Alors que Ban Ki-moon doit se rendre dans la région, 46 Palestiniens ont été tués ce samedi dans des frappes israéliennes contre la bande de Gaza, portant à342 le nombre de morts palestiniens.
Un convoi de chars israéliens près de la bande de Gaza le 18 juillet.Un convoi de chars israéliens près de la bande de Gaza le 18 juillet. (Photo Menahem Kehana. AFP)
Au moins 46 personnes ont péri ce samedi dans des frappes israéliennes contre la bande de Gaza, portant à342 le nombre de Palestiniens tués depuis le début de l'offensive lancée il y a douze jours par Israël, selon les Secours.
Côté israélien, deux soldats ont été tués samedi dans des combats, a rapporté l'armée tandis qu'un civil a été tué par une roquette tirée de Gaza, portant à deux le nombre de civils tués depuis le 8 juillet, selon la police. Un soldat israélien a également été mortellement touché cette semaine par un tir « ami ».
Parmi les dernières victimes dans la bande de Gaza figurent deux hommes, âgés de 25 et 31 ans, tués dans une frappe aérienne près de Deir al-Balah (centre), a indiquéà l'AFP le porte-parole des services des urgences Achraf al-Qoudra. Deux personnes d'une même famille ont également péri à Zeitoun, un quartier est de la ville de Gaza.
Dans le nord de l'enclave palestinienne, cinq membres d'une même famille, dont deux fillettes de deux et six ans, ont péri dans un bombardement alors qu'une sixième personne a été tuée par une autre frappe, selon M. al-Qoudra. Toujours dans le Nord, quatre hommes ont été tués à Beit Lahiya et un cinquième a péri dans un bombardement aérien de sa maison à Jabaliya.
Deux autres personnes sont mortes aussi à Khan Kounès (sud) et trois hommes dans le centre de la bande de Gaza. Plus tôt, huit autres personnes, dont un enfant de six ans, avaient été tuées au nord de la ville de Gaza, à Beit Hanoun et Beit Lahiya (nord), Deir al-Balah et Khan Younès.
Aux premières heures de la journée, une frappe avait déjà tué sept personnes à la sortie d'une mosquée à l'est de Khan Younès. Et dans la matinée, cinq cadavres ont été retrouvés dans les décombres d'une maison bombardée dans la nuit. Une autre victime a été retrouvée dans des décombres, à Khan Younès, et deux personnes blessées dans de précédents bombardements ont succombéà leurs blessures.
Au total, au moins 341 Palestiniens, dont de nombreux femmes et enfants, ont été tués depuis le début le 8 juillet de l'opération israélienne « Bordure protectrice », qui a également fait plus de 2390 blessés palestiniens.
Selon le Centre palestinien pour les droits de l'Homme, baséà Gaza, les civils représentent plus de 80% des victimes de l'offensive, lancée par Israël pour faire cesser les tirs de roquettes du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle l'enclave. Il s'agit du conflit le plus sanglant à Gaza depuis 2009. 40000 déplacés
A Gaza, le nombre de déplacés a presque doublé en 24 heures, pour atteindre 40000 personnes, selon l'agence de l'ONU dans cette bande de terre de 362 km2 où s'entassent dans la misère 1,8 million d'âmes soumises à un blocus israélien depuis des années. Le Programme alimentaire mondial espère pouvoir y distribuer de la nourriture à85000 personnes dans les prochains jours. 70% des secteurs de Gaza étaient privés d'électricité.
Les principales ONG israéliennes de défense des droits de l'Homme ont exigé des « couloirs humanitaires » pour évacuer les blessés et pour que « les personnels médicaux puissent remplir leur mission sans mettre leurs vies en danger ».
Cette explosion de violence a incité le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à annoncer une visite samedi dans la région. Il a annoncé cette initiative pour « montrer sa solidarité avec les Israéliens et les Palestiniens et les aider, en coordination avec les acteurs régionaux et internationaux, à mettre fin à la violence et à trouver une solution » au conflit, a indiqué devant le Conseil de sécurité le secrétaire général adjoint pour les affaires politiques, Jeffrey Feltman. Objectif : tunnels
Sur le terrain, l'infanterie et le génie assisté de l'artillerie et de l'aviation sont engagés dans des combats, tuant une vingtaine de « terroristes », frappant au moins «240 cibles d'activités terroristes » et mettant au jour 10 tunnels disposant de 22 sorties. Vingt et un « terroristes » ont été arrêtés pour être interrogés, a précisé un porte-parole militaire. La découverte et la destruction des tunnels du Hamas, ces galeries dont certaines débouchent en territoire israélien est l'objectif principal de l'incursion en cours selon Israël.
« Nos opérations se concentrent sur une zone de 2.5 km le long de la frontière, dans des zones rurales ou semi-urbaines », a indiquéà la presse un officier du renseignement militaire. « Mes instructions sont de se préparer à la possibilité d'élargir de manière significative l'opération », a dit Benyamin Netanyahu, « ce n'est pas possible de régler (le problème) des tunnels depuis les airs uniquement ». Il a néanmoins admis qu'il n'y avait pas de « garantie de succès à100% ».
Carte de l'offensive terrestre de l'armée israélienne à Gaza, le 18 juillet.
Malgré l'offensive terrestre, les combattants du Hamas ont réussi à tirer 135 roquettes dont 87 ont atterri en Israël et 40 ont été interceptées a précisé un porte-parole militaire.
A Khan Younès, quelque 1500 personnes se sont réfugiées dans des écoles gérées par l'ONU. Un cessez-le-feu « urgent et impérieux » pour Fabius
L'offensive terrestre est la première menée à Gaza depuis celle de décembre-janvier 2008-2009, qui avait fait 1400 morts côté palestinien sans pour autant mettre fin aux tirs de roquettes. Netanyahu l'a justifiée par le refus du Hamas d'accepter la proposition de trêve égyptienne que le mouvement islamiste palestinien voulait élargir à la levée du blocus et la libération de prisonniers.
A l'étranger, le président américain Barack Obama, principal allié d'Israël, a dit à Netanyahu que les États-Unis étaient « profondément inquiets des risques d'une escalade et de la perte de davantage de vies innocentes ».
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé ce samedi au Caire qu'un cessez-le-feu était « urgent et impérieux »à Gaza, réaffirmant son « soutien »à l'initiative égyptienne pour une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Il avait rencontré vendredi le président palestinien Mahmoud Abbas au Caire, et affirlé vouloir « briser la spirale de la violence ». Selon lui, Abbas a demandéà la France « de joindre les Turcs et les Qataris » car ces pays peuvent « exercer une influence particulière sur le Hamas ».
L'Union européenne s'est déclarée « très préoccupée », estimant « plus urgent que jamais » la recherche d'un cessez-le-feu. Le pape François a quant à lui appeléà l'arrêt des « hostilités », alors que Moscou et Téhéran réclament « un arrêt immédiat du conflit ».
La nouvelle spirale de violence a été enclenchée après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas qui a nié, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois juifs ont été inculpés.