" Nous espérons que cette année la situation permettra le début de pourparlers substantiels avec Israël, bien que nous n'ayons pas de grands espoirs. " Ce commentaire de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, donne le ton du pessimisme qui prévaut dans les rangs de la direction palestinienne avant l'arrivée du président Barack Obama, qui doit se rendre à Ramallah puis en Jordanie après son séjour en Israël. La composition du nouveau gouvernement israélien, en particulier la nomination de Mosché Ya'alon au poste de ministre de la défense, annoncée dimanche 17 mars, conforte ce scepticisme.
Ancien chef d'état-major de l'armée israélienne, ce général âgé de 62 ans est un partisan déterminé de la colonisation, tout comme celui qui l'épaulera au poste de vice-ministre de la défense, Danny Danon, l'un des députés les plus à droite du Likoud, le parti du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Dimanche, sur son compte Facebook, M. Ya'alon a donné un aperçu des défis qui attendent, selon lui, Israël : la menace nucléaire iranienne arrive en tête, la " question israélo-palestinienne "étant mentionnée en dernier.
Cette hiérarchisation des priorités correspondant à celle de M. Nétanyahou, les Palestiniens savent déjà que la relance des pourparlers de paix ne sera pas au premier rang des préoccupations du nouveau gouvernement israélien. Leurs dirigeants ont fait preuve d'une grande discrétion avant la visite du chef de la Maison Blanche, évitant toute initiative qui pourrait assombrir le climat de l'entretien entre MM. Obama et Abbas, à Ramallah, jeudi 21 mars.
C'est pour cela que la direction palestinienne ne voit pas d'un bon oeil l'initiative des " Palestiniens pour la dignité", ce groupe de jeunes qui a appeléà manifester contre la visite de M. Obama, rejetant d'éventuelles " futiles négociations " avec Israël et " des promesses d'aumône américaine ".
Esprit de conciliation
L'Autorité palestinienne espère de Washington la levée des sanctions financières imposées par le Congrès. C'est dans le même esprit de conciliation que M. Abbas a reporté sine die les pourparlers en vue de former un gouvernement d'union nationale avec le Hamas, sachant que Washington y est défavorable.
De même, les Palestiniens se sont gardés, après avoir obtenu contre l'avis de l'administration américaine un statut d'Etat observateur non membre des Nations unies en 2012, de demander leur adhésion à différentes agences de l'ONU et à la Cour pénale internationale. Cette réserve sera-t-elle payée de retour par le président américain ? " Je dirai à Abou Mazen - surnom de M. Abbas - qu'essayer d'aller unilatéralement à l'ONU en contournant Israël ne marchera pas ", s'est bornéà déclarer M. Obama, dans une interview à la télévision israélienne.
Publié par Le Monde