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François Hol­lande en Israël et Palestine, «équi­libre » entre l'occupant et l'occupé

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« A Jéru­salem, François Hol­lande se prépare à un nouvel exercice d'équilibrisme ». Tel est le titre d'un article du Monde de Ben­jamin Barthe et David Revault d'Allonnes, écrit à la veille du voyage du pré­sident de la Répu­blique en Israël et en Palestine (du 17 au 19 novembre). Aucune phrase ne pourrait mieux résumer la poli­tique fran­çaise sur le conflit israélo-​​palestinien. Mais il fau­drait pré­ciser, et l'article ne le fait pas, que la France main­tient un «équi­libre » entre une puis­sance occu­pante et un peuple sous occu­pation. Car le conflit israélo-​​palestinien se résume ainsi, malgré toutes les ten­ta­tives de nous faire croire que l'on assiste à des négo­cia­tions égales entre deux par­te­naires égaux (lire « Un pro­cessus de paix “vital” pour… Israël »).

« Voilà, écrivent les deux jour­na­listes, un dépla­cement pendant lequel l'obsession hol­lan­daise de l'équilibre poli­tique va pouvoir se déployer dans les grandes lar­geurs. (…) A l'Elysée, on a d'ores et déjà prévenu : “On ne cassera pas la baraque. Le message de base, c'est la constance de nos posi­tions. Il n'y a pas de sur­prise à attendre”, explique un col­la­bo­rateur de M. Hol­lande, qui décon­seille de se livrer “au petit jeu de savoir si le chef d'Etat est pro-​​israélien ou pro-​​palestinien”. Celui qui s'y essaierait, de fait, en sor­tirait perdant. » Ima­ginons un moment un pré­sident de la Répu­blique français affirmant sa position équi­librée entre le gou­ver­nement sud-​​africain et le Congrès national africain (ANC) durant la période de l'apartheid (il est vrai que, du temps de la droite, Paris sou­tenait le régime segrégationniste).

« Le souci de l'équilibre est sen­sible jusque dans la com­po­sition de la délé­gation qui, outre six ministres, compte un nombre à peu près équi­valent de per­son­na­lités iden­ti­fiées à l'un et à l'autre camp. “C'est extrê­mement subtil, glisse un ministre. Il faut équi­librer les choses. Pales­ti­niens et Israé­liens consi­dèrent le gou­ver­nement français comme l'un de leurs amis. Et pas parce qu'on a des posi­tions ambiguës”. » Ah bon ? et pourquoi alors ? La France défend l'idée de deux Etats mais, en même temps, accepte de facto la colo­ni­sation qu'elle condamne du bout des lèvres, tout en pour­suivant sa col­la­bo­ration avec Israël comme si l'occupation (et la colo­ni­sation) n'avait pas lieu. Sans parler du fait qu'elle peut rapa­trier une de ses diplo­mates cou­pable d'avoir aidé des Pales­ti­niens dont les maisons avaient été détruites (lire « Quand Paris se couche », Le Monde diplo­ma­tique, novembre 2013).

(…) « En face de M. Néta­nyahou, le pré­sident devrait donc réaf­firmer l'opposition de la France à la colo­ni­sation, “en insistant sur la nécessité de négocier pour de vrai”, précise l'un de ses conseillers. »

Mais n'est-ce pas ce que Paris rap­pelle régu­liè­rement, reli­gieu­sement depuis des années, sans le moindre résultat ? Et pourquoi y-​​aurait-​​il un résultat, puisque la France refuse toute mesure sérieuse pour sanc­tionner les vio­la­tions per­ma­nentes d'Israël au droit international.

« A M. Abbas, il devrait redire son atta­chement aux para­mètres de règlement du conflit, com­mu­nément admis au sein de l'Union euro­péenne — deux Etats pour deux peuples, basés sur la ligne de 1967 avec des échanges de terre, Jéru­salem comme capitale des deux Etats et une solution juste et réa­liste au pro­blème des réfugiés —, tout en sou­li­gnant l'importance “de rester dans la négo­ciation”, relancée en juillet. » C'est-à-dire de rester dans la négo­ciation malgré la colonisation.

Et les jour­na­listes de conclure que, lors d'une visite la semaine pré­cé­dente, le secré­taire d'Etat amé­ricain John Kerry, « avait mis en garde l'Etat juif contre le déclen­chement d'une nou­velle Intifada et un iso­lement croissant sur la scène internationale.

Un coup de sang fort peu diplo­ma­tique, qui n'impressionne pas le très tem­pérant François Hol­lande. “On est dans une logique dif­fé­rente de Kerry, sou­ligne un membre de son entourage. C'est une visite d'Etat solen­nelle, pro­ba­blement la seule du quin­quennat. On ne va pas jeter un pétard au milieu des dis­cus­sions israélo-​​palestiniennes. On veut peser positivement.”»

Paradoxe, comme sur le dossier iranien, la France se retrouve à droite des Etats-​​Unis [1] !

Posi­ti­vement ? Le cal­vaire des Pales­ti­niens se poursuit dans une indif­fé­rence générale. Nombre de Pales­ti­niens de Syrie ont dû fuir avec l'extension des combats, un exode qui rap­pelle celui des 400000 Pales­ti­niens du Koweït expulsés par l'émirat en 1991 et le lan­cinant pro­blème de ces mil­lions d'apatrides. A Gaza, le blocus se poursuit dans l'indifférence générale, et Le Figaro rap­porte — ils ne sont pas beaucoup à le faire —, que la bande est plongée dans le noir du fait de la fer­meture de son unique cen­trale élec­trique (Cyrille Louis, « Gaza plongée dans le noir », 14 novembre). En Cis­jor­danie, la colo­ni­sation se poursuit inexo­ra­blement, même si le gou­ver­nement israélien a dû annuler un projet de construction de mil­liers de loge­ments ; le reste des projets se poursuit. Il existe plus de 550000 colons en Cis­jor­danie et à Jérusalem-​​Est : qui peut croire qu'un gou­ver­nement israélien rapa­triera ne serait-​​ce qu'un tiers d'entre eux ? Et pourtant, Paris et l'Union euro­péenne (UE) ont fait pression sur l'Organisation de libé­ration de la Palestine (OLP) pour qu'elle reprenne les négo­cia­tions avec Israël sans exiger d'abord l'arrêt de la colonisation.

Cette « faillite de l'Union euro­péenne en Palestine » sou­lignée dans Le Monde diplo­ma­tique de novembre, est aussi rap­pelée par deux livres récents dont rend compte Alexis Varende sur OrientXXI.

Il fut un temps où la France et l'Union euro­péenne jouaient un rôle, pesaient sur les débats. Ce sont eux qui ont imposé que l'OLP soit consi­dérée comme le repré­sentant des Pales­ti­niens ; que le droit à l'autodétermination des Pales­ti­niens soit reconnu (lire « Venise, trente ans après…».). Mais, depuis les accords d'Oslo, l'Union euro­péenne est à la traîne des Etats-​​Unis. Pire, l'UE a fait d'Israël un quasi membre, lui accordant des pri­vi­lèges exor­bi­tants (« L'Union euro­péenne capitule devant Israël »).

La négo­ciation se poursuit donc entre deux parties de forces inégales, entre un occupant et un occupé. Qui peut croire un seul instant que le gou­ver­nement israélien, le plus à droite de l'histoire, acceptera de céder sans pres­sions inter­na­tio­nales signi­fi­ca­tives, sans sanc­tions ? Ce serait l'honneur de la France de le rap­peler et de prendre des mesures en conséquence.


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