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La Palestine en route vers l'ONU avec le soutien du Hamas

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Ce jeudi 29 novembre, l'Assemblée générale des Nations unies se pro­noncera sur la demande de recon­nais­sance de la Palestine en tant qu'Etat obser­vateur non membre de l'ONU. Aucun sus­pense puisque les Pales­ti­niens sont d'ores et déjà assurés d'obtenir une majorité de « oui » et qu'il n'y a pas de droit de veto à l'Assemblée générale. Avec ce geste, l'Autorité pales­ti­nienne s'expose à des sanc­tions amé­ri­caines et israé­liennes. Le Hamas sou­tient la démarche onu­sienne de Mahmoud Abbas.

En 2011, les Pales­ti­niens vou­laient obtenir le statut d'Etat membre de l'ONU devant le Conseil de sécurité. Une démarche en forme d'impasse pour cause de véto amé­ricain annoncé. Mais, fina­lement, il n'y a même pas eu de vote au Conseil de sécurité, faute de soutien inter­na­tional. Alors 14 mois plus tard, les Pales­ti­niens reviennent à l'ONU et demandent cette fois un statut plus sym­bo­lique : celui d'Etat obser­vateur. C'est le statut du Vatican aujourd'hui, dans le passé le Japon ou l'Autriche ont également été des Etats observateurs.

« Il est important de se sou­venir qu'Israël lui-​​même a été crée sur les bases d'une réso­lution des Nations unies, la 181. A partir de là, c'est légitime pour la Palestine de demander une recon­nais­sance par les Nations unies » explique Mohammed Shtayyeh, l'un des res­pon­sables du dossier onusien au sein de l'Autorité pales­ti­nienne. Pour les Pales­ti­niens, c'est une façon de ramener leurs reven­di­ca­tions à l'ONU, après deux décennies de pro­cessus de paix sans résultats. Mais les diri­geants pales­ti­niens pré­cisent que leur démarche ne se sub­stitue pas à la négo­ciation : « Nous allons à l'ONU pour pré­server la solution à deux Etats et pour donner une légi­timitéà cette solution à deux Etats », affirme Mohammed Shtayyeh.

Pas de changements sur le terrain

Sur le terrain, rien ne va changer au len­demain du vote. En revanche, le nouveau statut de la Palestine lui donne théo­ri­quement le droit d'adhérer à des agences onu­siennes ou à des traités inter­na­tionaux. Les Pales­ti­niens seront-​​ils en mesure d'adhérer à la Cour pénale inter­na­tionale (CPI) et de la saisir pour mener une gué­rilla juri­dique contre Israël ? Ils ne l'excluent pas. Mais plu­sieurs pays occi­dentaux dont la France ont d'ores et déjà pressé les Pales­ti­niens de ne pas s'aventurer sur ce terrain.

Risque de sanctions

Les Etats-​​Unis s'opposent à cette demande de recon­nais­sance de la Palestine en tant qu'Etat obser­vateur et pour­raient bien sanc­tionner finan­ciè­rement l'Autorité de Ramallah, qui a passé outre les mises en garde de Washington. Israël, de son côté, pré­vient qu'en allant à l'ONU, les Pales­ti­niens trans­gressent les accords d'Oslo. L'Etat hébreu pourrait donc s'en affranchir également pour imposer des mesures de rétorsion. Mais après avoir adopté un ton menaçant ces der­niers mois, Israël laisse entendre aujourd'hui que sa réponse sera mesurée. En effet, comme l'Autorité pales­ti­nienne est affaiblie écono­mi­quement et poli­ti­quement, prendre des mesures qui la pous­se­raient à l'effondrement n'est cer­tai­nement pas dans l'intérêt d'Israël. Ses diri­geants sont bien conscients que le calme sécu­ri­taire qui règne en Cis­jor­danie est le résultat de la coor­di­nation quo­ti­dienne avec l'Autorité palestinienne.

Soutien du Hamas

Khaled Mechaal, le chef en exil du bureau poli­tique du Hamas, a annoncé cette semaine qu'il sou­tenait la démarche de Mahmoud Abbas à l'ONU, et ce malgré la division et la rivalité entre les deux grandes fac­tions pales­ti­niennes, Hamas et Fatah.

Après la récente confron­tation armée entre le Hamas et Israël, il semble que les diri­geants pales­ti­niens ont choisi de mini­miser pour l'instant tout ce qui les sépare. « Je crois que nous nous sommes rap­prochés, assure Ahmed Youssef, membre du Hamas et ancien ministre pales­tinien des Affaires étran­gères, il y a davantage de respect entre nous depuis que nous avons vu en Cis­jor­danie des gens des­cendre dans la rue et mani­fester contre l'agression israé­lienne à Gaza ». Ahmed Youssef – qui fut le conseiller du Premier ministre du Hamas Ismaël Haniyeh – ajoute : « Il y a eu aussi ces décla­ra­tions de Mahmoud Abbas et de Salam Fayyad, des décla­ra­tions fortes pour sou­tenir la rési­lience des Gazaouis face à l'agression israélienne ».

Le soutien du Hamas est-​​il un « renvoi d'ascenseur » après les décla­ra­tions d'unité et de soutien for­mulées par l'Autorité pales­ti­nienne pendant l'opération israé­lienne « Pilier de défense » de ce mois-​​ci dans la bande de Gaza ? En tout cas, ce n'est appa­remment pas un chan­gement de stra­tégie du Hamas qui s'accroche à son « droit à la résis­tance » qui inclut, selon lui, la lutte armée contre Israël. Dans l'opinion pales­ti­nienne, le sen­timent qui domine est que la stra­tégie de confron­tation du Hamas donne plus de résultats que la stra­tégie diplo­ma­tique de l'Autorité palestinienne.

Le Hamas sort ren­forcé du récent épisode de vio­lence qui l'a opposéà Israël. Poli­ti­quement, cela ne lui coûte pas très cher de sou­tenir la démarche pales­ti­nienne à l'ONU. Le mou­vement isla­miste pales­tinien n'a rien à y perdre et tout à y gagner.

Publié par RFI


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