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A Gaza, le résultat tragique de l'assaut israélien.

L'envoyé spécial de l'Humanitéà Gaza témoigne des consé­quences atroces pour les habi­tants de l'enclave pales­ti­nienne de l'assaut ter­restre de l'armée israé­lienne qui s'ajoute au pilonnage intensif par voie aérienne. Une situation sani­taire intenable.

A Khan Younes et à Rafah, au sud, à Beit Lahiya et Beit Hanoun, au nord, à Zeitoun, à l'est tout comme à Gaza city, la nuit a été par­ti­cu­liè­rement dure. Dans cette der­nière ville, les rues étaient désertes. Per­sonne, à l'exception de quelques rares voi­tures, n'osaient s'aventurer dehors. Ce n'est qu'en milieu de matinée que de nom­breux habi­tants ont bravé le danger en ce ven­dredi de Grande prière pour se rendre à la mosquée la plus proche. Les imams ont pro­noncé des dis­cours enflammés, appelant notamment les Pales­ti­niens à sou­tenir la résis­tance.

L'armée israé­lienne s'est déchaînée. Jeudi soir, elle a pénétré en ter­ri­toire pales­tinien avec son infan­terie, ses tanks et son artillerie alors que dans le ciel tour­noyaient les oiseaux de mort, héli­co­ptères Apaches, avions de chasse F-​​16 et drones sournois lâchant leurs déjec­tions meur­trières et que dans la mer les navires mili­taires fai­saient rouler un ton­nerre de feu. Au tapis de bombes qui se déverse sur la bande de Gaza depuis le 8 juillet se sont donc ajoutés les obus de chars. Au moins 23 Pales­ti­niens ont été tués en quelques heures, portant à265 le nombre de Pales­ti­niens ayant perdu la vie depuis le déclen­chement de l'opération israé­lienne, il y a onze jours. Il y aurait au moins 1.770 blessés, des civils, pour 75% d'entre eux, d'après l'Onu. Les troupes israé­liennes ren­contrent néan­moins une résis­tance de la part des Pales­ti­niens. Un soldat aurait été tué et deux autres blessés de source mili­taire offi­cielle. Qui s'ajoutent au seul civil israélien tué, un colon de Cis­jor­danie venu apporter de la nour­riture aux soldats.

Quelque 70% des sec­teurs de la bande de Gaza sont privés d'électricitéà la suite de l'assaut ter­restre. « Toutes les lignes avec Israël ont été coupées. Nous ne recevons aucune élec­tricité d'Israël. D'habitude nous recevons 120MW. Aujourd'hui, c'est zéro », affirme Fathi Cheikh Khalil, le directeur de l'Office de l'électricitéà Gaza. « Nous avons demandéà la Croix-​​Rouge de coopérer avec nos équipes pour réparer cer­taines des lignes coupées à Gaza. Nous avons aussi demandé aux ser­vices de l'électricité israé­liens de réparer des lignes de leur côté, mais ils ont répondu que c'était trop dan­gereux, a-​​t-​​il expliqué. La pire situation est dans le nord, où il n'y a plus de courant du tout » Le Pro­gramme ali­men­taire mondial (PAM) de l'Onu a pu dis­tribuer une aide d'urgence à20.000 per­sonnes à Gaza depuis que le début de le 11 juillet et espère atteindre 85.000 per­sonnes ces pro­chains jours. De son côté, une porte-​​parole de l'Organisation mon­diale de la santé (OMS), Fadela Chaïb, a indiqué que l'organisation crai­gnait l'apparition de maladies trans­mises par l'eau, comme les diar­rhées, alors qu'une grande partie de la popu­lation n'a pas accès à l'eau potable.

A l'hôpital Shifa de Gaza city, la morgue se remplit. Les ambu­lances se suc­cèdent, toute sirène hur­lante, amenant les blessés de la nuit et du matin. Un homme sort avec son fils, Mohammed, 3 ans, la joue droite criblée par des impacts et la tête bandée. Il est tota­lement hagard, la moue de sa bouche renvoie à la tris­tesse de son regard. Abou Marzouk, son père, raconte qu'ils n'ont rien, terré qu'ils étaient dans la maison, quand soudain un missile s'est abattu, blessant plu­sieurs per­sonnes, dont le petit Mohammed. Dans l'hôpital, les traits tirés des médecins disent les journées de 24H et les nuits toutes aussi longues. Le docteur Smaïn Sehran est de ceux-​​là. Il est au chevet d'un homme entre la vie et la mort. Raied B'saily, 20 ans, blesséà Deir el Ballah, a été trans­portéà Gaza après un passage par l'hôpital local inca­pable de lui pro­diguer les soins néces­saires. « Lorsqu'il est arrivé, son cerveau sortait de la boite crâ­nienne, nous l'avons opéré. Son pro­nostic vital est engagé», dit Smaïn Sehran.

« Le plus ter­rible c'est pour les popu­la­tions civiles, celles aux fron­tières », dénonce Samantha Maurin, porte-​​parole à Gaza de l'équipe de Médecins sans fron­tière (MSF), venue apporter son aide aux per­sonnel médical pales­tinien. Un anes­thé­siste, un médecin urgen­tiste et une infir­mière sont arrivés. Mais un chi­rurgien de MSF a été bloqué par les Israé­liens à la fron­tière d'Erez. « L'intensité et la fré­quence des bom­bar­de­ments res­treint nos mou­ve­ments », sou­ligne Samantha Maurin malgré les contacts avec les deux parties pour avoir des garanties.

Alors que des mil­liers de familles cherchent refuge dans les éta­blis­se­ments de l'Onu pour échapper au déluge de feu, le Premier ministre israélien, Ben­jamin Neta­nyahou a jus­tifié le lan­cement de l'assaut par le « refus du Hamas d'accepter le plan égyptien pour un cessez-​​le-​​feu et la pour­suite des tirs de roquettes sur Israël ». Un men­songe grossier puisque, comme l'a déjà indiqué l'Humanité, des dis­cus­sions étaient en cours, au Caire, entre les Pales­ti­niens et les Israé­liens, sous l'égide de l'Egypte. Les Pales­ti­niens demandent notamment la levée du blocus imposée par Israël depuis plus de sept ans maintenant.

Tel Aviv affirme que son opé­ration est « limitée » sans que l'on sache ce que « limitée » signifie dans la bouche des res­pon­sables israé­liens. Selon le ministre de la Com­mu­ni­cation, Gilad Erdan, l'opération vise avant tout à« détruire les tunnels » du Hamas. Interrogé sur une éven­tuelle réoc­cu­pation de la bande de Gaza il a dit que ce n'était « pas l'objectif ». Mais, hier, des roquettes conti­nuaient àêtre tirées non plus vers le nord d'Israël mais vers les zones où l'armée israé­lienne poursuit son incursion. Preuve que la résis­tance pales­ti­nienne est encore debout.


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