
Le Centre Pompidou de Metz affiche à l'attention de ses visiteurs un « avertissement » rédigé par un énigmatique « CRIF-Moselle » dans la salle consacrée à des œuvres traitant de la Palestine au sein de l'exposition « Après la fin – Cartes pour un autre avenir » programmée jusqu'au premier septembre. Cet avertissement partisan oriente la libre perception des œuvres et impose une lecture biaisée pro-israélienne. Outre qu'il est illégitime, il va sans dire que cet affichage s'est fait sans consultation des artistes exposés. Qu'est-ce qui autorise l'affichage du point de vue du CRIF-Moselle sur les œuvres de la Palestinienne Ahlam Shibli et de la Franco-israélienne Ariella Aîsha Azoulay : le CRIF ne fait pas autorité en matière d'art !
Mercredi 2 avril, les Groupes locaux de l'AFPS de Metz et Thionville ont adresséà la direction du Centre Pompidou Metz une demande motivée de retrait de l'avis intempestif. Par le truchement de la LDH Metz, l'affaire a été portée à la connaissance de l'Observatoire de la liberté de création. Parallèlement, la presse locale a été informée, de même que la DRAC Grand Est. Bien sûr les artistes ont décidé de protester officiellement auprès du musée. Dix jours plus tard les courriers des Groupes locaux de l'AFPS de Metz et Thionville restent sans suite.
Comme le précise le courrier du Groupe local de l'AFPS : «Que le CRIF-Moselle donne son opinion sur un sujet quelconque n'est en rien contestable. Mais il n'est cependant pas acceptable que Pompidou Metz héberge cette opinion, qu'il lui accorde le bénéfice de son public et lui tienne lieu de tribune. L'avertissement du CRIF-Moselle entend rétablir une réalité historique altérée par un art qui la violenterait. Or, en guise de réalité, le CRIF-Moselle livre la version israélienne de la colonisation de la Palestine, c'est ce qu'on nomme aujourd'hui pudiquement une vérité alternative. Dans ce communiqué tout est affaire de mots qu'on emploie ou qu'on ignore, de faits qu'on oublie, de réalité qu'on retourne, [...] d'effacement des traces de la présence palestinienne dans le paysage comme dans la dénomination des lieux en Israël. [...]
Parce qu'il revient à l'institution muséale d'exposer les œuvres de l'artiste dans un souci de bienveillance et qu'il lui incombe aussi de protéger son public de tout biais orientant indûment la perception de l'œuvre, Pompidou Metz doit retirer un avis qui n'a pas sa place dans l'exposition qu'il présente. Il est ici question de déontologie.
Il en va aussi de la liberté d'expression artistique. A bien y réfléchir, pourquoi le CRIF-Moselle s'arrêterait-il en si bon chemin ? Rien n'interdit de penser que, autorisé aujourd'hui à afficher son avis sur les œuvres, il ne sera pas ultérieurement tenté de pousser son avantage et de jouer de son influence pour donner son avis sur le choix des œuvres, voire le dicter. Il est ici question de démocratie. »
Le Centre Pompidou Metz doit impérativement retirer l'avertissement problématique.
Le message du CRIF-Moselle placardé dans le Centre Pompidour Metz
Photo : Centre Pompidour Metz © FrDr