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Mort de Ariel Sharon, le héros des colons

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L'ancien Premier ministre israélien, Ariel Sharon est décédé après huit ans de coma le 11 janvier. Per­sonnage poli­tique très contro­versé, il a été le héraut de la colo­ni­sation et le fos­soyeur de la paix avec les Palestiniens.

Âgé de 85 ans, Ariel Sharon est décédé. L'ancien premier ministre israélien avait été ter­rassé par une attaque céré­brale, le 4 janvier 2006 et était plongé depuis dans un coma profond.

Un personnage controversé

Ancien général, pilier de la droite israé­lienne, Ariel Sharon est un per­sonnage contro­versé. Il s'est taillé la répu­tation d'un homme qui « ne s'arrête pas au feu rouge » et ce n'est pas seulement son phy­sique imposant qui lui a valu le surnom de « bull­dozer ». Né en Palestine en 1928 de parents ori­gi­naires de Bié­lo­russie, il a grandi dans un petit village, dans un climat austère, marqué par le conflit avec les voisins. Lors de sa car­rière dans l'armée, où il s'est engagéà17 ans et a été deux fois blessé, il a montré un goût pro­noncé pour les méthodes expéditives.

Tantôt loué pour ses prouesses mili­taires, tantôt honni pour sa bru­talité envers les Pales­ti­niens, à la tête de l'unité101 des com­mandos, puis des unités para­chu­tistes, il lance des opé­ra­tions puni­tives, dont la plus san­glante se soldera en 1953 par la mort d'une soixan­taine de civils dans le village pales­tinien de Kibya.

Durant la guerre d'octobre 1973, il prouve ses capa­cités mili­taires en fran­chissant le canal de Suez et en encer­clant l'armée égyp­tienne par une manœuvre audacieuse.

Ses ennuis com­mencent en 1982. En tant que ministre de la défense, il prépare et conduit l'invasion du Liban. Une com­mission d'enquête offi­cielle conclura à sa res­pon­sa­bilité pour n'avoir ni prévu ni empêché les mas­sacres des camps de réfugiés pales­ti­niens de Sabra et Chatila, per­pétrés par une milice chré­tienne, alliée d'Israël. Désavoué par le premier ministre Menahem Begin, il est contraint à la démission. Une Com­mission indé­pen­dante menée par le prix Nobel de la paix Sean Mc Bride considère Israël comme « direc­tement res­pon­sable du mas­sacre du fait de sa position d'occupant ».

Ariel Sharon revient sur le devant de la scène en tant que ministre de la construction et du logement en 1992. Une fonction qui lui va comme un gant. À ce poste, il devient le héraut de la colo­ni­sation israé­lienne des Ter­ri­toires pales­ti­niens, lance de vastes projets pour de nou­velles construc­tions avec comme slogan : « allez colo­niser nos col­lines ». Il s'assure le soutien indé­fec­tible de la droite natio­na­liste et des orga­ni­sa­tions de colons.

Pourtant, il se met à dos une partie d'entre eux en décidant, en août 2005, le retrait mili­taire israélien uni­la­térale de la bande de Gaza et le déman­tè­lement des colonies ins­tallées dans cette région.

Le héraut de la colonisation

Pour lui, quitter Gaza lui permet de mieux occuper la Cis­jor­danie. C'est ce qu'explique Dov Weis­glass, son conseiller, dans une interview au quo­tidien Haaretz. « Ariel Sharon a décidé de rendre Gaza, qu'il n'a jamais considéré comme d'« intérêt national », afin de sauver les colonies de Cis­jor­danie, et, plus important encore, d'empêcher tout accord négocié avec les Palestiniens.

Ce que nous avons fait vise à geler le pro­cessus de négo­ciation. Et, en gelant le pro­cessus de négo­ciation, vous empêchez la création d'un État pales­tinien et vous empêchez la dis­cussion sur la question des réfugiés. (…) Le désen­ga­gement com­porte la bonne dose de formol néces­saire pour qu'il n'y ait pas de pro­cessus de négo­ciation avec les Pales­ti­niens ». Ariel Sharon a tou­jours pro­clamé son oppo­sition aux Accords d'Oslo, signés en 1993 entre Israé­liens et Pales­ti­niens avec un objectif de réso­lution du conflit.

En sep­tembre 2000, alors que les son­dages donnent le premier ministre Ehoud Barak en perte de vitesse pour les élec­tions légis­la­tives, Ariel Sharon, chef de l'opposition, orchestre une visite sur l'esplanade des mos­quées à Jéru­salem, lieu cris­tal­lisant les pas­sions reli­gieuses juives et musulmanes.

Le fossoyeur des accords d'Oslo

Portant un gilet pare-​​balles sous sa veste, accom­pagné de cinq députés du Likoud et de son fils Gilad, il ne restera que quarante-​​cinq minutes, mais ce sera suf­fisant pour déclencher la colère des Pales­ti­niens et un nouveau cycle de vio­lences qui débou­chera sur la seconde Intifada. Six mois plus tard, il devient premier ministre et sera réélu en 2003. Entre-​​temps, le 29 mars 2002, il lance l'« opé­ration Rempart » et réoccupe la plupart des villes de Cisjordanie.

Son objectif est aussi de neu­tra­liser Yasser Arafat. Il s'y applique en lançant ses chars à Ramallah contre la Mou­kataa dans laquelle vit le pré­sident de l'Autorité pales­ti­nienne. Celui-​​ci est encerclé, le siège dure jusqu'à ce que le vieux leader, malade, soit autoriséà partir pour la France où, hos­pi­talisé, il mourra le 11 novembre 2004.

Au len­demain de l'attaque cérébral d'Ariel Sharon en janvier 2006, l'écrivain israélien David Grossman écrivait dans le quo­tidien bri­tan­nique, The Guardian, ces mots : « Curieu­sement cet homme cou­rageux, brave et cor­rompu (notamment quant à au finan­cement de ses cam­pagnes élec­to­rales, NDLR)… qui a ignoré les limites quelles qu'elles soient, inter­na­tio­nales ou légales…, est devenu une « sorte de figure pater­nelle que les Israé­liens sont prêts à suivre, les yeux fermés »…« Faisant fi de leur droit de savoir, les Israé­liens ont préféré mettre leur avenir entre les mains de Sharon, quitte à sus­pendre leur jugement per­sonnel et leur droit à recevoir l'information et à cri­tiquer la poli­tique de leur pays. La majorité des Israé­liens a dit à Sharon : « on vous fait confiance pour faire ce qui est bien pour nous, et on ne veut surtout pas en connaître les détails ».


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