Quantcast
Channel: Association France Palestine Solidarité
Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

Ahmed Kathrada : « Il faut nous mobi­liser pour la libé­ration de notre camarade Marwan Barghouti »

$
0
0

Fête de l'Humanité2013. Ahmed Kathrada, com­pagnon de bagne à Robben Island pendant vingt-​​six ans de Nelson Mandela, est engagé dans la cam­pagne inter­na­tionale 
qui sera relayée 
à la Fête. Il s'est rendu récemment dans les ter­ri­toires palestiniens.

Quel est votre sen­timent après cette visite dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés  ?

Ahmed Kathrada. Nous avions beaucoup d'informations sur l'occupation des ter­ri­toires pales­ti­niens, sur les luttes exis­tantes et sur la façon de se com­porter des Israé­liens. Mais en venant ici, en constatant par nous-​​mêmes ce qui se passe, nous voyons que c'est encore plus grave que ce que nous pen­sions. Nous avons constaté de quelle manière Israël viole toutes les lois internationales.

Certains parlent d'apartheid. Est-​​ce votre avis  ?

Ahmed Kathrada. Dans beaucoup de domaines, on peut dire que c'est pire que l'apartheid que nous subis­sions en Afrique du Sud. Par exemple, sous l'apartheid, il n'y avait pas un mur qui nous séparait des Blancs comme c'est le cas ici entre Israé­liens et Pales­ti­niens. Il n'y avait pas de check-​​points, il n'y avait pas de routes séparées. Il y avait, c'est vrai, des expul­sions de popu­la­tions de cer­tains endroits mais ça n'avait rien à voir avec ce qui se passe dans les ter­ri­toires pales­ti­niens. J'ai vu de quelle manière l'armée israé­lienne détruit des hameaux, comme à Susiya, au sud d'Hébron. Les habi­tants rebâ­tissent et les soldats redé­truisent. C'est inima­gi­nable  ! Ils tentent de faire dis­pa­raître la moindre trace de la pré­sence de ces Bédouins et de ces Pales­ti­niens. Ce n'est rien d'autre qu'une vio­lation des droits de l'homme. Donc, encore une fois, c'est simi­laire à l'apartheid, la façon dont ils traitent les gens qui ne sont pas israé­liens  : comme moins que des êtres humains. Mais quand on s'occupe des détails, dans la vie quo­ti­dienne, c'est pire que l'apartheid. Vous vous rap­pelez sans doute que les diri­geants du Parti national (NP) qui ont mis en place l'apartheid en Afrique du Sud en 1948 avaient soutenu Hitler durant la Seconde Guerre mon­diale. Eh bien, cela n'a pas empêché Israël de les inviter et de les recevoir à l'occasion d'une visite d'État  !

Que pensez-​​vous 
de l'attitude de ce qu'on appelle la com­mu­nauté inter­na­tionale vis-​​à-​​vis d'Israël  ?

Ahmed Kathrada. Alors que des réso­lu­tions inter­na­tio­nales ont été votées, Israël continue son défi à la com­mu­nauté inter­na­tionale. Mal­heu­reu­sement, cer­taines des grandes puis­sances sont pro-​​israéliennes ou n'utilisent pas leur pouvoir pour faire fléchir Israël.

Les sanctions contre Israël sont-​​elles nécessaires  ?

Ahmed Kathrada. Nous devons faire ce qui est en notre pouvoir. Ce que je peux dire, c'est que dans notre cas, les sanc­tions n'étaient pas le seul outil qui a été utilisé. Le prin­cipal para­mètre qui nous a permis de gagner est la lutte. Les sanc­tions, la lutte armée… ont joué leur rôle, bien sûr. Mais la lutte a été pri­mor­diale. Ce qui a été important avec les sanc­tions, c'est que l'Afrique du Sud a été isolée dans les domaines sportif, culturel et plus tard financier… En ce sens, les sanc­tions ont joué un rôle important.

Comment renforcer 
la lutte pour la libération 
des prisonniers palestiniens  ?

Ahmed Kathrada. Nelson Mandela a tou­jours dit que notre liberté en Afrique du Sud serait incom­plète sans la liberté du peuple pales­tinien. Il faut que notre soutien soit plus fort et plus efficace. Et, bien sûr, il faut nous mobi­liser pour la libé­ration de notre ami, notre camarade Marwan Bar­ghouti, et de tous les pri­son­niers pales­ti­niens. Je com­prends Marwan Bar­ghouti. Il a été condamné cinq fois à la prison à vie. Nous, une seule fois. J'ai été vingt-​​six ans en prison. Je sais ce que c'est que d'être seul dans une cellule, isolé. Je sais ce que c'est que d'être arrêté, de ne pas avoir de journaux, de ne pas pouvoir voir sa famille, de n'avoir pour seules visites que celles de ceux qui vont vous inter­roger. Après chaque inter­ro­ga­toire, je ne pensais qu'à la mort. Mais en même temps, j'ai appris à gérer ma peur. Je me suis souvenu que je n'étais pas seul en prison. Ça a été une bataille. J'ai réalisé que j'avais des res­pon­sa­bi­lités vis-​​à-​​vis de mes cama­rades de l'ANC et de la lutte. Je pensais à mes cama­rades détenus. Cer­tains étaient tor­turés à mort. Malgré cela, nous avons gagné. De la même manière, les Pales­ti­niens luttent. Un jour, avec la soli­darité du monde entier, ils gagneront.

Le leader pales­tinien au cœur de la fête de l'Humanité. Marwan Bar­ghouti est le chef pour la Cis­jor­danie du Fatah, le parti de Yasser Arafat, et il est détenu depuis avril 2002 dans les geôles israé­liennes. Il est l'invité d'honneur de cette édition de la Fête de l'Humanité qui sera un point d'orgue du lan­cement de la cam­pagne inter­na­tionale pour sa libé­ration et celle des mil­liers d'autres pri­son­niers pales­ti­niens. Sa femme, avocate, Fatwa Bar­ghouti, portera sa voix lors de la Fête.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

Trending Articles