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Un label "Made in Palestine" ?

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Au cours du mois écoulé, Jonathan Dockney et quelques dizaines de mili­tants se sont rendus à plu­sieurs reprises dans une bou­tique de la chaîne sud-​​africaine de pro­duits cos­mé­tiques, Wellness Ware­house, dans la ville du Cap. Ils ont retiré des rayons les crèmes de la marque Ahava, entre­prise israé­lienne dont une usine est implantée sur la rive nord de la mer Morte, située en Cis­jor­danie. "Ces pro­duits importés des ter­ri­toires pales­ti­niens occupés par Israël ont un statut illégal", estime le secré­taire de l'organisation Open Shuhada Street, qui relaie une cam­pagne de boy­cottage inter­na­tional, "l'objectif est de faire pression sur les dis­tri­bu­teurs et ainsi d'isoler écono­mi­quement les colonies".

Pour l'instant, la direction de l'enseigne n'a pas cédé face à ces actions spec­ta­cu­laires mais rares. Si l'initiative ne ren­contre pas un grand écho dans la popu­lation sud-​​africaine, d'ici quelques mois, le chaland pourrait lui-​​même constater l'origine contro­versée de son achat. Le 22 août, le gou­ver­nement sud-​​africain a décidé d'apposer sur ces pro­duits vendus par des entre­prises israé­liennes le label "Fabriqué dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés" à la place du "Made in Israël". Des boissons gazeuses et des pro­duits frais - légumes et fruits - pour­raient aussi être concernés.

La date d'apparition de ces étiquettes reste incer­taine : des consul­ta­tions publiques sont en cours et une orga­ni­sation juive, la Fédé­ration sio­niste sud-​​africaine (SAZF), a porté plainte contre le gou­ver­nement. Mais si la décision était appliquée, elle serait une pre­mière dans le monde. En août, le porte-​​parole du gou­ver­nement avait précisé qu'elle était conforme à la ligne de l'Afrique du Sud, qui reconnaît les fron­tières de 1947 déli­mitées par l'ONU et ne reconnaît pas les ter­ri­toires occupés au-​​delà de ces fron­tières comme faisant partie de l'Etat d'Israël.

En juillet, le ministre adjoint aux affaires étran­gères, Marius Fransman, avait jus­tifié "ce coup de pouce sym­bo­lique" en rap­pelant que "les Pales­ti­niens et leurs sou­tiens, ins­pirés par le boy­cottage écono­mique de l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid, cherchent depuis des années à imiter notre succès dans ce domaine".

La diplo­matie du gou­ver­nement du Congrès national africain (ANC), qui a fait tomber il y a vingt ans le régime de la minorité blanche soutenu alors par Israël, milite pour le droit des Pales­ti­niens à "un Etat indé­pendant et viable".

Même si ces pro­duits ne repré­sentent qu'une fraction infime des échanges com­mer­ciaux, assez faibles, entre les deux pays, la décision a suscité l'ire des auto­rités israé­liennes. "Elle est dis­cri­mi­nante à l'égard d'un pays, alors qu'il y a beaucoup d'autres ter­ri­toires dis­putés dans le reste du monde comme le Sahara occi­dental, les îles Malouines, dénonce Jeff Katz, du Conseil des repré­sen­tants des Sud-​​Africains juifs (SAJBD). Un étiquetage doit avoir une vocation com­mer­ciale, pas une conno­tation poli­tique, ce n'est pas acceptable".

Le res­pon­sable propose que l'on ins­crive seulement le nom de la ville d'origine ou le code postal. "Mais comment voulez-​​vous que l'acheteur sud-​​africain connaisse par coeur la carte d'Israël ?", rétorque Jonathan Dockney. "Ce label sera un immense pas pour forcer Israël à mettre fin à cette situation d'apartheid, juge le militant pro­pa­les­tinien. L'Afrique du Sud pourra ainsi montrer la voie à d'autres pays dans le monde."

Publié par Le Monde


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