Quantcast
Channel: Association France Palestine Solidarité
Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

La crise énergétique transforme Gaza en décharge à ciel ouvert

$
0
0
JPEG - 155.7 ko
Déchets et égouts à ciel ouvert, les enfants de Gaza jouent dans un espace malsain. Le blocus israélien et la fer­meture des tunnels de contre­bande ont créé une forte pénurie de car­burant, immo­bi­lisant les éboueurs et entraînant l'arrêt de l'unique cen­trale élec­trique du ter­ri­toire pales­tinien. Marco Longari/​AFP

Un enfant de dix ans mène sa char­rette, tirée par un âne, entre les ordures qui s'amoncellent dans les rues de Gaza. Le ter­ri­toire pales­tinien en est revenu à la traction animale pour sup­pléer les véhi­cules des éboueurs immo­bi­lisés par la pénurie de car­burant. Le garçon, Ala', pieds nus, aide son père, Mahmoud Abou Jabal, 55 ans, à col­lecter les détritus dans ce quartier huppé de Gaza, où son attelage était jusqu'alors indésirable.

« Au début, nous ramas­sions les ordures autour de l'hôpital ach-​​Chifa, mais à présent, nous le faisons aussi devant les maisons et les magasins », explique le père, pour qui cette pénurie repré­sente une aubaine. « Ils nous payent 700 shekels (140 euros) par mois, ce n'est pas assez pour répondre à nos besoins, mais c'est mieux que rien, raconte Mahmoud Abou Jabal. Je dois nourrir mes 12 enfants et l'âne. »

Le Bureau de coor­di­nation des affaires huma­ni­taires de l'ONU (OCHA) a mis en garde contre les consé­quences du taris­sement du trafic de car­burant égyptien par les tunnels de contre­bande sous la fron­tière avec la bande de Gaza, tombé d'environ un million de litres par jour en juin à10000 ou 20000 litres par semaine actuel­lement. Cette pénurie, due à la démo­lition de cen­taines de tunnels par l'armée égyp­tienne, à la suite de la des­ti­tution du pré­sident isla­miste Mohammad Morsi, a entraîné l'arrêt le 1er novembre de l'unique cen­trale élec­trique de Gaza, où les cou­pures de courant atteignent désormais 16 heures par jour. « Le secteur le plus touché est celui de l'eau et de l'hygiène », précise l'OCHA, sou­li­gnant que l'une des prin­ci­pales sta­tions de trai­tement des eaux de Gaza a cessé de fonc­tionner le 13 novembre, et plus de 35000 m3 d'eaux d'égout ont débordé dans les rues d'un quartier de la ville.

Le coor­di­nateur de l'ONU pour le pro­cessus de paix au Moyen-​​Orient, Robert Serry, qui s'est rendu sur place hier, a néan­moins annoncé le pro­chain redé­marrage de cette station grâce à l'achat, financé par la Turquie, de plus de 800000 litres de car­burant, selon l'OCHA. « Grâce à une donation de la Turquie, cette station a main­tenant reçu le car­burant néces­saire pour continuer à fonc­tionner », a déclaré M. Serry, pré­cisant que la livraison, via Israël, avait com­mencé hier. « Cela ne résout pas la pénurie mais fournit un filet de sécurité, pour, nous l'espérons, les deux à trois pro­chains mois, aux infra­struc­tures cri­tiques à Gaza », a-​​t-​​il ajouté. Robert Turner, directeur à Gaza de l'Unrwa, a confirmé la nou­velle, indi­quant qu'Ankara a versé850000 dollars qui per­met­tront d'assurer leur fonc­tion­nement pendant quatre mois. La somme a été trans­férée à l'Autorité pales­ti­nienne qui a reversé200000 dollars à l'antenne gazaouie de l'Unrwa, a-​​t-​​il précisé, parlant d'un « sou­la­gement » qui ne mettra tou­tefois pas fin à la crise.

Les déchets dans la cour de récré…

Le ministre des Muni­ci­pa­lités du gou­ver­nement du Hamas, Mohammad al-​​Farra, a annoncé dimanche l'arrêt, faute de car­burant, du ramassage des ordures par les véhi­cules des éboueurs, qui col­lec­taient 1700 tonnes par jour. Les auto­rités ont retenu une partie des salaires de leurs fonc­tion­naires pour « employer 430 véhi­cules à traction animale », a-​​t-​​il indiqué, insistant sur les risques sani­taires. Le directeur général de la santé et de l'environnement de la muni­ci­palité de Gaza, Abder­rahim Abou al-​​Qoumbaz, s'alarme du fait que « des cen­taines de mil­liers de tonnes de déchets s'entassent main­tenant dans les rues de Gaza, attirant des nuées de mouches comme on n'en a jamais vu ». Une ins­ti­tu­trice, Rim Abou Safia, doit empêcher ses élèves de s'approcher des déchets qui s'entassent près de son école « par crainte des maladies ».

En outre, le blocus israélien, qui affecte l'approvisionnement en pièces de rechange de maté­riaux de construction, menace la capacité des muni­ci­pa­lités à entre­tenir les géné­ra­teurs, de plus en plus sol­li­cités depuis l'arrêt de la cen­trale, explique l'ONU.

« Nous sup­portons la pression du travail, aussi forte soit-​​elle, pour pouvoir vivre », soupire Mohammad Taramsa, 21 ans, du camp de réfugiés de Chati, qui nourrit son âne avec les légumes trouvés dans les ordures, pendant que le contenu de sa char­rette est vidé dans un grand conteneur à côté d'une école.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

Trending Articles