Les Palestiniens ont fêté dans la nuit de samedi à dimanche la victoire historique d'un jeune chanteur de Gaza devenu la coqueluche de tout un peuple grâce au fameux de télé-crochet "Arab Idol". C'est la première fois qu'un Palestinien s'illustre ainsi dans ce genre de manifestation artistique et la prestation a suscité de Mohammad Assaf un engouement sans précédent dans les Territoires. Les célébrations ont éclaté spontanément dans la bande de Gaza et en Cisjordanie dès l'annonce des résultats de la compétition panarabe à Beyrouth, oùétait produit le show. A Jérusalem-Est, le secteur à majorité arabe occupé et annexé, les coups de klaxons ont retenti jusque tard dans la nuit autour des remparts de la Vieille ville. Près de la porte de Damas, une des entrées de la citadelle, des heurts ont éclaté entre des jeunes et la police israélienne qui a procédéà des arrestations, coupant court à la fête, selon une journaliste et la police.
A Gaza, d'où est originaire Mohammad Assaf, des dizaines de milliers de badauds ont aussitôt rempli les rues et les promenades du front de mer, au milieu des explosions de… pétards. Dans la soirée, les hôtels, restaurants et cafés de la bande côtière avaient été pris d'assaut pour suivre la retransmission en direct du dernier programme d'"Arab Idol".
Des portraits géants du beau chanteur gazaoui au visage juvénile étaient affichés sur les façades d'immeubles de Gaza et de Cisjordanie. Les festivités se déroulaient aussi à Ramallah – où des foules s'étaient rassemblées près de la tombe du chef historique Yasser Arafat – et dans les grandes villes de Cisjordanie.
Doté d'une voix exceptionnelle, le jeune homme de 23 ans, néà Misrata (Libye) mais habitant à Khan Younès, était le favori face à deux rivaux égyptien et syrien. Il avait encore enthousiasmé le jury, et mis la larme à l'oeil à ses innombrables fans palestiniens, lors de la finale d'"Arab Idol" vendredi soir à Beyrouth en interprétant une célèbre chanson nationaliste "Ally el-Kofiya" ("Brandis le keffieh", le foulard traditionnel immortalisé par Yasser Arafat).
Si le Hamas a manifesté peu d'enthousiasme de voir un enfant du pays – surnommé"la roquette" par le jury – s'illustrer dans un registre fort peu islamique, l'Autorité palestinienne, qui gouverne les zones autonomes de Cisjordanie, ne lui a pas ménagé son appui moral. Le président Mahmoud Abbas avait même téléphonéà Mohammad Assaf pour l'encourager, selon l'agence officielle Wafa.
- AFP/Said Khatib
Dans un communiqué, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNWRA) a annoncé qu'elle avait nommé Mohammad Assaf comme son premier ambassadeur de la jeunesse dans la région, qualifiant sa victoire de "fantastique".
Israël impose un blocus terrestre, maritime et aérien à Gaza depuis la capture en juin 2006 d'un de ses soldats – libéré en octobre 2011 en échange d'un millier de prisonniers palestiniens. Ce blocus a été renforcé en juin 2007à la suite de la prise de contrôle par le mouvement islamiste Hamas de la bande de Gaza, désormais considérée comme un "territoire hostile", puis allégé sous les pressions internationales à la suite de l'assaut meurtrier israélien le 31 mai 2010 contre une flottille humanitaire à destination de l'enclave palestinienne.
Publié par Le Monde.fr