Quantcast
Channel: Association France Palestine Solidarité
Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

Gaza : « La plus grande prison à ciel ouvert du monde »

$
0
0

La guerre menée par Israël dans le ter­ri­toire de Gaza met en lumière l'histoire com­pliquée de cette bande de terre, qui fait partie des ter­ri­toires occupés par Israël en 1967. En 2005, le gou­ver­nement israélien s'est retiré de ce ter­ri­toire mais en contrôle tou­jours les fron­tières ter­restres et mari­times ainsi que l'espace aérien, et une partie de l'espace maritime.

JPEG - 26.8 ko
Bom­bar­de­ments israé­liens sur la ville de Gaza, le 29 juillet 2014. ©ASHRAFAMRA /​AFP

Une bande de terre intensément peuplée

D'une largeur de 6à12 kilo­mètres et d'une super­ficie de 360 km², le ter­ri­toire appelé« bande de Gaza » est entouré au nord, à l'est et au sud-​​est par l'État d'Israël, et au sud-​​ouest par l'Égypte. Vers le nord-​​ouest, la bande de Gaza est bordée par la Médi­ter­ranée. Cette étroite bande de terre est souvent consi­dérée comme l'un des ter­ri­toires les plus den­sément peuplés au monde. La bande de Gaza compte environ 1,7 million d'habitants. Elle est souvent consi­dérée comme « la plus grande prison à ciel ouvert du monde », selon les mots de Nicolas Sarkozy (16 février 2009), en raison de son bou­clage par les Israé­liens et les Égyptiens.

Une histoire très ancienne

La ville de Gaza est très ancienne. Citée dans la Bible, elle remon­terait au milieu du deuxième mil­lé­naire avant J.-C. Tour à tour phil­listin (qui a donné le mot « pales­tinien »), grec (une statue de l'époque hellenique a été récemment mise à jour), romain, byzantin, ottoman… le ter­ri­toire se retrouve sous mandat bri­tan­nique à la fin de la Pre­mière guerre mon­diale, comme l'ensemble de la Palestine (au sens géo­gra­phique du terme).

JPEG - 29.5 ko
Dis­tri­bution de nour­riture par l'ONU en 1956à des réfugiés pales­ti­niens dans la bande de Gaza ©RENEJARLAND /​AFP

Gaza depuis 1948

Après la guerre de 14-​​18, l'ensemble de la Palestine (géo­gra­phique) passe sous contrôle bri­tan­nique qui, après la décla­ration Balfour, favorise la création d'un « foyer national juif ». A la fin du mandat bri­tan­nique, après la création des deux États par l'ONU, l'État d'Israël voit le jour dans des fron­tières élargies à la suite d'un conflit avec les États voisins qui refu­saient le plan de partage.

A l'issue de ce conflit, la bande de Gaza voit sa popu­lation for­tement aug­menter en raison de l'arrivée de très nom­breux réfugiés qui sont ras­semblés dans des camps (ceux-​​ci expliquent la pré­sence de l'ONU et de ses écoles dans le ter­ri­toire pales­tinien). On estime à l'époque que ce sont environ 170.000 Pales­ti­niens qui ont fui ou on été chassés d'Israël, qui se retrouvent dans ces camps. La bande de Gaza se retrouve sous admi­nis­tration égyptienne.

En 1956, le ter­ri­toire est occupé par Israël qui s'est lancé dans une opé­ration contre l'Egypte, en col­la­bo­ration avec le Royaume-​​Uni et la France qui n'acceptaient pas la natio­na­li­sation du canal de Suez. Lors de cette occu­pation, des crimes auraient été commis par les Israé­liens dans un contexte de contes­tation per­ma­nente par la gué­rilla pales­ti­nienne. L'historien Jean Pierre Filiu estime que 1000 Pales­ti­niens auraient alors été tués. Une bande des­sinée de Joe Sacco retrace avec beaucoup de réa­lisme les évé­ne­ments de 1956.

JPEG - 32 ko
Jeunes Pales­ti­niens mani­festant contre l'occupation israé­lienne pendant la pre­mière Intifada en 1987 dans la bande de Gaza. ©ESAIASBAITEL /​AFPARCHIVES /​AFP

Intifada

En 1967, Israël, qui avait res­titué Gaza aux Égyp­tiens, s'empare à nouveau de ce ter­ri­toire, ainsi que du Sinaï, lors de la guerre des Six Jours. Cela n'arrête actions des Pales­ti­niens contre les Israé­liens. En 1971, Ariel Sharon procéda à d'énormes dépla­cement de popu­la­tions pour tenter de mettre fin à cette contes­tation. Comme dans les autres ter­ri­toires pales­ti­niens, des colonies israé­liennes s'implantent.

C'est dans le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, qu'éclate la pre­mière Intifada, en 1987.

En 1993, à la suite des accords d'Oslo, la bande de Gaza est en partie sous gestion de l'Autorité pales­ti­nienne. Mais le blocage du pro­cessus de paix débouche rapi­dement sur une seconde intifada alors que les accro­chages et les attentats deviennent per­ma­nents. Symbole de l'échec du pro­cessus de paix, l'aéroport inter­na­tional de Gaza, inauguré par Bill Clinton et Yasser Arafat est détruit par les Israé­liens lors de la seconde Intifada, en 2001.

La victoire du Hamas

En 2005, le départ des Israé­liens de la bande de Gaza, initié par Ariel Sharon, est effectif, même s'il s'est fait sans accord inter­na­tional et qu'Israël contrôle les fron­tières du ter­ri­toire. De ce fait, selon de nom­breux juristes, la bande de Gaza doit tou­jours être consi­dérée comme un ter­ri­toire occupé. Le ter­ri­toire se retrouve sous la gestion de l'Autorité pales­ti­nienne. Lors des élec­tions démo­cra­tiques de 2006, le Hamas devient majo­ri­taire, notamment à Gaza. La tension avec l'Autorité pales­ti­nienne de Mahmoud Abbas devient dif­ficile et le Hamas prend le pouvoir dans la bande de Gaza.

Depuis, le ter­ri­toire, soumis à un blocus quasi-​​total par ses deux voisins, Israël et l'Egypte, évolue entre cessez-​​le-​​feu, actions israé­liennes, tirs de roquettes ou bom­bar­de­ments massifs israé­liens comme lors de l'opération « Plomb fondu » (décembre 2008-​​janvier 2009) qui fit plus de 1000 morts, essen­tiel­lement civils, côté palestinien.

« De 1948à1967, Gaza se trouve sous contrôle égyptien et sert de base de lan­cement à des raids de fedayins pales­ti­niens contre Israël, lequel mul­tiplie les coups de force. L'unité101 dirigée par Ariel Sharon s'y illustre dès sa création, en 1953. Gaza est briè­vement envahie trois ans plus tard. Depuis le retrait de 2005, l'armée israé­lienne ne cesse de rejouer cette par­tition, avec une puis­sance de feu décuplée, mais sans guère plus de résultats », écrivait déjà en 2012 le cor­res­pondant du Monde au Proche-​​Orient, Gilles Paris.

Cinq ans après l'opération « Plomb durci » et deux ans après cet article, la situation n'a guère évolué. La colo­ni­sation pro­gresse en Cis­jor­danie, le pro­cessus de paix est tota­lement paralysé.

« Il n'y pas de solution mili­taire à Gaza : une "vic­toire" israé­lienne contre le Hamas ferait le lit de groupes jiha­distes embusqués de l'autre côté de la fron­tière égyp­tienne, et exaltés par l'avènement de leur "calife" en Irak. Israël répé­terait avec des consé­quences encore plus dra­ma­tiques l'erreur per­pétrée dix ans plus tôt, lorsqu'elle affai­blissait l'Autorité pales­ti­nienne au profit du Hamas », estimait le 13 juillet Jean-​​Pierre Filiu, auteur d'une His­toire de Gaza (Fayard) sur Rue 89.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

Trending Articles