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Lettre à Catherine Ashton sur les produits des colonies

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Madame la Haut Représentante,

Nous, sous­signés, membres du Groupe des Per­son­na­lités Emi­nentes Euro­péennes sur le Pro­cessus de Paix au Moyen-​​Orient, vous écrivons pour vous exprimer notre vive inquiétude quant aux chances mori­bondes d'un règlement fondé sur deux deux états indé­pen­dants, sou­ve­rains et paci­fiques d'Israël et de Palestine.

Le Groupe des Per­son­na­lités Emi­nentes est composé de plu­sieurs anciens Pré­si­dents, Pre­miers Ministres, Ministres et hauts res­pon­sables des Etats-​​Membres de l'UE qui ont décidé d'accorder leur efforts pour encou­rager un règlement durable du conflit israélo-​​palestinien.

Nous avons observé avec une déception crois­sante au cours des cinq années passées l'échec des parties à entamer quelque espèce de dis­cussion et celui de la com­mu­nauté inter­na­tionale sous la conduite des Amé­ri­cains ou des Euro­péens à encou­rager une telle dis­cussion. Nous avons aussi noté avec frus­tration et une pro­fonde inquiétude la dégra­dation des condi­tions d'application des droits huma­ni­taires et humains de la popu­lation des Ter­ri­toires Occupés. La sécurité et la sta­bilitéà long terme d'Israël, un objectif essentiel pour tout pro­cessus, ne peuvent pas être assurés dans de telles condi­tions, pas plus que les droit légi­times et les intérêts du peuple palestinien.

Le Pré­sident Obama a formulé cer­tains de ces points pendant son passage de mars 2013 dans la région, par­ti­cu­liè­rement dans son dis­cours au peuple israélien, mais il n'a fait preuve d'aucune intention d'agir pour briser la pro­fonde stag­nation, ni d'aucun signe qu'il recher­chait quelque chose d'autre que le redé­marrage de négo­cia­tions entre les diri­geants de Cis­jor­danie et d'Israël dans le cadre du Pro­cessus d'Oslo, qui a perdu son élan depuis longtemps.

En consé­quence, nous en appelons à vous, et par votre inter­mé­diaire, aux membres du Conseil des Ministres, pour recon­naître que le Pro­cessus de Paix tel que conçu dans l'Accord d'Oslo n'a plus rien à offrir. Cependant l'actuelle impasse poli­tique, tandis que la situation se dégrade sur le terrain, est insou­te­nable, étant donné les poli­tiques inquié­tantes dans la région et l'amertume générée par les dures condi­tions de vie sous l'occupation.

L'inquiétude de l'Union euro­péenne devant cette dégra­dation, clai­rement exprimée dans toute une série de décla­ra­tions, ne serait-​​ce que les Conclu­sions du Conseil Européen du 14 mai 2012, n'a pas été com­pensée par une quel­conque action sus­cep­tible d'améliorer la situation. Les aspi­ra­tions des Pales­tinien et des Israé­liens et les intérêts de l'Union Euro­péenne aux­quelles se réfèrent de façon évidente ces Conclu­sions et d'autres docu­ments per­ti­nents de l'UE ne peuvent être satis­faites par la stag­nation actuelle.

Il est temps d'avertir for­tement que l'Occupation est actuel­lement en train d'être conso­lidée par l'actuelle poli­tique occi­dentale. L' Autorité Pales­ti­nienne ne peut pas sur­vivre sans s'appuyer sur l'aide de la sécurité israé­lienne et le finan­cement occi­dental, puisque l'AP offre peu d'espoir de progrès en direction de l'auto-détermination pour le peuple pales­tinien, elle est en train de perdre rapi­dement le respect et le soutien de ses citoyens. L'accroissement continu de l'étendue et de la popu­lation des colonies israé­liennes, y compris à Jérusalem-​​Est, et le ren­for­cement du contrôle israélien sur les TO au mépris du droit inter­na­tional, montrent une ten­dance per­ma­nente à la dis­lo­cation com­plète des droits ter­ri­to­riaux palestiniens.

Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il doit y avoir une nou­velle approche. Laisser la situation se main­tenir sans rechercher de solution est hau­tement dan­gereux quand une question si explosive se pose dans un envi­ron­nement si tumultueux.

Une poli­tique réa­liste, néan­moins active, située dans le contexte des évène­ments actuels dans la région, a besoin d'être com­posée des éléments suivants :

- une meilleure prise en compte du besoin essentiel d'une solution à deux états, comme le dénouement le plus sus­cep­tible d'offrir une paix durable et la sécurité pour les partis et leurs voisins et la seule reconnue comme juste et équi­table par les réso­lu­tions de l'ONU ;

- une recon­nais­sance explicite que le statut actuel des Ter­ri­toires Pales­ti­niens est un statut d'occupation, avec la res­pon­sa­bilité de leur situation tombant de par le droit inter­na­tional sur l'état occupant ;

- une insis­tance sur le fait que les colonies israé­liennes au-​​delà des lignes de démar­cation de 1967 sont illé­gales, doivent cesser d'être agrandies et ne seront pas reconnues comme un des points de départ dans toute nou­velle négociation ;

- une sti­pu­lation que toute orga­ni­sation poli­tique repré­sen­tative demandant de façon valable à par­ti­ciper aux négo­cia­tions doit renoncer à l'usage de la vio­lence en dehors des normes établies par l'ONU ;

- un renou­vel­lement des efforts pour établir une repré­sen­tation unifiée des deux ter­ri­toires de Cis­jor­danie et Gaza, sans laquelle une paix d'ensemble ne peut pas être négociée avec succès et dont l'absence sert d'excuse à l'inaction ;

- un encou­ra­gement à la réforme de l'Organisation de Libé­ration de la Palestine, com­prenant une repré­sen­tation de tous les prin­cipaux partis s'engageant à la non-​​violence et reflétant les sou­haits for­mulés par la popu­lation pales­ti­nienne habitant en Cis­jor­danie et à Gaza ;

- un pro­gramme inter­na­tional ambi­tieux pour la mise en oeuvre de condi­tions net­tement amé­liorées de l'application des droits huma­ni­taires et humains à la fois à Gaza et en Cis­jor­danie, sous le contrôle de l'Organisation des Nations Unies, quel que puisse être l'état des négo­cia­tions de paix à n'importe quel moment ;

- un réexamen des dis­po­si­tions de finan­cement pour la Palestine, afin d'éviter la dépen­dance actuelle de l'Autorité Pales­ti­nienne de sources de finan­cement qui servent plutôt à geler qu'à pro­mouvoir le pro­cessus de paix ;

- un effort clair et concerté pour aller à l'encontre de l'effacement des lignes de démar­cation de 1967 comme base d'une confi­gu­ration à deux états. Cela devrait inclure une dis­tinction claire dans les rela­tions de l'UE avec Israël entre ce qui est légitime –à l'intérieur des lignes de démar­cation de 1967-​​ et ce qui est une vio­lation du droit inter­na­tional dans les Ter­ri­toires Occupés ;

- une volonté plus claire au sein de l'UE de jouer un rôle poli­tique et pas seulement financier et de reprendre un dia­logue plus stra­té­gique avec les Palestiniens.

En raison de la sagesse des décla­ra­tions de l'UE sur cette question au fil des ans, l'inactivité de l'UE devant une stag­nation devenant de plus en plus dan­ge­reuse est à la fois immorale et impru­dente. Les diri­geants euro­péens ne peuvent pas tou­jours attendre une action de la part des Etats-​​Unis quand les preuves s'accumulent de l'échec amé­ricain à recon­naître et à favo­riser un statut égal des Israé­liens et des Pales­ti­niens dans la recherche d'un règlement, tel qu'agréé dans les réso­lu­tions de l'ONU.

Les géné­ra­tions futures consi­dé­reront comme impar­don­nable le fait que les Euro­péens non seulement aient permis à la situation d'évoluer vers ce point de tension aigue, mais aussi qu'ils n'aient pas agi main­tenant pour remédier à la pour­suite de la des­truction des droits du peuple pales­tinien à l'auto-détermination. Nous consi­dérons comme essentiel pour les intérêts de l'UE que le Conseil des Ministres et vous-​​même agissiez rapi­dement pour cor­riger cet état de fait inacceptable.

Nous envoyons des copies de cette lettre aux Membres du Conseil des Ministres et au Secré­taire d'Etat des USA.

Les membres du GPEE vous adresse ses respectueuses salutations.

Ont signé

Gui­liano Amato, Ancien Premier Ministre d'Italie Frans Andriessen, Ancien Vice-​​Président de la Com­mission Euro­péenne Laurens Jan Brin­khorst, Ancien Vice-​​Premier Ministre des Pays-​​Bas John Bruton, Ancien Premier Ministre d'Irlande Benita Ferrero-​​Waldner, Ancienne Com­mis­saire Euro­péenne et Ancienne Ministre des Affaires Etran­gères d'Autriche Teresa Patricio Gouveia, Ancien Ministre des Affaires Etran­gères du Por­tugal Jeremy Green­stock, Ancien Ambas­sadeur du Royaume-​​Uni à l'Union Euro­péenne et Vice-​​Président du GPEE Lena Hjelm-​​Wallén, Ancienne Ministre des Affaires Etran­gères et Premier Ministre Adjoint de Suède Wolfgang Ischinger, Ancien Secré­taire d'Etat du Ministère Allemand des Affaires Etran­gères et Co-​​Président du GPEE Lionel Jospin, Ancien Premier Ministre de France Miguel Mora­tinos, Ancien Ministre des Affaires Etran­gères d'Espagne Ruprecht Polenz, Ancien Pré­sident du Comité des Affaires Etran­gères de la Diète Fédérale Alle­mande Pierre Schori, Ancien Ministre Adjoint des Affaires Etran­gères de Suède Javier Solana, Ancien Haut Repré­sentant et Ancien Secré­taire Général de l'OTAN Peter Sutherland, Ancien Com­mis­saire de l'UE et Directeur Général de l'OMC Andreas van Agt, Ancien Premier Ministre des Pays Bas Hans van den Broek, Ancien ministre des Affaires Etran­gères des Pays Bas et Ancien Com­mis­saire de l'UE aux Rela­tions Exté­rieures Hubert Védrine, Ancien Ministre des Affaires Etran­gères de France et Co-​​Président du GPEE Vaira Vike-​​Freiberga, Ancienne Pré­si­dente de Lettonie

(traduit de l'anglais par Yves Jardin)


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