Il a gagné. Samer Al Issawi, citoyen palestinien d'Al Issawiya, un quartier de la ville sainte d'El Qods, détenu injustement dans une prison israélienne et qui fait une grève de la faim depuis le 1er août 2012, vient d'accepter de mettre un terme à son action, la plus longue de l'histoire de l'humanité, en contrepartie de sa libération au bout de huit mois. L'accord scellé avec les autorités israéliennes prévoit qu'il regagnera son domicile familial à Al Issawiya, une condition à laquelle s'est accroché Samer avec force. Il avait refusé plusieurs offres de libération immédiate conditionnées par un exil, dans la bande de Ghaza, soit dans un pays de l'Union européenne qui accepte de le recevoir.
Samer Al Issawi, un militant du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), âgé de 33 ans, a perdu plus de la moitié de son poids, lui donnant un aspect squelettique. Mais ni cela ni la nette détérioration de sa santé, au point que les médecins prévoyaient depuis plusieurs semaines sa mort subite, à tout moment, ne l'ont fait plier pour faire des concessions à ses geôliers qui ont usé de tous les moyens pour casser sa volonté. En mars, lorsqu'il a été question d'exil, Samer avait répondu dans une lettre poignante publiée sur facebook, par l'intermédiaire de son avocat.
Une lettre poignante
« Je préfère mourir sur mon lit d'hôpital que d'être déporté loin d'El Qods. El Qods est mon âme et ma vie. M'arracher à elle serait arracher mon âme à mon corps. Ma vie n'a pas de sens, loin d'El Qods. Aucun endroit sur terre ne sera capable de m'accueillir comme El Qods. C'est donc à El Qods que se fera mon retour et nulle part ailleurs. Je conseille à tous les Palestiniens de s'attacher à leur terre et à leur village et de ne jamais céder aux désirs de l'occupant israélien. Je ne vois pas cette question comme une cause personnelle concernant Samer Al Issawi. C'est une question nationale, une conviction et un principe que devrait avoir chaque Palestinien qui aime le sol sacré de son pays. Je termine en affirmant pour la millième fois que je poursuis ma grève de la faim jusqu'à la fin, soit la liberté et le retour à El Qods, soit le martyre ! »
Arrêté en 2002 et condamnéà26 ans de prison pour « activité militaire », Samer Al Issawi avait été libéré en 2011 dans le cadre d'un échange de prisonniers palestiniens contre le soldat israélien Gilad Shalit. Al Issawi avait été arrêté une deuxième fois en juillet 2012, Israël l'accusant de s'être rendu de la ville sainte d'El Qods en Cisjordanie occupée pour y établir des « cellules terroristes » et réclamant qu'il effectue le reste de sa peine initiale. Le militant palestinien a nié ces accusations et a affirmé y être allé pour réparer sa voiture.
Devenu un symbole de la lutte des prisonniers palestiniens, environ 4700, dont près de 300 mineurs et une vingtaine de femmes, la victoire de Samer Al Issawi sur la tyrannie israélienne est porteuse d'espoir de voir ce dossier clos à jamais. Non que les geôliers israéliens vont subitement devenir plus humains et les relâcher de leur plein gré, mais être forcés de le faire en voyant qu'ils ont affaire à des milliers de nouveaux Samer El Issawi.
Publié par El Watan