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Menace de l'Iran ou contre l'Iran

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Nous sommes main­tenant « ras­surés » : Néta­nyahou a reporté de plu­sieurs mois la menace de frappes mili­taires sur l'Iran…Il attend le résultat des élec­tions amé­ri­caines tout en faisant son pos­sible pour la vic­toire de Romney…

On est alors en droit de se demander pourquoi ce report après avoir pro­clamé sur tous les tons depuis des années que la menace nucléaire ira­nienne était à régler d'urgence… C'est l'occasion de revenir sur la question que beaucoup se posent : la menace nucléaire de l'Iran est-​​elle réelle ?

Je vou­drais aujourd'hui dire pourquoi c'est un faux pro­blème. Il ne s'agit pas de légi­timer les aspi­ra­tions nucléaires de Téhéran (je suis radi­ca­lement contre le nucléaire civil et mili­taire), il est plau­sible, pro­bable, qu'il ait des ambi­tions mili­taires, mais l'Iran n'est certes pas le seul pays dans cette situation et son éven­tuelle acqui­sition d'une capacité nucléaire n'augmenterait pas selon moi les menaces dans la région dues à d'autres raisons. Par contre elle encou­ra­gerait la pro­li­fé­ration nucléaire dans tout le Moyen-​​Orient, une pro­li­fé­ration lancée par le nucléaire israélien.

Fabriquer la bombe aujourd'hui est rela­ti­vement simple, au moins pour un Etat : le pro­blème prin­cipal est de se doter des maté­riaux fis­siles néces­saires ( La Corée du Nord l'a fait en trois ans en retraitant le com­bus­tible d'un petit réacteur). Les pays qui aujourd'hui dia­bo­lisent l'Iran sont les mêmes qui ont facilité le pro­gramme nucléaire de l'Inde et du Pakistan qui n'ont pas signé le TNP !

Le Brésil, l'Allemagne, le Japon pour­raient réa­liser une bombe en un rien de temps. Le double usage, le dual use, est intrin­sèque à la tech­no­logie nucléaire qui naît et se déve­loppe comme mili­taire et le civil en est un sous-​​produit… Tous les pays qui ont eu une capacité minima ont eu des pro­grammes nucléaires mili­taires, plus ou moins déve­loppés ou secrets, sou­tenus ou non par des puis­sances nucléaires selon leurs intérêts géopolitiques.

Aujourd'hui la menace prin­cipale vient des sys­tèmes de défense anti­mis­siles, un saut tech­no­lo­gique consi­dé­rable qui permet un système agressif très dan­gereux. C'est de ce système qu'Israêl essaie de se doter avec l'aide des Etats-​​Unis. En fait le « secret de Poli­chi­nelle » de l'arsenal d'Israël est le vrai facteur désta­bi­lisant dans la région (et pas le seul).

Tout cela ne constitue pas une raison pour « jus­tifier » que l'Iran fasse la bombe. Mais si l'Iran se dotait de dix têtes et serait en état de les lancer - il en est encore très loin-​​ sur Israël il serait annulé de la carte géo­gra­phique par une riposte nucléaire (Israël dispose de 5 sous-​​marins indes­truc­tibles dotés par l'Allemagne de mis­siles à tête nucléaire).

L'arsenal nucléaire israélien.

Si on avait voulu pré­senter à l'ONU la réalité nucléaire au Moyen-​​Orient le contenu aurait été très dif­férent de celui pré­senté par Néta­nyahou : il s'agit du puissant arsenal nucléaire israélien encore enve­loppé dans l'omerta com­plice de l'Occident et qui, unique puis­sance nucléaire au Moyen Orient, possède entre 100 et 300 têtes, prêtes à être lancées sur des mis­siles balis­tiques qui, comme le Jéricho 3 ont une portée de 8 à 9000 km. Outre les sous-​​marins fournis par l'Allemagne et qui croisent en Médi­ter­ranée orientale, dans la Mer Rouge et dans le Golfe Per­sique, prêts 24h sur 24 à lancer l'attaque nucléaire, Israël dispose, grâce aux Etats-​​Unis d'une vaste flotte aérienne (chasseurs-​​bombardiers, avions de chasse à double capacité nucléaire et conventionnelle.

Mais Israël refuse d'admettre la pos­session d'un arsenal nucléaire (dont l'existence est reconnue par l'Agence inter­na­tionale de l'énergie ato­mique -AIEA-​​ . Il refuse donc de par­ti­ciper à la Confé­rence qui doit avoir lieu à Hel­sinki au début 2013, confé­rence décidée par l'ONU à la demande des pays arabes sou­tenue pour la pre­mière fois par les Etats-​​Unis et à laquelle l'Iran doit par­ti­ciper. Son objet est clair : création au Moyen Orient d'une zone dénu­cléa­risée. On voit l'enjeu ! Pendant ce temps Israël continue à pro­duire chaque année une quantité de plu­tonium suf­fi­sante pour fabriquer 10 à 15 bombes de la puis­sance de celle de Nagasaki. Sans oublier la grande pro­ba­bilité d'une pro­duction d'une nou­velle géné­ration d'armes nucléaires, minia­tu­risées et plus faci­lement uti­li­sables sur des objectifs ponc­tuels comme les sites nucléaires souterrains…

Aujourd'hui la mèche de la bombe – pas l'iranienne, encore vir­tuelle, montrée par Néta­nyahou à l'ONU, mais la seule réel­lement exis­tante, l'israélienne, peut être allumée à tout instant…

Bernard Ravenel


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