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L'eau, source de conflit entre Israéliens et Palestiniens

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Les Pales­ti­niens uti­lisent habi­tuel­lement presque 8,2% des res­sources dis­po­nibles en eau dans un Bassin de 2,8 mil­liards de mètres cube. Dans le même temps Israël en utilise 57,1% et la Jor­danie 34,7%. (Pales­tinian Hydrology Group)

D'après une nou­velle étude hydro­lo­gique, seulement 8,2 % du total des sources d'eau dis­po­nibles au Proche Orient sont accordées aux Pales­ti­niens alors qu'Israël contrôle 57,1 % des res­sources dis­po­nibles et la Jor­danie 34,7 %. Ces répar­ti­tions ne concordent pas avec les besoins des popu­la­tions concernées et consti­tuent des sources de conflits majeurs dans une région où la méfiance règne entre les voisins.

Des vil­la­geois pales­ti­niens pré­fèrent boire de l'eau ayant des risques de conta­mi­nation plutôt que l'eau contrôlée fournie par une société israé­lienne, raconte Buthaina Mizyed qui a tra­vaillé dans le village d'Arraneh proche du terrain conflictuel de Jénine en Cisjordanie.

La raison pour laquelle les Pales­ti­niens évitent d'utiliser l'eau de la station du village voisin d'Al-Jalameh est offi­ciel­lement qu'elle a une odeur de chlore. Mais en réalité, c'est par méfiance à l'égard des Israé­liens car les parents pales­ti­niens craignent que l'eau ait pu être conta­minée dans le but de nuire à la santé de leurs enfants.

« Nous les avons assuré que l'eau d'Al-Jalameh est constamment testé et que sa qualité est net­tement meilleure que celle de l'eau des puits agri­coles », explique Mizyed. « Mais ils ne nous croient pas. Ils ont dit que l'eau pourrait être conta­minée entre deux tests de qualité. Ils nous demandent de garantir que l'eau fournie par une société israé­lienne est sûre mais évidemment, nous ne pouvons pas garantir cela ».

Mizyed a relaté cet exemple lors d'une journée d'étude sur « l'inégalité des répar­ti­tions d'eaux sou­ter­raines : le cas israélo-​​palestinien », orga­nisée lors du Congrès mondial de l'UICN à Bar­celone. « La méfiance des Pales­ti­niens n'est pas sans fon­dement », selon un rapport pré­senté lors de l'événement par Ayman Rabi, directeur du Pales­tinian Hydrology Group, un orga­nisme non gou­ver­ne­mental basé à Jéru­salem. « Les colonies israé­liennes se débar­rassent de leurs eaux usées non traitées dans les terres pales­ti­niennes, pro­vo­quant ainsi de graves menaces de pol­lution des res­sources en eau », explique le directeur. Ingé­nieur de pro­fession, Rabi a tra­vaillé sur plu­sieurs projets financés par la Com­mission euro­péenne et les ONG en Europe.

Son rapport relève que l'industrie des colonies israé­liennes en Cis­jor­danie est à l'origine de graves dom­mages causés aux sources d'eaux sou­ter­raines et de pol­lution ter­restre. Il sou­ligne également les inéga­lités de répar­tition d'eau qui affligent la région.

« Les inéga­lités sont évidentes, mais mal­heu­reu­sement les médias n'en parlent presque jamais », déplore Rabi « Une attri­bution inéga­li­taire des res­sources d'eau sou­ter­raine pour les Pales­ti­niens les a main­tenue dans un état de sous-​​développement durant les 60 der­nières années. Dans les milieux arides comme au Moyen-​​Orient, l'eau est consi­dérée comme un facteur majeur de sta­bilité et de pros­périté pour tous. Pour que cette sta­bilité se perdure, des gens qui vivent sous un tel climat et sous ces condi­tions hydro­lo­giques doivent être traités équi­ta­blement en fonction de leurs droits et de leurs besoins en eau ».

L'étude explique ainsi 44 % des besoins en eau domes­tique des Pales­ti­niens sont fournies par les res­sources locales et le solde des 56 % est acheté à Israël.

D'après Rabi, l'Etat d'Israël a, au fil des décennies, voulu main­tenir un contrôle total sur les res­sources en eau dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés et a refusé d'allouer la juste part des res­sources aux Pales­ti­niens. « Israël a foré des cen­taines de puits à côté de la Ligne verte pour capter toutes les eaux pro­venant de l'aquifère du bassin de l'Ouest », sou­tient l'étude.

La "Ligne verte" se réfère à la ligne d'armistice de 1949 entre Israël et ses voisins (Égypte, Jor­danie, Liban et Syrie) après guerre israélo-​​arabe de 1948. La Ligne verte ne sépare pas seulement Israël de ces pays, mais également des ter­ri­toires occupés plus tard en 1967 après la guerre des Six jours, y compris la Cis­jor­danie, la bande de Gaza, les pla­teaux du Golan et la péninsule du Sinaï (qui a depuis été res­tituée à l'Egypte). Le terme « ligne verte » se réfère à l'encre verte uti­lisée pour tirer la ligne sur la carte lors des négociations.

Selon l'étude, « Israël continue de confisquer davantage de terres pour la construction de colonies de peu­plement afin de contrôler les zones de recharge. »

Le nombre de colons a aug­menté de 20.000 dans les années 1970 à 230.000 dans les années 1990 et les besoins en eau ont suivi la même évolution. L'ingénieur pales­tinien met en garde en pré­cisant que si la demande d'eau continue d'augmenter, grâce à la crois­sance de la popu­lation et le déve­lop­pement écono­mique, le Moyen-​​Orient pourrait être la pre­mière région au monde à faire face de manière spec­ta­cu­laire à une pénurie d'eau.

La situation est déjà alar­mante. La salinité est en hausse dans les prin­cipaux cours d'eau tels que l'Euphrate et la moitié de la popu­lation des grandes villes de la région manque d'approvisionnement en eau potable.

Et si les pays du Moyen-​​Orient n'avaient pas d'autre choix que de s'entendre afin de par­tager les maigres res­sources en eau de la région ?

C'est le pos­tulat de départ de Jon Martin Tron­dalen dans son livre « l'eau et la paix pour le peuple » publié le mois dernier au siège de l'organisation des Nations Unies pour l'Education et la Science (UNESCO) à Paris.

Le livre suggère des moyens concrets pour résoudre ces crises, analyse le contexte dans chaque situation tout en rendant publiques de nou­velles infor­ma­tions. L'auteur examine les conflits entre Israël et la Syrie dans les pla­teaux du Golan, entre Israël et le Liban sur le prin­temps de Wazzani et le long dif­férend concernant l'eau entre les Pales­ti­niens et les Israé­liens. Les défis aux­quels sont confrontés la Turquie, la Syrie et l'Irak dans le partage des eaux de l'Euphrate et du Tigre sont également abordés.

Publié par IPS


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