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Com­mu­niqué de l'AURDIP sur les suites d'un examen de médecine huma­ni­taire à l'Université Paris-​​Diderot

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Un ensei­gnant de l'université Paris-​​Diderot, dans le cadre d'un examen de médecine huma­ni­taire, a demandé aux étudiants d'appliquer les cri­tères de clas­sement du droit inter­na­tional à un exemple précis, tiré d'un épisode du conflit israélo-​​palestinien. L'exemple était décrit de manière purement fac­tuelle. Le pré­sident de l'université, M. Vincent Berger, a pourtant réagi très vivement à cet examen par un com­mu­niqué à tout le per­sonnel de l'université : il y conteste le bien fondé de la question, accuse l'enseignant de déroger au principe de laïcité et de neu­tralité de l'université, et annonce une enquête. Plu­sieurs autres réac­tions sont venues appuyer ce communiqué.

L'AURDIP, Asso­ciation des Uni­ver­si­taires pour le Respect du Droit Inter­na­tional en Palestine, est extrê­mement pré­oc­cupée par ces réac­tions, qui nous paraissent, dans l'état des infor­ma­tions données par la pré­si­dence, contre­venir au principe de laïcité et de neu­tralité, à la dif­fé­rence de la question incri­minée. Il semble normal que des éléments de droit inter­na­tional soient enseignés aux étudiants de médecine huma­ni­taire, et que ces étudiants apprennent à les appliquer à des situa­tions concrètes (situa­tions qu'ils sont sus­cep­tibles de ren­contrer dans l'exercice de leur métier). Il fait plei­nement partie des attri­bu­tions péda­go­giques d'un uni­ver­si­taire qui enseigne ce sujet de sou­mettre une telle situation à ses élèves pendant un examen et de leur demander de la qua­lifier juri­di­quement ; un ensei­gnant qui ne pro­po­serait pas de tels cas concrets pourrait, à juste titre, se le voir reprocher.

Aucun choix de conflit réel ne pourrait en lui-​​même être considéré comme neutre. Le trai­tement de la situation, en revanche, peut et doit l'être, dans le cadre de l'université. Or, rien dans la des­cription fournie par la pré­si­dence, qui ne concerne que le choix de l'exemple, ne permet de juger que l'enseignant a failli sur ce point.

Faut-​​il en conclure qu'aucun événement lié au conflit israélo-​​palestinien ne peut être men­tionné dans un cours ? Que toute réfé­rence à ce conflit (même lorsqu'elle ne contient comme ici aucune allusion à une religion quel­conque) doit être inter­prétée comme une atteinte à la laïcité ? Ceci nous paraît mani­fester des prises de position idéo­lo­giques jus­tement contraires à l'objectivité.

Voici déjà long­temps que les uni­ver­sités fran­çaises cen­surent les débats sur la Palestine. L'AURDIP s'inquiète de ce que la censure des opi­nions s'étende désormais à celle des faits. Elle y voit un grave danger pour la liberté d'expression et la valeur même de l'enseignement dis­pensé dans les universités.

Ivar Ekeland, pré­sident hono­raire de l'université Paris-​​Dauphine, pré­sident de l'AURDIP

Sonia Dayan-​​Herzbrun, pro­fessuer à l'université Paris-​​Diderot, vice-​​président de l'AURDIP

Joseph Oes­terlé, pro­fesseur à l'université Pierre-​​et-​​Marie-​​Curie, vice-​​président de l'AURDIP

Publié par AURDIP


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