Que ferait le monde si les morts de Gaza étaient Israéliens ?
Depuis le déclenchement de l'opération militaire contre la bande de Gaza, baptisée "Bordure protectrice" par le ministère israélien de la Défense, plus de 980 roquettes, de divers types, ont été lancées contre Israël par divers groupes armés palestiniens. 760 de ces projectiles ont atteint le territoire israélien. Près de 200 ont été détruits en vol par les missiles des batteries "iron dôme".
Au cours de cette semaine d'opérations, l'armée israélienne a mené des raids aériens (avions de combat F-16, hélicoptères, drones armés) et lancé des frappes d'artillerie depuis des navires de guerre au large de Gaza contre 1.470 cibles dans la bande de Gaza.
Près de 210 frappes visaient des tunnels, 770 ont atteint des caches abritant des lanceurs de roquettes, 69 des bases de combattants et 63 des entrepôts d'armes ou des ateliers de fabrication d'armes. Ces chiffres ont été fournis, le 14 juillet, par les services du porte-parole de l'armée israélienne. Aucune perte israélienne n'est mentionnée par l'armée. La presse a indiqué dimanche que quatre soldats israéliens avaient été blessés au cours d'un raid terrestre contre un site de lancement de roquettes.
Elle a aussi indiqué que 13 civils avaient été blessés, parmi lesquels un jeune Israélien âgé de 16 ans atteint par des éclats dimanche lors de l'explosion d'une roquette à Ashkelon. Son état était, lundi matin, jugé"sérieux mais stable". A ce jour, les tirs de roquettes palestiniens ont provoqué des scènes de paniques et suscité une atmosphère d'angoisse en Israël sans faire de mort.
77% de civils parmi les morts Palestiniens
En face, selon le point de situation publié lundi par le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA), les frappes israéliennes ont fait dans la bande de Gaza 178 morts, dont 138 civils, parmi lesquels 26 femmes et 36 enfants, et 1361 blessés dont 386 enfants et 249 femmes. Selon le même document, 1255 habitations ont été détruites, 1420 gravement endommagées ainsi que 66écoles et 5équipements de santé.
Chassées de leurs domiciles détruits ou terrorisées par les frappes israéliennes, 21.600 personnes ont cherché refuge dans des écoles du système de l'ONU, protégées, en principe, par le drapeau bleu, ou dans d'autres structures. Au moins 600.000 personnes sont privées d'eau, de sanitaires et d'hygiène et 75% de la ville de Gaza – soit 400.000 personnes – sont sans électricité.
Que fait la "communauté internationale" ? Rien. Elle condamne les tirs de roquettes palestiniens, appelle Israël à la retenue, se déclare prête à favoriser un cessez-le-feu, rappelle la nécessité de revenir au processus de paix, voire, comme François Hollande, affirme que "la France veut un Etat palestinien à côté d'Israël". Sans s'attarder sur le pourcentage élevé (77%) des civils parmi les morts palestiniens, ni condamner la disproportion des moyens utilisés, ni proposer la moindre démarche concrète. Mise à part une visite au Proche-Orient des ministres allemand et italienne des Affaires étrangères.
Question : que se passerait-il si le bilan était inversé ? Si les frappes palestiniennes avaient fait en une semaine 178 morts et 1.361 blessés en Israël, détruit ou endommagé plus de 2.300 habitations de Haïfa ou Jérusalem, chassé21.600 Israéliens de leurs foyers et privé d'électricité75% de Tel Aviv ?
Publié par Le Nouvel Observateur