En jouant la carte du regain de tension, Israël s'oppose aux efforts de paix américains, déclare Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. A Hébron, des milliers de personnes ont assisté ce jeudi 4 avril aux funérailles de Maisara Abou Hamdiyeh, ce détenu palestinien qui a succombé mardi à un cancer. Il n'était traité qu'avec des antibiotiques donnés par Israël. Et à Tulkarem, ce sont deux adolescents abattus mercredi par des soldats israéliens qui ont été portés en terre. Les reportages sur place de nos envoyés spéciaux.
Avec notre envoyé spécial à Hébron, Nicolas Falez
Plusieurs milliers de personnes ont accompagné la dépouille de Maisara Abou Hamdiyeh à la mosquée puis au cimetière des Martyrs d'Hébron (sud de la Cisjordanie).
Devant la mosquée, la foule prie et rend hommage au prisonnier devenu un symbole depuis son décès des suites d'un cancer cette semaine. Mais ici à Hébron, on accuse Israël d'être responsable de sa mort, de n'avoir pas soigné sa maladie. Abid a affiché le portrait du défunt à l'arrière de son taxi : « Les Israéliens savaient qu'il était atteint d'une maladie très grave, un cancer, et malgré cela, ils ne lui ont rien donné comme médicament. Pour moi, cela veut dire qu'ils ont voulu sa mort. Ils l'ont tué».
En tête du cortège, des hommes armés, les visages dissimulés derrière des keffieh, le traditionnel foulard blanc et noir. Des militants qui tirent de nombreuses rafales vers le ciel alors que de la foule monte des slogans de colère.
Le corps du prisonnier palestinien est couché sur la plate-forme d'un camion des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne mais autour du véhicule ce sont les drapeaux de toutes les factions qui flottent au vent : Fatah, Hamas, Jihad islamique, FPLP.
Beaucoup de portraits du prisonnier ce jeudi lors de ses obsèques. Beaucoup d'hommages à cet homme qui purgeait une peine de prison à perpétuité, condamné par Israël pour des actes terroristes. Mais c'est en héros que les habitants d'Hébron le saluent : « Au fond de mon cœur, j'ai honte car je n'ai rien pu faire pour le soutenir, je n'ai rien pu faire pour le libérer avant sa mort. J'ai honte et j'aurais honte si je ne résiste pas contre cette occupation qui nous tue tous les jours ».
Certains jeunes Palestiniens dans le cortège appelaient ouvertement ce jeudi à une riposte contre Israël après le décès du prisonnier. Immédiatement après les obsèques, des incidents éclatent dans les rues d'Hébron entre jeunes lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens.
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Avec notre envoyée spéciale à Tulkarem, Emilie Baujard
Les visages sont fermés dans la foule qui accompagne les deux corps vers la mosquée. Les femmes pleurent sur les perrons des maisons et les hommes scandent des slogans en brandissant des drapeaux palestiniens. Au rythme des chants patriotiques, les deux corps sont ensuite transportés au cimetière du village.
L'atmosphère est lourde, la population est sous le choc et navigue entre tristesse et colère. Ici, tout le monde se connaît. Amer Nasser, 17 ans, et son cousin Naji Balbisi, 19 ans, mortellement blessés par balles mercredi soir, étaient cousins. Les circonstances de leur mort restent floues. On sait juste que des soldats israéliens ont ouvert le feu alors que les deux jeunes tentaient de lancer des cocktails Molotov vers un check-point.
Pour prévenir tout débordement, les forces de sécurité palestiniennes sont déployées à l'entrée du village pour empêcher les Palestiniens d'aller affronter les soldats israéliens stationnés non loin de là. L'armée israélienne est toujours en état d'alerte dans toute la Cisjordanie. Des affrontements sporadiques ont également lieu à Naplouse, dans le nord.
Photos de l'enterrement de Maisara Abou Hamdiyeh par Hazem Bader
- Hazem Bader
- Hazem Bader
Publié par RFI