination de la dis­cri­mi­nation raciale, sur toutes les formes de dis­cri­mi­nation à l'égard des femmes, sur les droits des han­di­capés et sur les droits des enfants. En outre, l'adhésion de la Palestine au pro­tocole facul­tatif de la Convention de l'Onu sur les droits des enfants concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés (CRC-​​OPAC) sera effective le 7 mai, tandis que les deux Pactes de l'Onu sur les droits civils et poli­tiques et sur les droits éco­no­miques, sociaux et culturels entreront en vigueur le 2 juillet. « L'adhésion de la Palestine à ces conven­tions inter­na­tio­nales va contribuer au ren­for­cement du statut juri­dique de l'Etat de Palestine. Il s'agit d'une recon­nais­sance implicite d'un Etat pales­tinien par la com­mu­nauté inter­na­tionale. Une recon­nais­sance qu'Israël avait long­temps pré­tendu que la Palestine ne rece­vrait qu'à travers les négo­cia­tions », dit le poli­to­logue Mohamad Gomaa.

L'accord de Genève, outil principal

Mais la démarche la plus impor­tante, comme l'explique Ahmad Réfaat, pro­fesseur de droit inter­na­tional à l'Université du Caire, c'est l'adhésion de la Palestine à la Convention de Genève, qui se rap­porte aux guerres et à l'occupation mili­taire. Le gou­ver­nement suisse, dépo­si­taire de la Convention, vient fina­lement d'autoriser l'adhésion de l'Autorité pales­ti­nienne après une ten­tative ratée qui date de vingt-​​cinq ans. C'était le 21 juin 1989, la Berne fédérale avait reçu, de la part de l'Organisation de libé­ration de la Palestine, une demande d'adhésion de « l'Etat Pales­tinien » aux Conven­tions de Genève. Mais cette demande a été rejetée pour « incer­titude au sein de la com­mu­nauté inter­na­tionale quant à l'existence ou non d'un Etat de Palestine ». « Aujourd'hui, avec cette adhésion, la Palestine aura le statut d'un pays occupé. Le prin­cipal ins­trument appli­cable dans les Ter­ri­toires pales­ti­niens serait la qua­trième Convention de Genève, qui définit les droits en temps de guerre et les condi­tions huma­ni­taires qui doivent être res­pectées en temps de conflits, comme l'interdiction des colonies et les droits des pri­son­niers », dit Réfaat.

L'une des normes les plus impor­tantes est celle qui interdit les « colonies de peu­plement » dans l'article 49, sti­pulant que « la force occu­pante ne peut pas pro­céder à la dépor­tation ou au transfert d'une partie de la popu­lation civile dans le ter­ri­toire occupé par elle ». Israël ne reconnaît pas ce texte juri­di­quement appli­cable dans le contexte des ter­ri­toires de 1967.

Les pri­son­niers pales­ti­niens dans les geôles d'Israël deviennent alors en vertu de cette convention des « pri­son­niers de guerre », et l'Etat occupant ne peut pas leur infliger une détention illégale, la torture ou les trai­te­ments inhu­mains. Appliquer les textes de ces traités pour qu'ils servent d'instrument juri­dique face aux vio­la­tions israé­liennes dépendra dans les jours à venir de la volonté poli­tique de l'Autorité pales­ti­nienne. Pour Gomaa, Abou-​​Mazen n'est pas encore prêt à le faire à l'heure actuelle. Il laisse la porte entrou­verte à l'option des négo­cia­tions, pour ne pas sus­citer le mécon­ten­tement des Etats-​​Unis. La preuve, comme avance Gomaa, c'est que l'Autorité pales­ti­nienne a reporté son adhésion au Statut de Rome qui a créé la Cour pénale inter­na­tionale, qui aurait permis aux Pales­ti­niens de déposer plainte contre Israël. « L'adhésion aux traités inter­na­tionaux est consi­dérée par l'Autorité pales­ti­nienne comme une mesure tac­tique pour amé­liorer les condi­tions des négo­cia­tions avec Israël et non pas comme une nou­velle stra­tégie visant à trans­férer tota­lement le dossier des négo­cia­tions aux Nations-​​Unies pour être régi par le droit inter­na­tional », conclut Gomaa.

Publié par Al Ahram


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