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Des extrémistes sionistes traquent les maisons palestiniennes à raser

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(De Cis­jor­danie) Un travail feutré : arriver sans préavis dans une ville ou un village pales­tinien, prendre des photos, boire un café avec les familles, et partir presque aussi vite qu'arrivé.

« Je ne mens pas. Quand ils me demandent ce que je fais, je leur explique que je mène une recherche dans la région. J'essaie de ne pas aller trop dans les détails. Je finis et je suis loin », résume Ovad Arad, assis dans sa voiture cli­ma­tisée, le long de la Route 60, en plein cœur de la Cis­jor­danie. Tou­tefois, il ne révèle jamais pour qui il opère et les vraies raisons de ses prises de vue.

Ovad Arad est à la tête de la division Judée-​​Samarie (Cis­jor­danie) de l'organisation d'extrême droite israé­lienne Regavim, dont le travail se concentre sur l'utilisation de moyens légaux pour obtenir des ordres de démo­lition des bâtisses pales­ti­niennes. Des remords sur son travail ? « Pas du tout », rétorque le résident de la colonie de Mevo Horon.

Tout autre réaction quand on aborde la des­truction de maisons de colons israéliens :

« Cela me fait du mal de voir des juifs être jetés hors de chez eux. Mais c'est vrai que je n'ai jamais vu des Pales­ti­niens être expulsés de leur maison, que des juifs pour l'instant. »

La traque numérique de Regavim

L'ONG de sur­veillance officie prin­ci­pa­lement dans le désert du Néguev, au sud d'Israël, et dans la zone C. Une zone qui couvre près de 60% de la Cis­jor­danie, sous contrôle total d'Israël selon les accords d'Oslo de 1993. Environ 150 000 Pales­ti­niens et 300 000 colons israé­liens y résident actuellement.

Selon la Qua­trième Convention de Genève, les colonies israé­liennes sont illé­gales et, même en vertu des propres lois d'Israël, les colonies de peu­plement sont illi­cites. Ari Briggs, directeur du dépar­tement inter­na­tional de l'organisation, explique :

« Pour nous, il n'y a pas d'occupation israé­lienne. Nous nous appuyons sur le cadre légal des accords d'Oslo pour faire notre travail en Cisjordanie. »

L'organisation obtient la plupart de ses données grâce à la liberté d'information, en demandant sim­plement à l'administration civile de fournir des infor­ma­tions. A l'aide de pho­to­gra­phies aériennes et du logiciel infor­ma­tique SIG (Système d'information géo­gra­phique), le groupe de colons qua­drille au cen­ti­mètre près Israël et la zone C à la recherche de bâti­ments pales­ti­niens illi­cites. Ari Briggs ajoute :

« 100% des construc­tions juives illé­gales vont recevoir un ordre de démo­lition, mais seulement un tiers des construc­tions arabes illé­gales vont en recevoir un. »

Accélérateur d'expulsions

« Nous sommes très inquiets des agis­se­ments de Regavim, car nous les consi­dérons comme une orga­ni­sation ultra­po­li­tisée », s'inquiète l'avocat Tamar Feldman, directeur de l'Association pour les droits civils en Israël (Acri). « Ils ne sont pas sou­cieux des droits humains, ni du droit international. »

Une vision démentie par Briggs : « Nous n'utilisons pas la loi à des fins poli­tiques. Nous uti­lisons la loi pour essayer de faire res­pecter le droit », se défend le natif d'Australie qui vit en Israël depuis dix-​​huit ans.

Pour Feldman, les actions de Regavim ont accéléré les pro­cessus juri­diques de des­truction, en par­ti­culier dans les col­lines du sud d'Hébron, l'une des régions les plus pauvres et les plus défa­vo­risées de Cis­jor­danie. Mais pour l'avocat, impos­sible de fournir des données exactes sur le nombre de démo­li­tions qui résultent du travail de l'ONG. Encore récemment tou­tefois, Regavim a fait appel à la Cour suprême israé­lienne pour main­tenir la sus­pension de 162 construc­tions pales­ti­niennes, gelées depuis 2008.

Fin juin, Richard Falk, rap­porteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés, dénonçait :

« Les colons israé­liens déve­loppent leurs implan­ta­tions illé­gales à proximité de Susiya, sans aucun effort du gou­ver­nement d'Israël pour les en empêcher. En même temps, la Cour suprême israé­lienne facilite la démo­lition de maisons pales­ti­niennes dans la zone. »

Un des coups de force de l'organisation : suite à un appel de Regavim, la Cour avait donné l'ordre de démolir 52 bâti­ments pales­ti­niennes dans les col­lines du sud d'Hébron.

Publié par Rue 89


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