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Négociations Israël-​​Palestine : entre frilosité et hostilité

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L'annonce par le secré­taire d'Etat amé­ricain John Kerry d'une reprise des négo­cia­tions de paix a déclenché des réac­tions plus que mitigées dans les deux camps.

Israé­liens et Pales­ti­niens sont-​​ils sur la voie de la reprise des négo­cia­tions ? Pour le Secré­taire d'Etat amé­ricain John Kerry, c'est une affaire réglée. Engagé dans d'innombrables allers-​​retours entre Ramallah, Jéru­salem et Amman, l'entremetteur a convenu avec les dif­fé­rentes parties en pré­sence de repartir – enfin ! – sur des négo­cia­tions. Exit, ou presque, les pré­con­di­tions pour s'installer autour d'une même table : le dia­logue direct va pouvoir reprendre dès la semaine pro­chaine, selon l'Américain.

Un chemin dont les acteurs ne semblent pas être tout à fait convaincus. Alors que les Pales­ti­niens deman­daient avant toute chose la recon­nais­sance d'une négo­ciation sur la base des fron­tières de 1967 et le gel de la colo­ni­sation, les Israé­liens sou­hai­taient que les Pales­ti­niens recon­naissent Israël en tant qu'Etat juif. Les deux parties ont-​​elles mis de l'eau dans leur vin pour per­mettre l'annonce par John Kerry d'un retour à la table des négociations ?

Si Ben­jamin Neta­nyahou et Tsipi Livni ou Mahmoud Abbas ont accom­pagné cette annonce de leurs vœux de réussite, celle-​​ci a été accueillie avec bien plus de réserve voire d'hostilité dans les deux camps, fra­gi­lisant l'annonce de Kerry.

La coalition autour de Netanyahou fragilisée

Du côté israélien, la coa­lition au pouvoir autour du Likoud de Ben­jamin Neta­nyahou connaît quelques tur­bu­lences depuis ven­dredi. Le ministre des Trans­ports, Israël Katz (Likoud) a déclaré dimanche que s'il sou­tient la reprise des pour­parlers, il reste opposéà la création d'un Etat pales­tinien, comme d'ailleurs le ministre adjoint aux Affaires étran­gères Zeev Elkin. Ce dernier a sou­ligné dimanche une ligne de fracture au sein du Likoud : "Je ne suis pas opposé en principe à des négo­cia­tions pro­prement dites. Nous vivons aux côtés des Arabes et il est tou­jours pré­fé­rable de parler que de ne pas parler", a com­menté Elkin. Mais le ministre a sou­ligné qu'il restait fidèle à la position du comité central du Likoud contre un Etat pales­tinien, indique le quo­tidien "Haaretz".

De son côté, le ministre de l'Economie et pré­sident de Habayit Hayehudi, Naftali Bennett, a menacé de quitter la coa­lition si une loi ins­ti­tuant le passage obli­ga­toire par un réfé­rendum pour tout accord de paix n'était pas immé­dia­tement votée à la Knesset.

Neta­nyahou avait en effet estimé dimanche lors d'une réunion de cabinet que tout accord de paix devrait être accepté par la popu­lation israé­lienne direc­tement. Bennett a fait de l'adoption d'une loi réfé­ren­daire une condition sine qua non à la reprise de négo­ciation, mettant dans la balance la par­ti­ci­pation de son parti à la coa­lition et menaçant, pour faire pression en ce sens, de ne pas faire voter le pro­chain budget par les députés de son parti.

De l'absence d'enthousiasme à l'hostilité

Du côté pales­tinien, l'enthousiasme n'était pas non plus à son plus haut niveau. Le prin­cipal res­pon­sable du Fatah, Nabil Chaath, a déclaré lundi matin à l'agence pales­ti­nienne Ma'an que la reprise des pour­parlers directs dépendait encore de deux mesures. Pre­miè­rement, les Amé­ri­cains doivent selon lui apporter des garanties aux demandes pales­ti­niennes. Ensuite seulement, les négo­cia­teurs Saeb Erekat et Tzipi Livni pour­raient se ren­contrer et fixer alors le cadre des pour­parlers. Le secré­taire général de l'OLP, Yasser Abed Rabbo, déclarait pour sa part à la radio que la direction pales­ti­nienne n'avait pas pris de décision défi­nitive sur le moment le plus opportun pour reprendre des négociations.

Mais ces réac­tions font figure de grand enthou­siasme com­parées à celles de l'opposition pales­ti­nienne ! Le mou­vement du député indé­pendant Mous­tapha Bar­ghouti a rejeté des pour­parlers qui "seraient une perte de temps et offri­raient une cou­verture au gou­ver­nement Neta­nyahou" s'il n'y avait pas une réfé­rence claire aux fron­tières anté­rieures au début de l'occupation israé­lienne en 1967 et un arrêt total de la colonisation.

Le Front popu­laire de libé­ration de la Palestine (FPLP) a également averti que "retourner aux négo­cia­tions hors du cadre des Nations unies et de leurs réso­lu­tions revien­drait à un suicide politique".

Le FPLP exhorte la direction pales­ti­nienne à relancer ses démarches à l'ONU, sus­pendues à la demande de Washington, "au lieu de sou­mettre les droits pales­ti­niens garantis par le droit inter­na­tional à des com­promis et des paris futiles qui ont échoué encore et encore".

Pour calmer le jeu, le pré­sident pales­tinien Mahmoud Abbas a affirmé dans le journal jor­danien "Al-​​Raï" que "les Etats-​​Unis visent sérieu­sement une solution poli­tique à la cause pales­ti­nienne en établissant un Etat pales­tinien sur les lignes de 1967 avec Jérusalem-​​Est comme capitale", et que "tout accord avec les Israé­liens sera soumis à un référendum".

Alors même qu'aucun par­ti­cipant ne s'est encore ins­talléà une table de négo­ciation dont per­sonne ne sait d'ailleurs où et quand elle doit être dressée, les deux camps riva­lisent déjà de démons­tration d'hostilitéà la tenue de pour­parlers. Un épisode qui aura au moins l'avantage d'atténuer la déception des tenants de la solution à deux Etats, en cas d'échec…


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