
Acte 1 : de la nécessité de mentir par omission
Ce projet, c'était un vieux rêve : être utile quelque part. Au fil des mois, la destination est devenue évidente : ce sera la Palestine. Il ne m'a pas fallu longtemps pour trouver une association à Hébron qui avait justement besoin de quelqu'un pour refaire ses outils de communication touristique. Au programme, photos des sites à Hébron et dans le district, textes, guide… Beau programme en perspective.
Et puis, forcément, je n'avais pas l'intention de me borner à cette tâche. L'idée étant de ramener des témoignages et des photos de la situation palestinienne.
Tout s'est calé entre novembre et décembre pour un séjour du 9 février au 15 mars.
Le départ avait lieu le jeudi 9 février à0h40. Décollage de Roissy pour Tel Aviv. Il n'y a pas d'aéroport en Cisjordanie, alors il faut passer par Israël.
En résumé : il faut un visa israélien pour aller en Palestine… Triste réalité des territoires occupés.
Pour les ressortissants de l'Union européenne, nul besoin de demander un visa avant de partir pour Israël. Ce dernier est délivré sur place. Démarches facilitées. Tout va bien.
Sauf que les sympathisants de la cause palestinienne ne sont pas les bienvenus en Israël. Tout le monde vous le dira : ne dites pas que vous allez en Cisjordanie ou à Gaza, parce que vous allez passer un mauvais moment à l'aéroport avec interrogatoires en règle et éventuellement fouille à la clé.
Parce que je redoutais ce passage, j'ai rencontré beaucoup de Français et Franco-Palestiniens qui sont allés là-bas. Sur leurs conseils, j'ai donc décidé du scénario suivant : je pars seule faire du tourisme. 5 semaines. C'est vrai que ça fait beaucoup pour un si petit pays. « Non, non, ne t'en fais pas. Tu leur dis que tu viens visiter les lieux saints et tout va bien se passer. » En plus, ce n'est pas faux puisque j'ai bien l'intention d'aller visiter Nazareth, Jérusalem, Béthléem, Tel Aviv ou Jaffa. La nuance, c'est que je passerai presque tout mon temps à Hébron pour l'association. Et comme la situation est difficile à Hébron, il vaut mieux que j'évite de dire que je vais là-bas.
Pendant deux mois, j'ai peaufiné mon discours. Besoin d'être seule pendant quelques temps. Besoin de prendre du temps pour moi. Besoin d'aller sur les terres originelles de la civilisation chrétienne et dans un pays dont la beauté est mondialement reconnue. « Ne t'en fais pas, tu vas passer sans problème. »
Mon scénario n'était pas assez ficelé.
Publié sur le blog Un oeil ailleurs