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Comment la manifestation propalestinienne a dégénéré

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Malgré l'interdiction, des mil­liers de mani­fes­tants se sont ras­semblés à Paris ce samedi. Des affron­te­ments ont eu lieu entre une partie d'entre eux et les forces de l'ordre.

Mes tweets pendant la mani­fes­tation pari­sienne pro-​​Palestine sus­citent des mil­liers de com­men­taires sur les réseaux sociaux. Pas tous très spi­ri­tuels, cela va sans dire. Cer­tains évoquent un travail jour­na­lis­tique néces­saire et salu­taire, d'autres parlent de par­tialité, enfin, une infime minorité me menace très vio­lemment. Voici donc un récit de la mani­fes­tation de ce samedi après-​​midi, et les raisons de ce live-​​tweet.

Je suis arrivé au métro Barbès à13h55. Ins­tinc­ti­vement, je me suis mis à tweeter pour que les lec­teurs aient sur Libération.fr une infor­mation en temps réel du déroulé des évé­ne­ments. C'est pré­ci­sément ce qui a manqué aux médias lors des échauf­fourées qui ont eu lieu dimanche dernier rue de la Roquette. Cette fois-​​ci donc, pas question de recom­poser un récit a pos­te­riori. Mes tweets agi­raient comme un bloc-​​notes, consi­gnant des com­men­taires et des photos à des horaires iden­ti­fiables par tous. Évi­demment, ce reportage a ses limites : mes yeux et mes oreilles. N'étant nul­lement là pour faire de la poli­tique, je me suis attachéà raconter les scènes tou­chantes, les slogans douteux, les quelques rires, les actes les plus idiots, les vio­lences, sans chercher à savoir à qui cela allait pro­fiter. Ces ins­tan­tanés dressent une ambiance de ce qu'il s'est passé ce samedi après-​​midi à Paris. Point.

Cette mani­fes­tation, dont il faut rap­peler qu'elle était interdite par la pré­fecture de police, a connu trois temps. Le premier de 14 heures à15h15 fut bon enfant. 2000 per­sonnes environ, dont beaucoup de femmes et d'enfants, scan­daient des slogans : « Enfants pales­ti­niens, enfants de l'humanité», « Palestine vivra, Palestine vaincra ». Il y avait des per­sonnes de toutes ori­gines et ça rigolait fran­chement. Cer­tains s'amusant même à s'enrouler avec le maximum de dra­peaux : Palestine, Algérie, France. Soit un patchwork de leurs iden­tités multiples.

Le cortège du Nouveau Parti anti­ca­pi­ta­liste (NPA) est arrivé vers 15h05, suivi de nom­breux élus du Front de gauche et de quelques écolos. A mesure que la foule enflait, le car­refour devenait irres­pi­rable. On se mar­chait tous dessus alors qu'il faisait déjà très chaud. On peut alors ques­tionner la stra­tégie des CRS qui, blo­quant le bou­levard Magenta et le bou­levard Roche­chouart, ont empêché les mani­fes­tants de se mouvoir. Le but était visi­blement de les pousser à remonter le bou­levard Barbès vers Château-​​Rouge. Etait-​​il idoine de forcer ce cortège dit « sen­sible »à tra­verser Chateau-​​Rouge, quartier classé zone de sécurité prio­ri­taire ? Dans la foule, des élus n'hésitaient pas à dire que la police avait intérêt à des débor­de­ments pour légi­timer des inter­dic­tions futures.

Les premiers débordements font fuir les familles

A 15h15, l'ambiance a radi­ca­lement changé. Les orga­ni­sa­teurs qui, jusqu'ici, maî­tri­saient la situation, furent débordés par une quin­zaine de jeunes qui esca­la­dèrent un écha­faudage. Au troi­sième étage d'un bâtiment désaf­fecté, ils ont mis le feu suc­ces­si­vement à4 dra­peaux israé­liens. Ces actes ont eu pour effet de diviser les mani­fes­tants. Le plus grand nombre était fran­chement dégoûté. Se déses­pérant qu'il faille à chaque fois passer par ce type d'outrances. D'autres hur­laient de plus belle « Israël assassin, Israël assassin ».

La scène dura une petite ving­taine de minutes, ce qui permit à cer­taines familles avec des enfants en bas âge de quitter les lieux. C'est aussi à ce moment qu'une équipe d'iTélé a été cha­hutée et copieu­sement insultée. La rédac­trice et son camé­raman ont dû se retrancher der­rière le cordon de CRS pour faire leur direct. Un orga­ni­sateur apparut très énervé : « Pas de ça aujourd'hui, c'est toute la cause qui va pâtir de vos conneries. » L'embrasement des dra­peaux, a, en tout cas, fait sauter un cou­vercle et l'atmosphère est ensuite devenue bien plus électrique.

Une centaines de jeunes venus pour castagner

Vers 15h40, et c'est le début du troi­sième temps, les mani­fes­tants se sont engagés sur le bou­levard Barbès, avançant presque jusqu'au métro Marcadet-​​Poissonniers. Soudain, des groupes extrê­mement équipés et orga­nisés ont com­mencéà fendre la foule pour monter au contact des CRS. Ils avan­çaient en ligne, le visage couvert. A l'évidence, ils n'avaient rien de mili­tants venus défendre la cause pales­ti­nienne. Cer­tains arbo­raient des tee-​​shirts du virage Auteuil, une tribune du Parc des Princes. Un étrange service d'ordre s'est alors déployé pour empêcher que ces groupes n'en viennent aux mains avec les poli­ciers. Au départ, il fut efficace. Mais quelques jeunes, montés sur un conteneur, com­men­cèrent à jeter de gros pétards sur les forces de l'ordre. Un, puis deux, puis trois. Les CRS ont répliqué par de pre­mières cap­sules de gaz peu avant 16 heures.

Dès lors, c'en était fini de toute mani­fes­tation et le XVIIIe arron­dis­sement s'est trans­formé en vaste champ de bataille. Trois heures durant, une cen­taine de jeunes de 20-​​30 ans affron­tèrent les CRS. Un petit groupe a même arraché le goudron d'un trottoir pour le briser en petits mor­ceaux et le jeter sur la police. Dans les rues adja­centes, de jeunes femmes tenaient à la dis­po­sition des cas­seurs du sérum phy­sio­lo­gique et du lait pour contrer les effets du gaz. Il ne fait aucun doute que cer­tains avaient préparé leur coup. Aux alen­tours de 19 heures, en plein n'importe quoi, il ne restait plus rien de la situation à Gaza. Des agents en civil de la BAC inter­pel­laient de façon musclée un maximum de cas­seurs. Ceux qui réchap­paient de leurs assauts les insul­taient copieu­sement. Un com­merçant regardait le spec­tacle, atterré : « La France a un très grave pro­blème de société. » En tout 44 per­sonnes ont été inter­pellées et 17 poli­ciers et gen­darmes blessés.


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