Quantcast
Channel: Association France Palestine Solidarité
Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

Un retour des colons au coeur de Hébron hante les habitants palestiniens

$
0
0

Une dizaine de Pales­ti­niens ont saisi la Cour suprême israé­lienne en affirmant que le bâtiment de trois étages leur appartenait.

Jets de bou­teilles rem­plies d'urine, agres­sions contre des enfants… L'idée que des colons juifs radicaux expulsés de la Vieille ville de Hébron puissent revenir bientôt inquiète leurs voisins palestiniens.

L'an dernier, le ministère israélien de la Défense avait ordonné l'expulsion de 15 colons, au grand sou­la­gement de la popu­lation pales­ti­nienne de la plus grande ville de Cis­jor­danie occupée, où vivent quelque 190.000 Pales­ti­niens dans un climat de tension per­ma­nente avec près de 700 colons juifs ins­tallés dans une enclave au coeur de la cité. Les colons en question habi­taient une maison près du Caveau des Patriarches ou mosquée d'Ibrahim, un lieu saint vénéré par les juifs et les musulmans, dans l'enclave dite "zone H2" qui est sous la pro­tection de mil­liers de soldats israéliens.

Mais en sep­tembre dernier, après la mort d'un soldat israélien tué par un tireur pales­tinien à Hébron, le Premier ministre Ben­jamin Neta­nyahu a affirmé vouloir per­mettre à ces colons de s'installer à nouveau dans la "maison d'Abou Rajab", comme l'appellent les Pales­ti­niens, ou "maison de Machpela" pour les Israé­liens. Une dizaine de Pales­ti­niens ont saisi la Cour suprême israé­lienne en affirmant que ce bâtiment de trois étages leur appartenait.

Devant les juges, le repré­sentant du gou­ver­nement a dû admettre que la décla­ration d'intention du Premier ministre n'avait pas un caractère "officiel" et que la maison ne serait pas occupée par des colons tant que son statut ne serait pas réglé par la justice. Le porte-​​parole des colons, David Wilder, a fait valoir que ce bâtiment et une autre maison contestée avaient été acquis léga­lement "via un agent chargé d'acheter pour la com­mu­nauté juive". La vente de biens en ter­ri­toires occupés à des colons israé­liens étant consi­dérée par les Pales­ti­niens comme une tra­hison, de telles tran­sac­tions sont souvent menées en secret ou via des inter­mé­diaires, aug­mentant le risque de différend.

Les colons affirment pos­séder les deux étages supé­rieurs, qui sont en consé­quence sous la garde d'Israël. Les habi­tants pales­ti­niens désormais confinés au rez-​​de-​​chaussée craignent qu'un retour des colons ne ramène aussi les vio­lences passées. La décla­ration de Neta­nyahu "était une pure ven­geance", estime Hatem Abou Rajab, 26 ans, qui vit là avec sept membres de sa famille. "Mais ils ont des armes et nous n'en avons pas. Que pouvons-​​nous faire ? Les colons conti­nuent à venir ici régu­liè­rement pour essayer de rentrer dans le bâtiment ou sim­plement pour nous insulter".

'Maison de la paix' La direc­trice de l'école de filles voisine, Ibtissam al-​​Joundi, se sou­vient des pierres et des insultes visant ses élèves lorsque les colons occu­paient la maison. Mais même sans eux, la réalité reste dure dans le secteur sous contrôle israélien, où ensei­gnants et élèves "sont régu­liè­rement fouillés, ce qui double parfois leur temps de trajet" jusqu'à l'école, souligne-​​t-​​elle. "Les enfants sont habitués, ils ont connu cela toute leur vie", ajoute-​​t-​​elle.

A quelques minutes à pied se trouve une deuxième maison dont l'armée a expulsé les habi­tants juifs, connue des Pales­ti­niens sous le nom de maison Rajabi, iro­ni­quement bap­tisée par les colons qui l'occupaient "Beit Shalom" (Maison de la paix). La Cour suprême doit se pro­noncer d'ici quelques mois sur le conflit de pro­priété autour de cette maison de quatre étages. Un verdict en faveur des colons est attendu.

"Les colons nous agres­saient phy­si­quement, y compris en nous jetant des bou­teilles pleines d'urine, à nous et nos enfants", raconte Bassem al-​​Jabari, un cor­donnier pales­tinien qui vit en face. "Ils ont même empoi­sonné mon cheval". M. Wilder a rejeté toute res­pon­sa­bilité des colons, accusant des Israé­liens venus "d'ailleurs que Hébron" d'être der­rière les vio­lences, et assurant à l'AFP que les colons d'hébron n'ont pas pour poli­tique d'attaquer les habi­tants arabes.

Assurant l'avoir acheté léga­lement, des colons avaient pris pos­session du bâtiment en 2007, mais ils en ont été expulsés par les troupes israé­liennes l'année sui­vante, après une semaine de vio­lences. Aujourd'hui, deux larges dra­peaux israé­liens pendent encore sur les façades, mais la maison est vide, les fenêtres cassées, les portes bar­ri­cadées et des bar­belés sont enroulés autour des balcons Des soldats occupent un bunker en béton sur le toit en pré­vision d'un incident tou­jours possible.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 26548

Trending Articles