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A Jéru­salem, les incur­sions de juifs reli­gieux sur l'esplanade des Mos­quées se multiplient

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Ils ont recom­mencé, dimanche 7 octobre : un petit groupe de juifs reli­gieux, se mêlant aux tou­ristes qui visitent l'esplanade des Mos­quées, ont pénétré sur le Haram Al-​​Charif (le mont du Temple pour les juifs) et se sont couchés sur le sol pour y prier. La police est inter­venue, arrêtant trois d'entre eux. Ven­dredi, à l'issue de la prière heb­do­ma­daire à la mosquée Al-​​Aqsa, les poli­ciers israé­liens avaient utilisé des gaz lacry­mo­gènes pour dis­perser des mani­fes­tants musulmans qui lan­çaient des pierres contre des juifs et des chré­tiens aux cris de « Allah Akbar ».

Le 2 et le 4 octobre, d'autres inci­dents s'étaient pro­duits sur l'esplanade des Mos­quées, troi­sième lieu saint de l'islam mais que des juifs radicaux veulent investir pour y recons­truire le "troi­sième temple". Plu­sieurs per­sonnes ont été arrêtées, dont Mosché Feiglin, chef de l'aile droite du Likoud, le parti du premier ministre, Benyamin Néta­nyahou. Ce jour-​​là, le 2 octobre, 130 juifs extré­mistes avaient pénétré sur l'esplanade, obli­geant les forces de l'ordre à inter­venir. La mul­ti­pli­cation de ces inci­dents est liée à Soukkot, la fête juive des cabanes (la com­mé­mo­ration de l'exode d'Egypte), qui a com­mencé le 30 sep­tembre et s'est achevée lundi 8 octobre. Selon Azzam Al-​​Khatib, directeur du Waqf, l'Office des biens musulmans, "ces vio­lences sont le résultat des appels de poli­ti­ciens [israé­liens] extré­mistes". L'esplanade est un site à haut risque pour la coexis­tence entre juifs et musulmans à Jéru­salem : c'est à la suite des affron­te­ments san­glants qui s'y sont pro­duits, en sep­tembre 2000, qu'avait débuté la seconde Intifada.

La police israé­lienne interdit aux juifs d'y prier, mais pas de s'y rendre. La situation est loin d'être claire : en 2006, la Cour suprême avait statué que les prières juives devaient y être inter­dites en cas d'"indications concrètes" de troubles poten­tiels, mais le 3 octobre, le juge Malka Aviv, du tri­bunal de Jéru­salem, a estimé que l'hostilité des musulmans n'est pas une raison suf­fi­sante pour jus­tifier l'interdiction de la police. Les juifs, a-​​t-​​elle affirmé, doivent être auto­risés à prier "d'une façon struc­turée" sur l'esplanade, dans une section qui leur serait désignée.

C'est là un jugement poten­tiel­lement lourd de consé­quences, alors même que la plupart des grands rabbins d'Israël sont en faveur d'une inter­diction de la prière sur le mont du Temple. Pour autant, le caractère équi­voque de cer­taines de leurs posi­tions est utilisé par une mou­vance extré­miste et mes­sia­nique qui regroupe des orga­ni­sa­tions comme les "Fidèles du mont du Temple", l'"Institut du Temple", situé dans la Vieille Ville de Jéru­salem, le "Forum des femmes pour le Temple", les "Amis du Temple", le "Mou­vement pour l'établissement du Temple", etc.

"Il est écrit que le 3ème Temple descendra des cieux"

Le rabbin du Kotel (le mur des Lamen­ta­tions), Shmuel Rabi­nowitz, que nous avons ren­contré il y a quelques jours, n'échappe pas à cette ambi­guïté : il explique avoir lui-​​même placé une pan­carte au bas de la pas­se­relle des Magh­rébins (Mughrabi bridge) qui relie l'esplanade du Kotel à celle des Mos­quées, pour signifier qu'il est interdit aux juifs d'y monter. Cela pour des raisons d'impureté reli­gieuse, et parce que le 3e Temple n'est pas encore recons­truit. Il le sera par Dieu, et non par les hommes, assure Shmuel Rabinowitz.

"Il est écrit que le 3e Temple des­cendra des Cieux. C'est pour cela que je leur dit [aux juifs extré­mistes], Dieu n'a pas besoin de votre aide." Pour autant, Shmuel Rabi­nowitz "refuse la position des musulmans qui est d'interdire aux juifs d'y prier [sur le mont du Temple]. En quoi cela les dérangeraient-​​ils ? Au Kotel, nous per­mettons à tous les croyants de venir prier, parce que la maison de Dieu est celle de tous", assure-​​t-​​il.

C'est un dis­cours que le muezzin d'Al-Aqsa, Naji Kazaz, comme la plupart des Arabes-​​israéliens de Jérusalem-​​Est, a du mal à entendre. Au cours d'une ren­contre, la semaine der­nière, dans sa maison de la Vieille Ville, il nous faisait part de ses cer­ti­tudes : "La police tolère que des cen­taines de juifs montent sur le Haram, et de plus en plus de colons s'y rendent."

Naji Kazaz n'a aucun doute qu' "une partie des juifs veulent détruire Al-​​Aqsa" pour y recons­truire le Temple. Leur intention secrète, estime-​​t-​​il, est "de diviser la mosquée, comme la mosquée Ibrahimi à Hébron" (une syna­gogue occupe la plus grande partie du monument, site du tombeau des Patriarches).

De même, si les Israé­liens veulent rénover la pas­se­relle des Magh­rébins, "c'est sans doute pour per­mettre à des véhi­cules israé­liens de pénétrer sur le Haram". Al-​​Aqsa, assure Naji Kazaz, est per­pé­tuel­lement en danger, et nous devons la défendre. Son meilleur pro­tecteur, affrime-​​t-​​il, est Raëd Salah, chef de la branche radicale du Mou­vement isla­miste israélien (proche du Hamas), lequel est la bête noire des Israéliens…

Publié par Le Monde​.fr


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