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Empoisonnement d'Arafat : les Suisses persistent et signent

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Le pro­fesseur François Bochud (à gauche), directeur de l'Institut radio­phy­sique de Lau­sanne, et le pro­fesseur Patrice Mangin, directeur du Centre de médecine légale de Lau­sanne, pré­sentent leur rapport sur les causes de la mort de Yasser Arafat, le 7 novembre à Lau­sanne. © Laurent Gil­lieron /​ Sipa

Les scien­ti­fiques suisses ne sont pas d'accord avec leurs col­lègues français et tiennent à le faire savoir. L'équipe d'experts de l'Institut de radio­phy­sique de Lau­sanne, dont les conclu­sions sur un pos­sible empoi­son­nement de Yasser Arafat ont été contre­dites mardi par des experts français, répète que l'on peut "rai­son­na­blement sou­tenir la thèse d'un empoi­son­nement" du raïs pales­tinien au polonium-​​210, une sub­stance radio­active invi­sible hau­tement toxique. Interrogé par la Radio télé­vision suisse (RTS), le pro­fesseur Patrice Mangin, directeur du Centre uni­ver­si­taire romand de médecine légale, qui a dirigé l'expertise suisse, se dit "surpris par les expli­ca­tions" fournies par les scien­ti­fiques français.

Les équipes suisses et fran­çaises, man­datées res­pec­ti­vement par l'Autorité pales­ti­nienne et le parquet de Nan­terre, ont pu ana­lyser des échan­tillons pré­levés sur la dépouille de l'ancien diri­geant pales­tinien, exhumée le 27 novembre 2012. Un an plus tard, ils arrivent au même résultat : le corps de Yasser Arafat contient bien un taux de polonium-​​210 supé­rieur à la moyenne. D'après les Suisses, les quan­tités de polonium-​​210 mesurées seraient même jusqu'à20 fois supé­rieures à la normale.

"Absence de diagnostic précis"

Mais là où le labo­ra­toire de Lau­sanne évoque la thèse d'un empoi­son­nement, l'équipe fran­çaise attribue la pré­sence du gaz toxique à une "origine envi­ron­ne­mentale natu­relle", à savoir l'existence d'un gaz radio­actif naturel, le radon, dans la tombe du défunt. Ainsi, les Français vont dans le sens d'une "mort natu­relle", même si, à la dif­fé­rence du rapport suisse, le document français n'est pas dis­po­nible dans son inté­gralité. Une conclusion que le pro­fesseur Patrice Mangin trouve pour le moins "étrange" et dit "ne pas com­prendre", d'autant plus que les scien­ti­fiques français ne dis­posent pas de diag­nostic précis.

À la mort du raïs en 2004, "les plus grands experts de la place de Paris se sont penchés sur son sort et aucune cause n'a étéétablie", rap­pelle le directeur du Centre uni­ver­si­taire romand de médecine légale. "L'hypothèse de l'infection a été, semble-​​t-​​il, celle qui a été le plus faci­lement écartée. Il n'y avait pas de fièvre, pas de syn­drome infec­tieux et toutes les inves­ti­ga­tions micro­bio­lo­giques se sont révélées néga­tives." Et le scien­ti­fique de s'interroger sur les nom­breuses zones d'ombre qui entourent l'affaire, comme l'absence d'autopsie du corps ou la des­truction des échan­tillons pré­levés à l'époque par l'Institut de recherche dépendant de l'armée.

"Pas de certitude"

Autre per­sonne à s'étonner des conclu­sions fran­çaises, la veuve du raïs, Souha Arafat, qui s'est dite mer­credi "convaincue" que son mari "n'est pas décédé de mort natu­relle". S'estimant "choquée" que le rapport médical français qui lui a été transmis "se résume à4 pages", contre 108 pour le document suisse, la veuve du raïs pales­tinien a demandé, par la voix de son avocat, que l'expertise du labo­ra­toire de Lau­sanne soit versée à la pro­cédure fran­çaise afin d'apporter une conclusion "homogène". Quant à l'équipe russe, la troi­sième à avoir analysé les échan­tillons de la dépouille du raïs, elle a conclu à l'impossibilité de déter­miner si le polonium est bien la cause du décès de Yasser Arafat.

"On va rester dans le doute", prédit Patrice Mangin. L'équipe de l'Institut de radio­phy­sique de Lau­sanne reste tou­tefois très pru­dente sur la thèse d'un empoi­son­nement. "Nous avons sim­plement évoqué une hypo­thèse, mais nous n'avons pas d'élément de cer­titude", rap­pelle le scien­ti­fique. Interrogé par le jour­na­liste Darius Rochebin sur les moyens de se pro­curer du polonium, Patrice Mangin rap­pelle néan­moins qu'il est "dif­ficile" d'en obtenir. "Pour fabriquer du polonium, il faut dis­poser d'un réacteur, et ce sont les État qui maî­trisent ce genre de chimie", souligne-​​t-​​il.

Publié par Le Point


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