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Si Gaza était une femme

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Marwa Abu­laban, Assia Kilani, Jamila al-​​Abash, Imane Sourani et Madleen Kolab ont un point commun : elles sont Pales­ti­niennes et vivent à Gaza, une région sous blocus israélien depuis sept ans. Située sur le lit­toral de la mer Médi­ter­ranée, aux fron­tières com­munes avec Israël au nord et à l'Égypte au sud, la bande de Gaza abrite actuel­lement quelque 1,7 million d'habitants. Et de ceux-​​là, une grande partie sont des femmes. Des femmes méconnues dont on vous dévoile quelques visages…

« Quand on parle de la femme de Gaza, beaucoup ima­ginent qu'elle est can­tonnée à la cuisine ou à la bro­derie. C'est triste et c'est très éloigné de notre réalité», sou­ligne Imane Sourani, une Gazaouie de 24 ans qui a pu étudier la lit­té­rature anglaise sans aucune contrainte fami­liale. Son entourage, assure-​​t-​​elle, l'a au contraire vivement encou­ragée à pour­suivre ses études.

« J'ai six sœurs et un frère. Mes sœurs et moi avons toutes eu la pos­si­bilité de faire des études. Cer­taines exercent aujourd'hui des métiers dans l'éducation, le droit ou le jour­na­lisme. Nous avons toutes eu le droit de choisir nos études et notre métier. »

Contrai­rement aux idées reçues qui veulent que les femmes orien­tales aient moins de pos­si­bi­lités que les hommes, en termes d'études, la réalité d'Imane est cou­rante à Gaza, où la priorité est donnée à l'éducation pour tous, hommes et femmes confondus.

« Les études, c'est l'accomplissement d'un rêve que j'ai depuis que je suis toute petite. L'apprentissage de la langue fran­çaise a été ma fenêtre sur le monde », nous explique Marwa Abu­laban, une jeune Pales­ti­nienne de 22 ans. Lorsqu'elle aura terminé son bac­ca­lauréat en langue fran­çaise, elle sou­haite quitter Gaza… pour mieux y revenir ensuite. Son objectif : devenir jour­na­liste radio et continuer d'apprendre le français afin de le trans­mettre aux nou­velles générations.

Ces nou­velles géné­ra­tions, Assia Kilani y pense tous les jours, en tant que direc­trice du Centre édu­catif et de per­fec­tion­nement de Beit Lahia, situé au nord de Gaza et créé après l'opération Plomb durci, sur­venue en 2008-​​2009.

« Le Centre a vu le jour lorsque nous nous sommes rendu compte que le niveau sco­laire avait chuté après la guerre. Nous vou­lions donner une chance à des femmes pauvres d'accéder à l'éducation, d'être diplômées et de trouver un travail. »

Si l'éducation reste le meilleur moyen d'aller de l'avant, encore faut-​​il que des occa­sions pro­fes­sion­nelles s'offrent ensuite à ces jeunes diplômées. Selon le gou­ver­nement pales­tinien, le taux de chômage s'élevait, fin 2013, à43% dans la bande de Gaza.

La situation éco­no­mique dif­ficile, aggravée par le blocus, res­treint de plus en plus les pers­pec­tives des femmes gazaouies. Les cou­pures d'électricité, le manque d'eau, les pénuries de car­burant et les res­tric­tions de passage pour voyager sont autant d'obstacles aux­quels les femmes font face au quotidien.

«À Gaza, la femme repré­sente l'amour et la joie, elle par­ticipe à nous faire oublier le chagrin et la douleur. » – Marwa Abu­laban, étu­diante pales­ti­nienne, à propos des femmes qu'elle compare à« la lumière » de Gaza

Outre l'éducation, il y a un autre domaine où les femmes gazaouies sont de plus en plus nom­breuses : les médias.

Pour Jamila al-​​Abash, devenue tétra­plé­gique à la suite du bom­bar­dement de sa maison, la trans­mission de l'information est indis­pen­sable à Gaza. Son but : « trans­mettre avec pré­cision la réalité du terrain » et cor­riger les erreurs de faits des autres médias.

Le blocus imposé par Israël et par l'Égypte depuis sept ans conduit iné­luc­ta­blement au chaos éco­no­mique dans la ville. Malgré tout, les femmes, vic­times de premier plan de la guerre, conti­nuent de vivre et de s'occuper de leur famille. Pour Marwa Abu­laban, les femmes sont les véri­tables piliers de la société gazaouie. «À Gaza, la femme repré­sente l'amour et la joie, elle par­ticipe à nous faire oublier le chagrin et la douleur. Lorsque l'électricité est coupée et que les nuits sont sombres, elle est la lumière de nos maisons. » Des lumières qui éclairent les cœurs et portent l'espoir d'un avenir meilleur.

La jeune femme et la mer

Madleen Kolab est la pre­mière femme de Gaza à exercer un métier tra­di­tion­nel­lement réservé aux hommes : la pêche. Ce corps à corps quo­tidien avec la mer, Madleen le fait au péril de sa vie. Por­trait de cette pion­nière qui va à contre-​​courant.

Pourquoi ce métier ?

C'était le métier de mon père et celui de ses parents. Moi, je ne l'ai pas vraiment choisi : à13 ans, étant l'aînée de quatre enfants, j'ai dû aider mon père. Je n'ai pas décidé de faire ce métier, mais j'ai appris à l'aimer. C'est en quelque sorte un héritage familial.

N'est-ce pas dangereux d'être pêcheuse à Gaza ?

C'est très dif­ficile de pêcher, car le blocus israélien nous empêche d'accéder à nos eaux ter­ri­to­riales et à la haute mer. C'est là qu'il y a du poisson. Nous ne pouvons pas aller au-​​delà de quatre milles du lit­toral. Si on franchit cette limite, l'armée israé­lienne peut nous tirer dessus à balles réelles ou riposter par des bom­bar­de­ments. À cause de ces condi­tions, les pêcheurs de Gaza font partie des popu­la­tions les plus pauvres de la ville.

Es-​​tu fière d'être la première pêcheuse de Gaza ?

Je suis très contente d'être pêcheuse, je suis surtout heu­reuse de pouvoir venir en aide à ma famille par la pêche. J'étudie aussi au secon­daire et je sou­haite pour­suivre à l'université. Mon objectif est d'enseigner le sport et la pêche aux géné­ra­tions futures.

*** Gaza en chiffres

Por­trait de la popu­lation de la bande de Gaza, selon les données publiées par l'ONU en 2011.

Densité de population : 4279 personnes/​km2

Taux d'alphabétisation des 15-​​24 ans : 99%

1,7 million de per­sonnes vivent dans la bande de Gaza. La moitié d'entre elles ont moins de 18 ans.

Chômage : 43% de la popu­lation en âge de tra­vailler était au chômage en 2013, selon ONU.

Cette proportion atteint 47% chez les jeunes

54% des Gazaouis vivent dans une situation d'insécurité alimentaire.

Plus de 75% dépendent de l'aide internationale pour se nourrir.

Plus de 90% de l'eau pro­venant de l'aquifère de la bande de Gaza est non potable.


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