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Crimes de guerre à Gaza : une école de l'ONU prise pour cible

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L'armée israé­lienne a tiré sur un éta­blis­sement des Nations unies où des cen­taines de per­sonnes avaient trouvé refuge. Quinze d'entre elles sont mortes, dont une femme et un bébé. 120 ont été blessées.

Israël poursuit ses crimes de guerre dans la bande de Gaza. Hier, des frappes israé­liennes – tirs de char, de mor­tiers ou d'hélicoptère – ont touché une école de l'UNRWA, l'organisme des Nations unies chargé des réfugiés pales­ti­niens, à Beit Hanoun (nord de Gaza) où des cen­taines de per­sonnes, forcées de quitter leurs maisons les jours pré­cé­dents, se pen­saient à l'abri. Un premier bilan faisait état de 15 morts, dont une femme et son bébé, et de 120 blessés. Sur place, des mares de sang, des chaus­sures, des matelas épar­pillés témoi­gnaient de la vio­lence du bom­bar­dement, comme a pu le constater l'envoyé spécial de l'Humanité. Les femmes et les enfants se sont pré­ci­pités vers une cli­nique toute proche. Ce qui n'a pas empêché les Israé­liens de pilonner un bâtiment à proximité. Un nouveau crime de guerre per­pétré par Benyamin Neta­nyahou. À l'abri des regards, des mas­sacres sont en cours dans le sud de la bande de Gaza.

L'endroit res­semble à une ville après un cata­clysme. Des pans entiers de maisons se sont écroulés. Des pierres, des mor­ceaux de métal s'étalent sur la route. Ici et là, des fume­rolles indiquent les points d'impacts et des fumées plus épaisses s'échappent de bâti­ments en feu, teintant le ciel d'un gris de mort. « Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige », écrivait Bau­de­laire. Il s'agit de cela. Lorsque nous arrivons à Beit Hanoun, dans cette école de l'UNRWA qui vient d'être bom­bardée par les Israé­liens, le temps s'est comme figé. Vitrifié. Dans la cour, des matelas enroulés comme des ballots sont aban­donnés. Des chaus­sures dépa­reillées jonchent le sol. D'un petit bureau d'écolier en bois, une flaque de sang n'en finit plus de couler sur le banc. À l'intérieur du bâtiment, du sang encore, qui s'est étalé sur les dalles. Dehors, un point d'impact, trace d'un obus qui s'est abattu là. Le lieu a été sciemment visé. Alors que le manège des ambu­lances venues de Gaza et des petites loca­lités envi­ron­nantes, emmenant les corps des morts – il y en aurait au moins quinze – et les blessés – plus de 120, selon les secours pales­ti­niens –, paraît sans fin, les sur­vi­vants se sont pré­ci­pités dans une cli­nique toute proche. Beaucoup de femmes et d'enfants sont là. Tous en pleurs. Tous dans le dénuement. Tous dans l'incompréhension. Pas besoin de paroles pour com­prendre ce que veulent dire ces visages déformés par l'effroi. Depuis plu­sieurs jours, voire semaines pour cer­tains, des familles entières avaient quitté leurs maisons sous la pression du feu israélien à Beit Hanoun, qui s'étend jusqu'à la fron­tière. L'école de l'ONU leur avait ouvert ses portes. Le drapeau des Nations unies qui flottait sur le toit de l'établissement appa­raissait comme un bou­clier contre la foudre israé­lienne. Un endroit que nul ne pouvait toucher, protégé par les conven­tions inter­na­tio­nales. Mais celles-​​ci ne valent que pour ceux qui les res­pectent. Ce n'est pas le cas d'Israël.

« Tous les morts étaient des femmes et des enfants » (UNRWA)

« La Croix-​​Rouge est venue pour nous dire qu'il fallait quitter l'école parce qu'Israël voulait frapper, témoigne Sherina Abou Aouda, serrant fort la main de sa fille. On a donc préparé nos affaires. Les enfants se trou­vaient dans la cour. La Croix-​​Rouge nous a dit d'attendre parce que des bus allaient venir nous chercher. Tout d'un coup, les Israé­liens ont tiré sur nous, très fort. Il y avait beaucoup de morts et des blessés. » Encore trem­blante, elle ajoute : « Nous avons peur. »À peine a-​​
t-​​elle fini sa phrase qu'une vio­lente explosion retentit dans la ruelle en face de la cli­nique, semant l'émoi parmi tous ceux qui étaient là, les civils pales­ti­niens comme la presse. Un aver­tis­sement israélien pour que les médias ne témoignent pas de cette nou­velle exaction ? Tout est pos­sible. Zacharia Kaferna, qui se trouvait lui aussi dans l'école, confirme les propos de Sherina. Les réfugiés étaient en pleine dis­cussion avec la Croix-​​Rouge, exi­geant qu'un départ se fasse sous l'égide de l'organisme des Nations unies (UNRWA), lorsque l'armée israé­lienne a déclenché ses tirs. « Tous les morts étaient des femmes et des enfants », soutient-​​il. « Les coor­données pré­cises de cet abri à Beit Hanoun avaient été for­mel­lement fournies à l'armée israé­lienne, révèle Chris Gunness, porte-​​parole de l'UNRWA. Nous vou­lions évacuer car il y avait des combats autour de l'école. Nous avons passé une grande partie de la journée à essayer de négocier et d'organiser une trêve pour per­mettre aux civils, notamment à notre per­sonnel, de partir. Cela n'a pas été accordé. Les consé­quences sont tra­giques. » La petite Gammar, sept ans, que nous avons vue à l'hôpital Shifa de Gaza, peu de temps après, ne connaissait pas ce mot « tra­gique ». Elle vit pourtant sur son lit en attendant l'opération de sa jambe gauche touchée par des éclats d'obus. Son frère a eu la main arrachée et son père est mort. Raji Sourani, directeur du Centre pales­tinien pour les droits de l'homme (PCHR), dénonce ces « crimes de guerre ». Il espère qu'une com­mission d'enquête de l'ONU se rendra sur place pour enquêter. « Après l'invasion de 2008-​​2009, l'opération “Plomb durci”, la com­mission Gold­stone avait fait du bon travail. Mais ce rapport a ensuite été soumis au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il décide de le pré­senter devant la Cour pénale inter­na­tionale. Le rapport a été bloqué et aucune suite n'a été donnée. Il faut, cette fois, que le rapport d'enquête soit adressé direc­tement à la Cour pénale, comme c'est pos­sible. Il ne s'agit pas d'accuser Israël mais de pré­senter les élé­ments qui font soup­çonner des crimes de guerre et qu'une enquête de cette Cour inter­na­tionale soit dili­gentée. » Et ce juriste d'ajouter : « La Cour pénale inter­na­tionale doit décider qui se com­porte en ter­ro­riste. » Reste main­tenant au pré­sident de l'Autorité pales­ti­nienne, Mahmoud Abbas, à ratifier le statut de la Cour pénale inter­na­tionale qui per­met­trait effec­ti­vement de la saisir. « S'il ne le fait pas, sa légi­timité sera contestée », fait remarquer Raji Sourani, qui a bon espoir de voir le pré­sident pales­tinien entre­prendre cette démarche. À Beit Hanoun, des cen­taines de Pales­ti­niens, déplacés une pre­mière fois, sont main­tenant pris au piège. Une fois de plus, Israël se dégage de toute res­pon­sa­bilité et accuse la résis­tance pales­ti­nienne. Qui peut encore croire Tel-​​Aviv ?

Menaces de mort à l'Ambassade de Palestine

L'ambassade de Palestine à Paris a reçu, hier, une lettre de menaces qui, certes, n'était pas la pre­mière, mais qui était accom­pagnée d'une matière végétale collée au dos de la lettre. Celle-​​ci, à l'en-tête d'une orga­ni­sation reli­gieuse extré­miste juive, Pulsa di Nura, basée à New York, avait été appa­remment postée en Israël. Accusant tous les par­ti­ci­pants aux mani­fes­ta­tions pari­siennes pour Gaza de « pro­pa­gande nazie et anti­sémite », elle affirme qu'ils ont été condamnés à mort et seront exé­cutés grâce à un virus baptisé Ben Gourion 48. Aussi ubuesque que paraisse la menace, la police a procédéà l'analyse de la sub­stance contenue dans la lettre et estimé qu'elle ne devait pas être prise à la légère. Il y a quelques jours déjà, un groupe de la Ligue de défense juive était venu mani­fester devant l'ambassade en pro­férant injures et menaces.


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