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Raid aérien en Syrie : à quoi joue Israël ?

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Quelle était la cible de l'armée israé­lienne en ter­ri­toire syrien ? Pourquoi ? Quelques éléments de réponses.

Alors que les Etats-​​majors du monde entier dis­posent de sur­veillances satel­li­taires per­fec­tionnées et que rien ne semble plus pouvoir se passer dans le monde sans que tout soit su dans la minute ou presque, l'attaque israé­lienne en Syrie de mer­credi soulève encore plu­sieurs mystères.

Selon l'armée liba­naise, 12 avions de chasse israé­liens sont entrés dans l'espace aérien libanais en trois vagues entre mardi et mer­credi, a indiqué la BBC. Quelques heures après le com­mu­niqué de l'état major libanais, l'armée syrienne annonce que des chas­seurs israé­liens ont pénétré en ter­ri­toire syrien via le plateau du Golan et ont bom­bardé un centre de recherche mili­taire à Jamraya, au Nord-​​Ouest de Damas.

Selon Asso­ciated press et "Al-Monitor's", qui citent des sources mili­taires de la région sous couvert d'anonymat, la cible était en fait un convoi de camions trans­portant des mis­siles anti-​​aériens vers le Liban. Sans doute des mis­siles russes SA-​​17.

Il n'est pas pour le moment pos­sible de dire quelle était la cible visée. Peut-​​être les deux ?

Pas une première

L'armée syrienne a nié l'existence de tout convoi. Israël n'a ni confirmé ni infirmé cette attaque.

Selon le "New York Times", qui cite une source amé­ri­caine anonyme, les Israé­liens avaient en tout cas prévenu les Amé­ri­cains de leur intention d'effectuer une attaque aérienne en Syrie.

Ce n'est pas la pre­mière fois qu'Israël frappe ainsi son voisin sans pré­venir et sans confirmer l'avoir fait. La der­nière démons­tration de force de l'Etat hébreu remonte à2007 quand des avions sont sus­pectés d'avoir détruit un site que l'AIEA sus­pectait d'abriter un réacteur nucléaire. La Syrie avait alors démenti l'usage nucléaire de ce site mili­taire. Israël n'a jamais admis avoir bom­bardé ce site près de Deir Ezzor.

Pourquoi une telle attaque ?

L'explication la plus fré­quemment avancée par la presse inter­na­tionale concernant l'opération israé­lienne est donc le tir sur une car­gaison de mis­siles de défense anti-​​aérienne vers le mou­vement libanais Hez­bollah. Le ren­sei­gnement israélien observe de très près, depuis deux ans, le conflit qui oppose à ses portes le régime syrien à une partie de sa popu­lation. Plu­sieurs experts ont évoqué notamment une sur­veillance satel­li­taire minu­tieuse car la crainte est grande de voir ce conflit s'étendre, et les armes inonder la région.

Prin­cipale crainte : que ces der­nières ne tombent dans les mains d'un Hez­bollah libanais déjà trop bien armé aux yeux d'Israël. Or, le SA-​​17 est un système anti-​​missile russe moderne qui associe une rampe de quatre mis­siles à un radar per­fec­tionné. Il serait un grand pas en avant pour le Hez­bollah et réduirait mani­fes­tement les capa­cités de ren­sei­gnement aérien israélien au sud-​​Liban.

La possibilité de dissémination d'armes chimiques

Mais Israël craint également une dis­sé­mi­nation des armes bio­lo­giques et chi­miques du régime syrien. "Si des armes chi­miques par­viennent au Liban, Israël n'hésitera pro­ba­blement pas et atta­quera", a com­menté l'expert mili­taire Alex Fishman au quo­tidien israélien "Yedioth Ahronoth". De fait, la semaine der­nière, le Premier ministre israélien Ben­jamin Neta­nyahou affirmait, selon le "Washington Post" que tout signe de perte de contrôle de Bachar al-​​Assad sur ses armes chi­miques pourrait entraîner des frappes israéliennes.

Selon d'autres ver­sions, l'attaque israé­lienne visait un bâtiment mili­taire syrien. C'est notamment la version de la télé­vision d'Etat syrienne qui situe l'attaque près de Damas. Or selon l'opposition syrienne, le site viséétait utilisé pour le déve­lop­pement d'armes chimiques.

Vers une guerre entre les deux pays ?

La Syrie et Israël sont tech­ni­quement en état de guerre depuis 1948. Le prin­cipal enjeu aujourd'hui entre les deux pays est le Plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967. Mais le calme règne géné­ra­lement à la fron­tière. De fait, si l'attaque déli­bérée était confirmée, ce qui n'est pas le cas, les deux pays pour­raient être plus fran­chement consi­dérés comme en situation de guerre, en par­ti­culier en cas de riposte syrienne.

La Syrie a d'ailleurs pro­testé contre cette intrusion dans son espace aérien et ces tirs sur son ter­ri­toire, affirmant se réserver un droit de riposte. Mais Damas, empêtré dans sa répression de la révolte contre le régime de Bachar al-​​Assad, aurait du mal à mobi­liser son armée effi­ca­cement contre Israël. Ou bien au prix de l'abandon de posi­tions à l'armée libre syrienne sur son ter­ri­toire ce que le régime – qui a déjà perdu tota­lement le contrôle d'un tiers du pays, et le contrôle partiel sur un second tiers selon la diplo­matie occi­dentale – ne peut se résoudre à faire.

Une situation sur laquelle avait sans doute parié l'Etat-major israélien qui n'avait pas tou­tefois écarté le risque d'une riposte ponc­tuelle de Damas ou Téhéran – qui a menacé de le faire. Dimanche, l'Etat hébreu avait déplacé une bat­terie anti-​​missile "Iran Dome" pour pro­téger Haïfa, sa plus grande ville du Nord du pays.


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